@yoananda2
« Je
viens d’écouter Begaudeau sur livre noir. »
Tu as un lien ?
Ça pourrait m’intéresser …
« je
dirais que le discours essentialiste existe quand même dans tous les camps
politiques. »
Je suis d’accord
avec ça, seulement, je ne pense pas que tous les camps politiques
essentialisent les mêmes objets avec la même intensité.
Mais oui, à
gauche tu as par exemple dans certains courants un fort essentialisme
anti-religieux (la religion est assujettissement, exploitation, domination,
oppression, aliénation, opium du peuple etc). Et je ne suis pas entrain de dire
que les religions ne correspondent pas à ça, historiquement ça se constate.
Mais là l’idée est que la religion ne peut être QUE ça épicétou.
« Par
contre, la ou il y a un vrai soucis c’est que les essentialistes et les
non-essentialistes vont avoir du mal à se parler, même s’il y a une solution
commune possible (peu importe les camps politiques). On dirait. »
Oui, je vois
la même chose que toi, c’est très compliqué.
« A
un moment donné, en politique, on est obligé de composer avec les gens avec qui
on vit, et s’il faut commander une seule pizza pour tout le monde, si l’un dit
"moi j’aime pas le poivron" et l’autre dit "moi je veux des olives"
... bon ben ça va, mais si un autre dit "moi je veux du poivron" ben
... t’es dans la merde, et il n’y aura aucun argument "rationnel" qui
pourra les mettre d’accord, non ? »
Je suis partiellement
d’accord.
Je suis d’accord
en ce sens qu’il n’existe pas de critères objectifs pour déterminer quel est dans
l’absolu le meilleur projet de société. Cependant, là où je m’éloigne, c’est
que même si à la base on part d’axiomes et de conjectures qui ne reposent sur
rien, une fois que ces axiomes et conjectures sont prises pour vraies, il est
possible de rationnellement déterminer qu’un projet est meilleur qu’un autre ( pas dans l’absolu mais relativement à l’axiome ou à la conjecture de départ). D’ailleurs
cette rationalisation sera aussi partie prenante des rapports de force (tout
comme la propagande qui, elle, va manipuler les affects).
Par exemple,
dans un pays en récession comme à l’époque de la grande dépression aux Etats
unis, il était possible de s’accorder rationnellement sur le fait que certaines
politiques étaient meilleures que d’autres car elles abaissaient mieux le taux
de chômage. Mais pour s’accorder là-dessus, il faut d’abord être d’accord avec
l’axiome « la baisse du taux de chômage est préférable à sa hausse ». Si on
n’est pas d’accord avec cet axiome, parce qu’on considère que le salariat est
quelque chose de mauvais par exemple, alors aucun accord sur la meilleure
politique n’est possible, il y’a un fossé dès le départ qu’aucune rationalisation
ne pourra combler, on peut alors parler de dissonance axiologique ...