« On a
l’impression que ce qui sépara l’avis d’un antisémite de Bernard Lazare, c’est
simplement la proportion du rôle de certains juifs dans les ruptures
historiques de derniers siècles ».
Justement,
pour avoir écouté et lu quelques anti-juifs obsessionnels, ça fait une énorme
différence, je n’ai pas du tout l’impression que Lazare valide leurs propos à
quelque niveau que ce soit, bien au contraire, Lazare déconstruit leurs clichés
et idées reçues qui font des juifs ceci ou cela par essence, des êtres malfaisants
qui contrôlent le monde et des dominants à l’origine de tous les maux. Il dresse
un tableau d’une grande complexité qui balaye ces réflexes anti-juifs.
Il montre en
effet qu’il existe des tendances internes à la culture juive qui ont persisté indépendamment
des lieux et des époques et qui étaient à l’origine d’une hostilité anti-juive très diversifiées
qui l’amène à conclure que ses causes résident pour partie chez les juifs eux-mêmes.
Mais cela ne veut pas dire que cette hostilité envers les juifs au cours de l’histoire
était juste, les peuples au milieu desquels ils ont vécu ne sont pas des
créatures innocentes et pures que la perfidie juive a juste fait réagir un peu excessivement.
Et ça c’est précisément un des postulats de départ de nombreux anti-juifs.
Il y’a des
causes internes à cette haine qui a ciblé les juifs et elles entrent en synergie
avec des causes externes, notamment des pouvoirs politiques et religieux qui
étaient bien contents de manipuler et d’instrumentaliser les communautés juives
à leur profit et de les sacrifier lorsque le vent tournait. Oui les juifs
étaient un peuple à part et cette ghettoïsation précédait les différentes
législations qui les séparait des communautés nationales dans lesquels ils étaient installés mais les pouvoirs en
place étaient aussi bien content de les mettre à part pour pouvoir leur
déléguer certaines fonctions considérées alors socialement comme négatives. Comme
l’usure, pour ne prendre que cet exemple, qui était indispensable à la croissance
de sociétés en plein développement économique, de nombreux nobles et religieux
se servaient d’ailleurs de juifs comme homme de paille pour pratiquer l’usure
car la législation leur interdisait de le faire directement, et en cas de crise,
leurs mandataires et les pouvoirs politiques les abandonnaient voir attisaient
la colère de populations paupérisées contre eux pour se protéger, ce
qui menait à des violences délirantes et hystériques envers les juifs alors
que la grande majorité d’entre eux n’avaient rien avoir dans tout ça et vivaient dans la pauvreté. Ou encore,
un autre exemple, quand on s’intéresse à la haine anti-juive dans les milieux socialistes
et bourgeoise du 19 ème siècle, c’est une hostilité qui nait d’amalgames
délirants chez les premiers et d’une profonde jalousie chez les seconds.
Il y’a
plusieurs exemples comme ça.