Je vois des
gens dans les médias qui, comme Bercoff disent qu’on ne parle jamais de la
traite transsaharienne mais qui pourtant ne cessent d’en parler. Parce qu’à chaque
fois que l’on parle de la transatlantique, on trouve toujours des profils qui ramènent
la traite transsaharienne sur le tapis sous le prétexte qu’on n’en parle jamais
c’est devenu quasi systématique. Et pourtant, je n’entends parler que d’elle
depuis des années. C’est peut-être biaisé parce que je suis entouré par des
gens qui estiment qu’on n’en parle pas et qui surréagissent en ne parlant que
de ça, c’est possible. Pour trancher, il faudrait peut-être savoir, si au cours
des dix dernières années, les publications sur les traites transsahariennes et
transatlantiques sont vraiment asymétriques et si l’une a un espace médiatique
disproportionné par rapport à l’autre.
Je vois la même
chose sur d’autres sujets, on retrouve une vulgate selon laquelle la critique
de l’islam serait interdite et que critiquer cette religion exposerait à
l’ostracisme des médias et à la stigmatisation au nom du « politiquement
correct » ( on peut citer plein de personnages médiatiques qui répètent ça à
l’envi, Onfray et Zemmour pour ne citer qu’eux). Et pourtant, la
production éditoriale concernant l’islam n’a jamais été aussi abondante que ces
dernières décennies et ça s’explique par le fait qu’il existe un juteux
marché de la peur de l’islam et en France. Idem sur l’immigration, l’incivisme,
la criminalité, il y’a toujours des gens qui disent que ce sont des sujets
tabous mais je n’entends parler que de ça depuis des années, cet été ce n’est
pas Laurent Mucchielli qui tenait le pavé dans les médias mais ceux qui ont
réussi à normaliser le terme « ensauvagement » à grand renfort de faits divers.
Comment
expliquer ça ? Est-ce que ceux qui tiennent ces positions sont des gens de
bonne foi s qui confondent simplement censure et controverse, comme s’ils
interprétaient toute critique de leur critique comme une volonté de les faire
taire ? Ou alors ce sont des gens de mauvaise foi qui s’inscrivent dans une
stratégie de communication à coup de « on ne peut plus rien dire », « on ne
parle jamais de » sur des sujets pourtant très médiatisé pour valoriser leur
image de résistant courageux qui énonce ce que personne n’ose dire ? Je n’ai
pas de certitudes même si j’ai ma petite idée (pour le moment j’opterai plutôt pour
une combinaison des deux) …