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maQiavel maQiavel 30 décembre 2020 13:46

Sinon, là ce ne sont que des témoignages dont ne saurait rien tirer de pertinent. Mais des spécialistes ont déjà montré que depuis plusieurs décennies, la marque de l’islam dans les sociétés dites musulmane est aujourd’hui beaucoup plus forte que par le passé, il y’a eu une vague de réislamisation en Afrique du nord en particulier, il n’y a qu’à comparer le nombre de femmes voilées aujourd’hui à celui d’il y’a 30 ou 40 ans. Et, paradoxalement, c’est cette réislamisation qui est à l’origine de ce qu’on a nommé « la crise de l’islamisme ». Ce que je dis là va faire bugger tous les défenseurs de la thèse du continuum et autres essentialistes, je préviens déjà qu’à leurs oreilles ce sera un charabia incompréhensible.

En effet, l’islamisation ne débouche pas sur l’islamisme, c’est même généralement le contraire. L’islamisme est une grammaire politique qui propose des conceptions totalisantes de l’islam. La réislamisation comprise comme l’augmentation des pratiques religieuses et de leur visibilité au sein d’une société, elle, s’est faites en dehors de l’ordre politique et n’a fait que diversifier la référence islamique dans ces pays. En d’autres termes, une islamisation qui n’est qu’une juxtaposition de pratiques individuelles et qui par conséquent accentue la diversité, est le contraire du projet totalitaire islamiste qui aspire à une refondation sociale totale sur la base des principes de l’islam. Finalement, dans cette diversité de conception de l’islam et de pratiques et face à l’impossibilité de totalisation sociale propre à l’islamisme, l’extériorité du politique par rapport à la religion est reconnue et on aboutit ainsi paradoxalement à une laïcisation de l’espace dans lequel les pratiques religieuses se développent. Cela va avoir pour conséquence que les partis islamistes se transforment en partis politiques traditionnels à l’opposé du modèle initial des frères musulmans  : ils s’intègrent dans le jeu politique et se nationalisent, ce qui va aboutir à un renforcement des Etats nations au détriment des courants transnationaux.

Donc ce n’est pas tant l’abandon de l’islam qui provoque la crise de l’islamisme, c’est au contraire sa réappropriation individuelle qui provoque un éclatement des croyances et des pratiques, et qui entraine l’émergence d’un espace de laïcité, non pas comme affirmation idéologique contre la religion sur le modèle français, mais comme indifférence et non pertinence de la norme islamiste totalisante dans le champ politique.




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