@sls0
« Ça
plaira à certains qui sont dans le même fantasme, c’est à la mode en ce moment,
il faut surfer sur la vague ».
Exactement.
Sinon,
concernant le documentaire d’Evergreen, je l’ai découvert sur ce site et j’ai
été effrayé, j’y ait vu une menace réelle pour la liberté académique et je me
suis dit qu’il ne fallait surtout pas importer ces délires et absolument lutter
contre ces dérives si elles s’installaient en France. Ça c’était ma première
réaction instinctive ( et j’ai l’impression que c’est le but de ce documentaire,
provoquer une réaction de défense instinctive). Et puis je me suis renseigné
pour savoir si ce phénomène était général aux US ou un épiphénomène que certaines
mouvances tentent de grossir. J’ai lu différentes
sources d’horizons différents mais qui ne répondaient pas à mes interrogations
de façon satisfaisante car je me suis retrouvé avec des témoignages qui se
contredisent parfois radicalement.
Et puis j’ai
découvert que dans une série de papiers parus en 2018 et 2019, le politologue canadien Jeffrey
A. Sachs revenait sur les menaces pesant sur la liberté d’expression sur
les campus en Amérique du Nord. En compilant tous les cas enregistrés de
renvois causés par les propos politiques d’enseignants du supérieur, l’auteur
constate deux points. Primo, sur la période 2015-2017, le phénomène concerne 45
cas (sur un peu plus d’un million de personnes occupant à temps plein ou
complet des missions d’enseignement dans le supérieur sur la période). Soit 45 cas de trop, il est
certain, mais bien moins que la prétendue vague de censure ravageant soi-disant
le pays. Secundo, dans la majorité des cas, c’est pour avoir offensé la droite
par des propos identifiés « politiquement de gauche » que ces
personnes ont été licenciées. Le
graphe qui fait état de ces résultats.
Même s’il
existe effectivement des campagnes de mouvements de la gauche américaine
mettant en danger la liberté académique, ce sont surtout des mouvances de droite
que le danger vient. Et selon une stratégie intéressante car il s’avère que ce
phénomène prend place au nom de la liberté d’expression. Il ne s’agit plus
de plus s’en prendre directement aux universités comme des « nids à
rouges » à écraser comme à la grande époque du maccarthysme mais, au
contraire, à présenter le contenu même des idées critiques qui s’y enseignent
comme une forme de censure devant être arrêtée au nom de la liberté
d’expression. Et ainsi, d’une
dénonciation d’une « gauche académique » supposément passionnée de
censure, au moyen d’un discours qui instrumentalise et renverse la liberté
d’expression et qui lui permet de se poser comme une minorité opprimée, victime
de ce qu’elle appelle le « marxisme culturel » découle un ensemble de
mesures mettant tous les universitaires, de droite comme de gauche, sur la
sellette.