Boris et Croa,
Il y a eu
deux approches venues, qui peuvent se repousser comme se croiser : l’agriculture
bio à la française et l’agriculture organique issue du fonctionnement écologique.
L’agriculture
bio est relatif au label attestant l’absence d’ajouts chimiques et à son cahier
de charges qui en permet l’obtention et l’agriculture organique est relatif à l’optimisation
des moyens et ressources écologiques (exemples : paillage, plantes amies/ennemies,
milpa, culture en butte, spirale aromatique,
école de permaculture…). La traduction "organic food" en "produit bio" (ou l’inverse)
est une approximation sémantique qui indique l’ambivalence entre les deux
approches.
L’agriculture
industrielle a supplanté le génie paysan de jadis (sélection massale, protection
contre l’érosion avec les haies, création de biefs d’irrigation, assolement biennal et triennal…) avec l’extension des
monocultures adaptées au développement des transports à longue distance. Le
génie paysan intégré au paysage est passé à l’ingénierie agricole externe avec développement des équipements motorisés et des intrants
chimiques.
La culture
organique renoue avec celle traditionnelle en apportant un regard sur un milieu
vivant, y compris scientifiquement éclairé (les époux Bourguignon, par exemple)
plutôt que simplement domestique (le brûlis épuise à long terme, la jachère
comme le labour sont inutiles…).
Agriculture
industrielle = rendement à l’hectare : comment monter la production de 6 à
7 tonnes de blé à l’ha ?
Agriculture organique
(dont bio) = productivité à l’ha : comment accroitre le nombre de
productions simultanées sur un même ha ?
Les Amish
ont gardé l’agriculture traditionnelle. Je n’ai pas été voir sur place, mais ils
sont bien restés en bio pour la plupart (pas tous, me dit Internet, le monde
Amish n’est pas complètement homogène non plus). Leur paradigme : (la
nature appartient à dieu, les humains en sont les gardiens qui en bénéficient)
peut les rendre rétifs à l’approche holistique de l’agriculture organique (l’écosystème
est le moteur biologique à comprendre et maintenir de production d’êtres
vivants pour en bénéficier), d’autant plus qu’elle est apportée par le monde
industriel qui a abîmé l’oeuvre divine.
Cet article montre les ambivalences :
aussi bien selon les Amish, la méfiance contre le monde industriel qui corrompt
les humains, que le mépris, selon la journaliste, contre cette population qui
préfère la croyance irrationnelle à un dieu au pouvoir des humains au progrès
de ses moyens d’existence.
https://www.courrierinternational.com/article/2010/08/26/les-amish-grands-pollueurs-devant-dieu
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Les échanges
dans ce module sont intéressants : la reconnaissance auprès des Amish d’avoir
su éviter les méfaits du monde industriel et consumériste l’emporte sur le
dénigrement contre eux et leur choix d’un système théocratique impérieux. A l’époque
du documentaire, la balance aurait sans doute été différente dans les échanges,
pointant plutôt sur l’autoritarisme imposé aux mœurs.
Les nécessités difficiles
de résilience et de l’autonomie d’existence n’étaient pas apparentes : les
périls écologiques, technologiques et économiques n’existaient pas encore.
Il va falloir, hein, pour ceux qui n’ont rien commencé...