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Orwell Orwell 1er juillet 2021 18:13

@yoananda2

J’me redis : on entend dire depuis plus de 30 ans que le code du travail, trop protecteur pour les salariés, dissuade les employeurs d’embaucher mais aucune étude n’a réussi à démontrer un lien entre un code du travail protecteur et le niveau du chômage. Même l’OCDE, qui défend ardemment l’affaiblissement des protections des salariés depuis les années 1990, a conclu dès 2004 qu’il n’était pas possible d’établir ce lien. Pourtant de nombreuses réformes ont flexibilisé l’emploi depuis la fin des années 1970. Ça n’a pas empêché le chômage de croître. 

Les employeurs ont obtenu des facilités non seulement pour recourir à des contrats flexibles et précaires (CDD, intérim...), mais aussi pour se séparer de leurs salariés en CDI. À côté du licenciement, ils utilisent les ruptures conventionnelles qui permettent de mettre fin au contrat de travail avec l’accord (souvent contraint) du salarié. En cumul, depuis 1982, on a fait basculer l’équivalent de 1 100 milliards d’euros de salaire brut et 400 milliards d’euros de cotisations patronales des salaires vers les profits. Le sacrifice aurait pu trouver une justification s’il avait alimenté l’investissement, gage supposé de créations d’emplois. Mais ces 1 500 milliards d’euros ont surtout nourri les dividendes (revenus nets distribués aux actionnaires) et l’épargne des entreprises, qui se sont respectivement accrus de six et neuf points entre 1982 et 2010. Dans le domaine de l’emploi, les progrès s’avèrent moins tangibles, quasi inexistants.

Lors de la crise de 2008, on a au contraire vu le chômage s’envoler dans des pays comme l’Espagne ou le Portugal, qualifiés par l’OCDE de bons élèves de la flexibilité. Ces recettes ont partout échoué. Conclusion : licencier n’est pas le meilleur moyen d’embaucher. L’intuition des patrons qui affirment le contraire est fausse, ça c du mono-causal et c de la merde. Si les employeurs n’embauchent pas assez, ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas jeter leurs salariés comme des préservatifs usés. C parce que leurs carnets de commande sont dégarnis. Le niveau de l’emploi dépend de celui de l’activité économique bien plus que de la législation du travail ou du niveau des cotisations sociales employeurs.

Le droit du travail protège de la pauvreté. C la principale raison pour laquelle le pays affiche un taux de pauvreté plus faible que ses partenaires américain, britannique et allemand, souvent idéalisés. Ce filet de sécurité a aussi permis d’amortir le choc de la dernière crise économique.




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