@Gaspard Delanuit
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Belle
définition de l’intelligence humaine attribuée à Goethe par Nicolas Class (que
je ne connais pas). Le privilège des
humains est qu’ils sont conscients d’être conscients. On peut chipoter pour
savoir si c’est une différence de degré et de nature, mais ce sont les humains,
en tout cas, qui ont transformé de fond en comble la surface de la planète.
Avoir du pouvoir est une chose, mais savoir s’en servir de telle sorte qu’il ne
soit pas nuisible est autre chose. Ça, c’est un aspect de notre intelligence
qui a manqué aux humains.
Entre autre
privilège est celui de pouvoir nommer les choses, y compris de l’Univers et de
pouvoir contempler son œuvre. Hubert Reeves dit même que c’est notre conscience
qui révèle aux choses qu’elles existent et donc à l’Univers la conscience de
son existence. Quand personne n’est là pour dire que ça existe,
tautologiquement, rien ne dit que ça existe. La contemplation, pour donner du
sens aux choses est l’une des trois voies d’Aristote de la connaissance (les
deux autres étant celle pratique et celle productive). Il ne s’agit pas ici
d’intelligence "mécanique".
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Un exemple
de connaissance produite par la voie contemplative & spéculative est celle
d’Anaxagore, dans « De la nature ». Il parle du ‘Tout est dans le
tout »
Avant cette
séparation, quand toutes choses étaient encore ensemble, aucune couleur, quelle
qu’elle fût, n’apparaissait. Ce qui empêchait de l’apercevoir, c’était le
mélange de tout, de l’humide et du sec, du chaud et du froid, du lumineux et du
sombre. De plus, une grande quantité de terre y était contenue, et des semences
en quantité infinie et sans ressemblance les unes avec les autres. Car des
autres choses, aucune non plus n’est semblable à une autre. Dans ces
conditions, il faut admettre que dans le tout, toutes choses coexistaient.
Et
même :
Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se
combinent, puis se séparent de nouveau..
Lavoisier : copieur !
Sans compter
que la pensée holistique était déjà présente (qu’on a trop longtemps réduite ensuite à la pensée mécaniste, ex : les ravages du cartésianisme vers une
pensée scientifique qui n’envisage que par catégorie) :
Et puisqu’il
y a, en pluralité, égalité dans la division du grand et du petit, il peut y
avoir aussi de tout en tout. Mais il n’est pas possible que rien ne soit isolé,
et toutes choses ont leur part du tout. Du moment qu’il ne peut y avoir un
dernier degré de petitesse, les choses ne peuvent être séparées ni venir à
l’existence. Il faut qu’elles soient maintenant comme elles étaient au
commencement, toutes ensemble. En toutes choses, il y a donc pluralité et, à la
fois dans le plus grand et le plus petit, égalité dans la pluralité des choses
séparées.
https://philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Anaxagore_LesHomoemeriesEtLeNous.htm
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On est
proche du Tao. Anaxagore, contemporain de Lao Tseu, distingue un Noûs infini et principe préalable du Tout.
D’autre
part, il n’y a pas d’antagonisme entre monisme, dualisme, trilogie/tripartition.
Au contraire.
Monisme :
le grand Tout qui contient tout et/ou principe créateur de réalités par émergence. Pour le big bang, l’hypothèse la plus proche est l’énergie.
Dualisme :
Yin/Yang, création d’une nouvelle réalité par son envers, contraire et principe
d’engendrement. Ou pulsation (les mandalas, avec les couronnes successives,
sont des images mentales de cette pulsation).
Tripartition :
création, maintient, destruction, ou le phénomène du cycle.
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Quand à
l’intelligence, je suis toujours d’avis qu’elle est profuse, émergente. On peut
imaginer une pyramide, avec des niveaux d’intelligence, jusqu’à l’humain, pourquoi
pas, et la conscience d’être conscient est un argument. C’est une
construction a posteriori, en entonnoir jusqu’à nous. Cette construction peut
se faire aussi en mosaïque, ou en buissonnement, avec des états d’esprits
différents. Comme l’exemple que j’ai décrit plus haut, notre Umwelt qui ne permet
pas d’expliquer l’esprit qui correspond à l’ophrys (qui est un être vivant), ni d’appréhender l’intelligence, mais il y en a bien une, qui a élaboré son labelle.
C’est un paradigme mieux ouvert, selon moi, à la perception les phénomènes biologique et universel.