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BA 7 mars 2021 14:48

Et si, demain, Nicolas Sarkozy apportait la droite sur un plateau à Emmanuel Macron ? Les deux hommes, qui depuis trois ans nourrissent des relations complexes, entre attirance réciproque, tactique, méfiance, et intérêts bien compris, se sont longuement téléphoné lundi, après la condamnation de l’ancien président à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire des écoutes. Ce n’était bien sûr pas le moment d’aborder l’hypothèse d’un accord politique entre eux. Mais celle-ci n’est plus taboue.


Sarkozy lui-même lui a donné corps. Quand Le Figaro l’interroge, mercredi, sur un possible soutien au chef de l’État à la présidentielle, il élude, refuse pour l’heure de "soutenir un candidat plutôt qu’un autre", promet qu’il se prononcera le moment venu "en toute transparence avec [s]a famille politique". Mais il n’exclut rien. Le fondateur des Républicains acte ainsi explicitement que son choix ne se limitera pas aux seuls prétendants de sa famille politique, LR ou ex-LR. Un coup de tonnerre pour la droite. Et une gifle pour ceux qui rêvent de lui succéder à l’Élysée, de Xavier Bertrand à Valérie Pécresse en passant par Bruno Retailleau.


"Le soutien à Macron fait partie de ses hypothèses, très clairement, confirme un poids lourd LR. Il n’écarte rien." Ce scénario, Nicolas Sarkozy l’a évoqué devant plusieurs de ses interlocuteurs. "Il considère que Macron est en grand danger et que, avec la crise économique et sociale qui vient, même sa qualification au second tour est aléatoire", précise cet élu. Dans ce cas, "si Macron veut se sauver, il faudra qu’il se détermine", a lâché Sarkozy devant un de ses visiteurs. Comprendre : qu’il propose de bâtir une coalition LR-LREM avant le premier tour de la présidentielle, avec un Premier ministre de droite à Matignon.


"Ce n’est pas l’option que Sarkozy privilégie, nuance un ami. Au fond de lui, il ne sait pas aujourd’hui pour qui il va prendre position." Si l’ex-président n’exclut pas d’adouber, le jour venu, un champion de droite, il doute de la capacité de l’un d’eux à s’imposer. "Parmi les candidats possibles, il n’y en a aucun qu’il respecte vraiment, qui soit proche de lui, souligne un de ses proches. Au fond, il n’a peut-être pas envie que quelqu’un à droite lui succède…" Lors d’un tête-à-tête avec le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, en janvier, Sarkozy a d’ailleurs fixé la barre à atteindre pour incarner à ses yeux une option crédible : 18% d’intentions de vote à l’automne.


Ce responsable en est convaincu : "Sarkozy soutiendra le candidat de droite s’il peut gagner, mais pas une candidature de témoignage." Quitte à trahir son camp ? Un proche de Xavier Bertrand hausse les épaules : "Il nous expliquera alors que la droite est morte si elle n’est pas au second tour de la présidentielle une nouvelle fois, et qu’il la sauve en la mettant à Matignon." Mais "s’il fait ça, il tue le parti qu’il a créé", prévient un cadre LR qui rappelle que, déjà, "il n’avait pas donné de consignes de vote lors des européennes" de mai 2019. Celles-ci s’étaient soldées par la déroute de la liste LR conduite par François-Xavier Bellamy.


"Il ne faut pas exclure que Sarkozy nous fasse une Estrosi puissance 1.000", soupire un député LR. Car l’alliance entre la droite et la Macronie a déjà ses partisans au sein de LR, dont le maire de Nice. Celui-ci avait plaidé en septembre pour "un accord avec Macron afin qu’il soit notre candidat commun à la présidentielle". L’idée avait provoqué un tollé.


Puis le maire LR de Toulon, Hubert Falco, s’y était rallié à son tour. Si la droite reste encalminée dans les sondages à la fin de l’année, cette proposition gagnerait vite de nouveaux soutiens. Surtout dans les rangs de députés inquiets pour leur réélection. "Dans ce cas, ce sera l’hémorragie, et sans garrot", pronostique un ex-ministre. "Si on est trop loin du second tour et qu’on court le risque d’un duel entre la gauche et Le Pen, on va regarder", confirme un député LR.


Les ambitieux tentés de tourner très vite la page de l’ex-président savent désormais qu’il leur faudra aussi s’imposer à ses yeux. "Sa parole sera décisive, que chacun en soit bien conscient, prévient son ami Brice Hortefeux. Il y aura la sienne et celle des sarkozystes qui la démultiplieront." "Ce ne sera jamais suffisant pour Sarkozy, rétorque un soutien de Bertrand. De toute façon, si un candidat est dépendant du fait qu’il lève ou baisse le pouce, c’est qu’il n’est pas qualifié pour être président."


Une chose est certaine : si le scénario d’un retour de Sarkozy en 2022 a disparu avec sa condamnation, l’ex-président vient de signifier à son camp, comme à Macron, qu’il faudra quand même compter avec lui.


https://www.lejdd.fr/Politique/presidentielle-2022-pourquoi-sarkozy-nexclut-pas-de-soutenir-macron-4029690





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