Covid : les industriels des
vaccins déstabilisés par le nouveau variant Omicron.
Le nouveau variant Omicron, qualifié
de « préoccupant » par l’Organisation mondiale de la
santé (OMS), apparu en Afrique du Sud, pourrait tenir en échec les
vaccins actuels en raison d’un nombre de mutations record. Pfizer /
BioNTech et Moderna s’attaquent au problème.
« On considère que le variant
Omicron est un vrai problème. Il est possible que les vaccins soient
bien moins efficaces » : le diagnostic de Stéphane
Bancel, patron de Moderna est clair, après l’apparition d’un nouveau
variant sud-africain du Sars-Cov2 baptisé Omicron, et labellisé par
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « variant
préoccupant ».
Les vaccins actuels seront insuffisants
face à un virus qui n’a plus grand-chose à voir avec celui de Wuhan
ayant servi de base à la conception de tous les vaccins actuels.
Ce nouveau variant a, en effet, surpris
tous les virologues par l’abondance de ses mutations, huit à dix
fois plus nombreuses que celles de ses prédécesseurs, et pour deux
tiers, nouvelles ou très rares.
Sur les 50 changements de séquences
génétiques identifiés, la protéine Spike en concentre 30,
auxquelles s’ajoutent 6 délétions (suppressions) et 3 insertions
(ajouts). Rappelons que la protéine Spike est celle qui sert au
virus à infecter les cellules. C’est donc elle qui a été choisie
comme cible pour tous les vaccins avec comme corollaire une perte
d’efficacité inévitable face au nouveau variant Omicron, quelle que
soit la technologie utilisée.
Mais s’agissant de mettre au point un
vaccin adapté à ce nouveau variant, la technologie à base d’ARN
dispose d’un net avantage , celui de la rapidité. Pfizer et
Moderna ont d’ailleurs été les seuls à s’exprimer pour
l’instant.
« Pfizer et BioNTech se sont
préparés il y a plusieurs mois à ajuster leur vaccin en moins de
six semaines et à livrer les premières doses en 100 jours » si
un variant s’avérait résistant, n’a pas hésité à affirmer un
porte-parole du géant américain.
Une affirmation contestée par un
concurrent : « développer un nouveau vaccin efficace en
cent jours, c’est juste impossible car il faut étudier la manière
dont vont se comporter les nouveaux anticorps qu’on va susciter ».
Chez Moderna, pourtant habituellement
très optimiste, on est plus prudent. La société estime, dans un
communiqué, qu’il lui faudra 60 à 90 jours pour mettre au point un
prototype, spécifique du variant Omicron, susceptible d’entrer en
test chez l’homme. « Nous avons commencé dès le
24 novembre », précise Stéphane Bancel.
En attendant, il faut faire avec les
moyens du bord. Un tiers des mutations d’Omicron étaient déjà
présentes sur les variants Alpha, Beta, Gamma ou Delta. Moderna va
donc tester les versions de son vaccin mRNA 1273 développées comme
rappels, face à l’apparition de ces variants que la société avait
finalement renoncé à pousser plus loin.
Il s’agit de deux versions
multivalentes mélangeant, pour le 1273.211 les ARNm du virus de
Wuhan et du variant Beta et, pour le 1273.213, ceux des variants Beta
et Delta. « Ce sera rapide car on a déjà les données
cliniques à soumettre aux agences réglementaires » explique
Stéphane Bancel.
D’ici là, Moderna propose d’augmenter
le dosage du vaccin actuel pour la troisième injection. Il avait été
divisé par deux en raison de son fort dosage.
En fait, toute la question est de
savoir si le variant Omicron peut supplanter le Delta, actuellement
hégémonique en Europe et, si c’est le cas, combien de temps cela
prendra. C’est le délai au bout duquel on aura impérativement
besoin d’un nouveau vaccin bien adapté.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/covid-les-industriels-des-vaccins-destabilises-par-le-nouveau-variant-omicron-1367570