Je n’ai pas
lu Guénon, ce n’est donc ici que mon grain de sel.
Certainement,
la révolution industrielle a tué la sacralité à tous les endroits de la planète
(à peu de choses près, sans rentrer dans les détails). Sans doute que cette
révolution anthropologique a été cette fois-ci trop puissante pour que l’espèce
humaine ait su en profiter sans tout détruire. Ça me fait mal de l’écrire,
aucune culture humaine n’a été suffisamment armée, ou solide, pour résister à
l’entropie spirituelle qu’elle a déclenchée.
La
génération baby-boom, étendue dans tout l’occident et aussi, dans une certaine
mesure, en Asie a transformé l’or en plomb. Jouir sans entrave n’a fait advenir qu’un
monde trivial, matérialiste, consumériste, désenchanté.
Mais il y
a-t-il eu un âge d’or, est-ce que c’était mieux avant ?
Ce n’est que très récemment que l’espèce
humain est sortie de la servitude, de l’esclavagisme, une norme qui a existé au
moins depuis l’antiquité, pratiquée aussi bien par les Celtes, les Vikings, les Grecs, les
Chinois, les Africains, les Précolombiens… Tous les peuples ne l’ont pas
pratiqué, c’était même incompatible pour certaines cultures, mais c’était
présent dans toutes les contrées du monde.
C’était normal de posséder un humain comme un animal.
Autre malheur,
il était aussi normal que les femmes soient dépossédées de tout : des
biens, des choix, des décisions à leurs existences. Les sociétés étaient
sexuellement hémiplégiques. La encore, on peut rentrer dans le détail pour
contredire, mais l’histoire des familles et des pays a été faite dans le passé
par les hommes. "Une vie" de Maupassant, pour ceux qui
connaissent, qui est la monographie pourtant d’une bourgeoise, est édifiante. La
sortie est récente, partielle géographiquement et fragile. Et qu’on ne m’envoie pas ici le wokisme, ou des
cheveux, roses, je ne parle pas de ça.
Un autre
malheur de l’humanité, récemment quitté : est le monde des empires terminé avec
la décolonisation et l’avènement des nations sur toutes les terres émergées.
Les territoires, les humains n’appartiennent plus aux conquérants et à leurs
caprices de puissances.
La spiritualité, la tradition primitive ont-elles empêché ces trois grands fléaux de l’espèce ?
L’anti-monothéiste que je suis reconnaît cependant que c’est le christianisme,
pour de bonnes ou mauvaises raisons, peu importe, qui a fini par débarrasser l’esclavagisme
et l’absence de reconnaissance pour toute une moitié sexuelle à leur existence.
Depuis le
covid, je me demande si l’être humain ne serait pas tout simplement bien plus
con qu’on le croit.
On a tous vu
cette expérience Milgram grandeur nature, on pense à cette énigme de cette
soumission si simple à l’autorité, avec notamment de la Boétie, Goebbels, Bernays, même plus
anciennement Aristote et, hélas, Harari. L’humain est capable de fortes rigidités
de l’esprit, on connaît les fanatismes, on ne soupçonne pas sa plasticité, une
vrai pâte à modeler.
Un des
aboutissements de la désacralisation des êtres vivants est le "Vous
n’aurez plus rien" adressé au bétail humain en voie de domestication par
une caste démiurgique en (re)formation. Retour à l’esclavagisme, à l’impérialisme,
via cette fois-ci le matérialisme et les moyens de la modernité.
Pour ma
part, je ne sais pas comment empoigner tout ce merdier, sinon se faire son oasis et basta. Mais ce n’est pas
chouette quand même pour l’humain que je suis qui s’interroge sur ses congénères.
Ou tout est
à inventer, depuis le début. Pour ma part, ma spiritualité est faite : il
n’y a pas de matière sans esprit, ni d’esprit sans matière.