Je commence
à percevoir un schéma récurrent : on dit que la thèse « X » est hégémonique ,
qu’elle impose un diktat médiatico-politique restreignant toute formulation
d’opinions alternatives, ce qui permet de prendre la posture du dissident qui a
le courage de répondre à la thèse « X » en défendant la thèse « Y »
contre vent et marrée. Mais lorsqu’on est attentif, on se rend compte que soit la
thèse « X » n’existe simplement pas et que c’est un homme de paille
qu’on attribue à des individus concrets ou à des entités abstraites genre « le
système », « les médias », ou alors qu’elle est réellement
défendue par des marginaux mais qu’on va généraliser abusivement pour en faire
une idéologie dominante. Il faudrait trouver un nom à ce schéma tellement il se
répète.
Bercoff là
l’utilise. Il commence par attribuer à son interlocuteur un homme de paille «
vous dites que l’esclavage, ça été les blancs et pas les autres ». Son
interlocuteur a beau dire qu’il n’a jamais dit ça mais il répond « si si,
vous avez dit ça ». Et pourtant lorsqu’on
écoute l’émission en entier ( au passage, il y’a une erreur dans la vidéo,
ce n’est pas l’émission « Le débat » mais « 24 h Pujadas »),
on se rend compte que son interlocuteur n’a effectivement jamais dit ça. Bercoff va
ensuite faire comme si cette thèse « l’esclavage, ça été les blancs et pas
les autres » qu’il s’est inventé dans sa propre tête serait défendue par on
ne sait qui et aurait le statut d’une idéologie dominante puisqu’on n’entend
pas le contraire. Tout son propos va donc consister à contester cette erreur
que personne n’a jamais formulé et à démontrer que l’esclavage, ce n’est pas
que « les blancs ». C’est magnifique comme procédé . Et à partir de
cette bouillie, les uns et les autres reprennent son propos, on fait des articles mentionnant qu’il
aurait rétablit une vérité historique ( cachée par qui ? ), on ne
ferait pas mieux au cirque Bouglione.
Au passage,
il dit également que Danièle Obono vante le chanteur qui a écrit le rap « Tuez
les blancs ». Elle pourrait porter plainte contre lui pour diffamation et
il serait condamné s’il n’apporte pas la preuve de la véracité de son
propos. Pour ce qui est de Danièle Obono, au-delà des critiques qu’on peut lui formuler pour les positions qu’elle a réellement défendues, j’ai rarement vu une
personnalité publique à laquelle on prête autant de propos qu’elle n’a jamais
tenu, c’est impressionnant.