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ezechiel ezechiel 9 novembre 2021 23:09

@Étirév "L’enseignement des magiciennes reposait sur la puissance de leur esprit qui leur faisait connaître les lois de la Nature sans s’égarer dans un sens ou dans l’autre. "

Les sciences païennes, si on peut parler de sciences (mésopotamiennes, asiatiques, égyptiennes, grecques, romaines, perses, arabes, mayas, ...) sont basées sur l’observation de la nature et de leurs Dieux magiques (Dieu du Soleil, de la Lune, de la Terre, du Vent, de la Mer, de la Forêt,..). La déification des phénomènes naturels empêche chez les penseurs la construction d’une méthodologie scientifique rigoureuse pour comprendre les lois de la nature, tout simplement parce que des Dieux ne peuvent être soumis à une quelconque loi physique ou mathématique. Les dogmes formulés restent donc empiriques.

La science se construit alors sur la magie et l’alchimie. Le monde aristotélicien des philosophes grecs repose essentiellement sur les quatre éléments (feu, terre, eau, air) composant le monde, les trajectoires rectilignes du monde corrompu sublunaire, et parfaitement circulaires dans le monde pur de l’au-delà, la théorie des humeurs en médecine (Galien, Hippocrate). Ces dogmes présentent des incohérences totalement irrationnelles du point de vue de la formulation scientifique mathématique.

Plus foncièrement, le paganisme hérite du monisme, les Dieux et la nature ne forment qu’une seule et même entité, qui ne peut donc être soumise à des lois rationnelles et scientifiques.

Ce paganisme, qui freine le développement scientifique depuis des siècles, va être combattu de manière radicale par l’Église catholique.

Au moyen-âge, l’Inquisition combat l’hérésie païenne, la sorcellerie et la magie, dans la droite ligne d’Étienne Tempier, elle va alors représenter une étape fondamentale pour démystifier les sciences occultes. L’Inquisiteur Bernard Gui au XIII-XIVème siècle explique dans son "Manuel de l’Inquisiteur" que :
"La peste et erreur des sorciers, devins et invocateurs des démons revêt, en diverses provinces et régions, des formes nombreuses et variées en rapport avec les multiples inventions et les fausses et vaines imaginations de ces gens superstitieux qui prennent en considération les esprits d’erreur et les doctrines démoniaques."
Giordano Bruno est un prêtre dominicain hérétique ayant vécu à la fin du XVIème siècle. Excommunié par l’Église catholique pour avoir blasphémé contre la Sainte Trinité, Jésus Christ et la Vierge Marie, il a cependant continué de propager ses hérésies pendant plus d’une dizaine d’années à travers toute l’Europe malgré les avertissements répétés de l’Église.
Giordano Bruno n’était pas physicien, il rejetait la trigonométrie naissante, et considérait la rigueur des mathématiques appliquées aux astres et à la nature comme une hérésie et un mensonge.
Giordano Bruno paraît donc d’accord avec Aristote pour faire des mathématiques une science facilement accessible à l’esprit humain mais abstraite, qui ne permet pas de connaître les choses naturelles, et dont la pratique est vaine pour qui cherche à comprendre la substance des chose. Le "Cantus Circaeus" affirme ainsi l’inutilité de l’abstraction mathématique :
"Les sujets purement mathématiques ne peuvent être d’aucune utilité, dans la mesure où ils sont abstraits"

Pour Giordano Bruno, l’Univers est un tout formé d’objets interconnectés par des liens magiques, mêlant alchimie et ésotérisme, héritage de théories hermétiques non rationnelles, qu’il utilise pour discréditer l’Église catholique et tromper les bonnes âmes en Europe.
Dans des ouvrages tout aussi incantatoires les uns que les autres, comme "De la magie", Giordano Bruno explique comment les démons nous parlent, et enseigne une doctrine moniste où toutes les choses de la nature, des pierres aux plantes ont une âme. Ce qui empêche tout raisonnement rationnel et scientifique  :
"Venons-en maintenant à des questions plus précises. Les mages ont pour axiome qu’il faut, en toute œuvre, garder à l’esprit que Dieu influe sur les dieux ; les dieux, sur les corps célestes ou astres, qui sont des divinités corporelles ; les astres sur les démons qui sont gardiens et habitants des astres - au nombre desquels est la Terre ; les démons sur les éléments, les éléments sur les corps composés, les corps composés sur les sens, les sens sur l’animus, et l’animus sur l’être vivant tout entier : ainsi descend-on l’échelle."

Giordano Bruno n’est donc pas un scientifique, il propagera ses théories irrationnelles mélangeant ésotérisme et religion, qu’il s’acharnera à faire passer non pas comme des hypothèses, mais comme une vérité absolue.
Les thèses de Giordano Bruno peuvent aujourd’hui prêter à sourire, mais à l’époque, elles constituaient un obstacle considérable à l’avancée de la connaissance scientifique.




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