Covid-19 : au Brésil, l’absence de
réponse adaptée des autorités a conduit le pays à une catastrophe
humanitaire.
Au Brésil, le Covid-19 a fait 361 884
morts. La semaine du 5 avril, 11% des nouvelles infections à la
Covid-19 dans le monde étaient enregistrées au Brésil ainsi que
plus d’un quart des décès. Le 8 avril, 4 249 décès ont été
recensés, un record pour une seule journée ainsi que 86 652
nouvelles infections à la Covid-19 avec des services de soins
intensifs saturés dans 21 des 27 unités territoriales du Brésil.
Ces chiffres illustrent l’incapacité des autorités à gérer la
crise sanitaire et humanitaire dans le pays et à protéger les
Brésiliens, en particulier les plus vulnérables, contre le virus.
« Au Brésil, les problématiques
de santé publique sont instrumentalisées par le pouvoir politique
», déclare le Dr. Christos Christou, président international de
MSF. « En conséquence, les mesures sanitaires à adopter qui
devraient être basées sur des faits scientifiques sont davantage
associées à des opinions politiques au lieu de servir de cadre
pour protéger les individus et leurs communautés. »
Par ailleurs, la grande quantité de
rumeurs et d’informations erronées qui circulent dans les
communautés a des conséquences dévastatrices. Les masques, la
distanciation physique et la restriction des mouvements et des
activités non essentiels sont contestés et remis en cause par
certains politiciens. En outre, l’hydroxychloroquine (un médicament
antipaludéen) et l’ivermectine (un médicament antiparasitaire)
sont présentés comme la panacée et sont prescrits par les
médecins, à la fois comme prophylaxie et comme traitement à la
Covid-19.
« En agissant ainsi, le
gouvernement fédéral a abandonné le personnel médical engagé à
prendre seul en charge les personnes gravement malades dans les
unités de soins intensifs et à improviser des solutions lorsque
les lits ne sont pas disponibles », poursuit le Dr. Christou.
Les hôpitaux font face à une pénurie
constante d’oxygène et de sédatifs, nécessaires pour intuber
certains patients. En conséquence, les équipes de MSF ont vu des
patients, qui auraient pu survivre, être privés des soins médicaux
appropriés.
« Cette situation de chaos dont
les équipes de MSF ont été les premiers témoins dans la région
de l’Amazonas est devenue la réalité dans la majorité du pays »,
indique Pierre Van Heddegem, coordinateur d’urgence de la réponse
Covid-19 de MSF au Brésil. « Le manque de planification et de
coordination entre les autorités sanitaires fédérales et leurs
homologues étatiques et municipaux ont des conséquences fatales.
Non seulement les patients meurent sans pouvoir accéder aux soins,
mais le personnel médical est épuisé et souffre de graves
traumatismes psychologiques et émotionnels en raison des conditions
de travail », rapporte Pierre Van Heddegem.
« La réponse à cette épidémie
doit commencer au niveau communautaire et non dans les unités de
soins intensifs », déclare Meinie Nicolai, directrice générale
de MSF. « Non seulement les fournitures médicales telles que
l’oxygène, les sédatifs et les équipements personnels de
protection doivent être disponibles là où elles sont nécessaires,
mais le port du masque, la distanciation physique, les mesures
d’hygiène et la restriction des mouvements et activités non
essentiels doivent être encouragés et mis en œuvre dans la
communauté, conformément à la situation épidémiologique locale.
Les directives relatives au traitement de la Covid-19 doivent être
régulièrement mises à jour pour refléter les dernières
recherches médicales et les tests antigéniques rapides doivent
être rendus plus largement disponibles afin de faciliter à la fois
les soins aux patients et le contrôle de l’épidémie »,
explique M. Nicolai.
Le retard dans la vaccination aggrave
encore la situation. Alors que les autorités avaient réussi
à vacciner 92 millions de personnes contre le virus H1N1
(grippe porcine) en seulement trois mois en 2009, la campagne de
vaccination Covid-19 fonctionne au ralenti. À ce jour, environ 11 %
des personnes ont reçu au moins une dose de vaccin, ce qui signifie
que des millions de vies, sont menacées par plus de 90 variants du
virus qui circulent actuellement dans le pays.
« Depuis un an, les autorités
brésiliennes ont favorisé la propagation incontrôlée de la
Covid-19 », conclut le Dr. Christou. « Leur refus de
recourir à des mesures de santé publique fondées sur des données
probantes a précipité un trop grand nombre de personnes dans la
tombe. Il est urgent que le Brésil apporte à cette crise une
réponse bien coordonnée et fondée sur des données scientifiques
afin d’empêcher de nouveaux décès évitables et la destruction
du système de santé brésilien, jusqu’ici performant. »
https://www.msf.fr/communiques-presse/covid-19-au-bresil-l-absence-de-reponse-adaptee-des-autorites-a-conduit-le-pays-a-une-catastrophe-humanitaire