@yoananda2
« La
nature de l’islam n’existe pas. L’identité musulmane existe ».
Comme
je t’ai dit, je suis agnostique, donc je ne sais pas si l’islam a une nature ou
non. Tout ce que je demande pour y croire, c’est qu’on me démontre l’existence
de son essence. Et j’ai parcouru de fond en comble les écrits et les propos des
essentialistes anti-islam et tout ce que je vois ce sont des affirmations péremptoires,
comme si c’était un axiome ( donc indémontrable). Ou alors ils tirent des conclusions
à partir de cet axiome et font comme si elles démontraient son existence. Finalement,
c’est comme si ça revenait à se demander si les anges ont un sexe. Et de fait, je
n’ai pas plus d’avis rationnel sur le sexe des anges que sur cette nature
islamique.
Cependant,
j’observe de façon empirique qu’il existe des gens qui se réclament de l’islam,
qui ont des croyances et des pratiques individuelles et collectives. Il existe
donc bien des identités dites islamiques.
« Le
voile ce n’est pas un exemple de politisation de la religion ? »
Des
femmes musulmanes peuvent porter le voile pour diverses raisons. Et effectivement,
pour certaines ( qui restent minoritaires selon les enquêtes), c’est un symbole
politique. Mais pas pour les autres. Donc non, le voile n’est pas un exemple de politisation de la religion.
« c’est
pourtant une affaire qui a été politisée puisqu’elle a donné lieu à une loi ou
2, non ?) »
Légiférer
sur un objet ne signifie pas que cet objet devient politique. Par exemple, il existe
des législations sur le code de la route, ce n’est pas parce qu’on a des lois
sur la circulation des véhicules que les voitures sont politiques. De la même manière,
ce n’est pas parce qu’il existe des législations sur les signes religieux que
le voile, la croix ou la Kippa
sont politiques. Et même de manière générale, légiférer sur les religions n’est
pas forcément une politisation de la religion.
Ce que j’entends
par « politisation de la religion », c’est comme en Iran par exemple où
les textes religieux sont des références normatives. C’est s’appuyer sur ses
croyances pour en faire des lois, des décrets etc. Ce qui est contraire à la laïcité
française.
« Est-ce
que si on prends la "non mixité dans les piscine" (les horaires
séparés) ou les prières de rues ce sont des exemples de politisation ? »
Pas
forcément mais ça peut l’être, tout dépend du contexte. Il arrive que des
croyants n’ont pas de place pour prier et le fassent spontanément sur la voie
publique, là ça relève simplement du trouble à l’ordre public. Mais il arrive
aussi que des croyants le font pour s’imposer sur la voie publique en tant que communauté
de croyants qui doit être reconnue telles par les pouvoirs publics, là au-delà du
trouble à l’ordre public, ça devient politique. Pareil pour la mixité dans les
piscines publiques, parfois on a simplement affaire à des gens qui ont ce genre
de demande parce qu’ils ont une certaine conception de la pudeur mais d’autres
fois, ces demandes deviennent des exigences qui sont une manière de s’imposer
en tant que communauté qui doit être reconnue.
Le
grand enjeu pour les mouvances islamistes, c’est faire en sorte que les musulmans
soient reconnus en tant que communauté à part par les institutions. Parce que
dans leur stratégie, ils se disent que si une communauté est reconnue, il
faudra aussi reconnaitre qu’elle est régie par des lois particulières. Et donc
là, on se retrouverait avec une communauté qui aurait ses propres lois inspirées
des textes des traditions islamiques. Et là on pourrait véritablement parler de
lois islamiques. Ce qui est évidemment contraire au principe d’égalité de tous
devant la loi commune.