@yoananda2
J’me redis :
on entend dire depuis plus de 30 ans que le code du travail, trop protecteur
pour les salariés, dissuade les employeurs d’embaucher mais aucune étude n’a
réussi à démontrer un lien entre un code du travail protecteur et le niveau du
chômage. Même l’OCDE, qui défend ardemment l’affaiblissement des protections
des salariés depuis les années 1990, a conclu dès 2004 qu’il n’était pas
possible d’établir ce lien. Pourtant de nombreuses réformes ont flexibilisé
l’emploi depuis la fin des années 1970. Ça n’a pas empêché le chômage de
croître.
Les
employeurs ont obtenu des facilités non seulement pour recourir à des contrats
flexibles et précaires (CDD, intérim...), mais aussi pour se séparer de leurs
salariés en CDI. À côté du licenciement, ils utilisent les ruptures
conventionnelles qui permettent de mettre fin au contrat de travail avec
l’accord (souvent contraint) du salarié. En cumul, depuis 1982, on a fait
basculer l’équivalent de 1 100 milliards d’euros de salaire brut et
400 milliards d’euros de cotisations patronales des salaires vers les
profits. Le sacrifice aurait pu trouver une justification s’il avait alimenté
l’investissement, gage supposé de créations d’emplois. Mais ces
1 500 milliards d’euros ont surtout nourri les dividendes (revenus nets
distribués aux actionnaires) et l’épargne des entreprises, qui se sont
respectivement accrus de six et neuf points entre 1982 et 2010. Dans
le domaine de l’emploi, les progrès s’avèrent moins tangibles, quasi inexistants.
Lors de la
crise de 2008, on a au contraire vu le chômage s’envoler dans des pays comme
l’Espagne ou le Portugal, qualifiés par l’OCDE de bons élèves de la
flexibilité. Ces recettes ont partout échoué. Conclusion : licencier n’est
pas le meilleur moyen d’embaucher. L’intuition des patrons qui affirment le
contraire est fausse, ça c du mono-causal et c de la merde. Si les employeurs n’embauchent pas assez, ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas jeter leurs salariés comme des préservatifs usés.
C parce que leurs carnets de commande sont dégarnis. Le niveau de l’emploi
dépend de celui de l’activité économique bien plus que de la législation du
travail ou du niveau des cotisations sociales employeurs.
Le droit du
travail protège de la pauvreté. C la
principale raison pour laquelle le pays affiche un taux de pauvreté plus faible
que ses partenaires américain, britannique et allemand, souvent idéalisés. Ce
filet de sécurité a aussi permis d’amortir le choc de la dernière crise
économique.