@herve_hum
Anne Laure Bonnel illustre bien l’aporie du
raisonnement consistant à soutenir la multipolarité du monde et de l’autre
vouloir que cette multipolarité fasse émerger une forme d’unipolarité basé
sur le dialogue et un droit international qui ne peut exister qu’à la
seule et unique condition de détenir la force d’application qui implique donc
l’unipolarité de la force, car la multipolarité l’interdit de facto.
Les mots ont
un sens qui permettent la circulation des conversations. Le lexique fait l’usage,
comme l’usage fait le lexique : c’est le signifiant/signifié de Saussure. Si vous changez l’usage du lexique, ils
peuvent convenir à hervé hum, mais vous détruisez l’outil commun de conversation.
Avec des maçons qui se partagent une scie égoïne pour faire des coffrages, vous
pouvez démontrer que l’outil (comme le lexique) peut servir à chasser les
mouches (autre fonction, autre sens). Et ça peut marcher, avec de l’entraînement,
pourquoi pas. Mais substituer la fonction
de la scie qui sert à couper les planches pendant un chantier, ça ne va pas le
faire.
A l’usage,
un monde unipolaire désigne l’hégémonie d’une superpuissance, en l’occurrence
les Etats-Unis aujourd’hui. Certains en pensent du bien, d’autres non.
Un monde
multipolaire est équilibré entre des puissances régionales.
Un monde
unipolaire n’a pas besoin de droit international, puisque c’est la nation qui
fait la polarité. Eventuellement, ce droit sert de faux nez à la volonté
impériale, ou hégémonique d’une nation. Le droit extraterritorial est un
substitut impérialiste. C’est le cadre multilatéral, au contraire, qui est source
de droit commun effectif, car il y a des intérêts réciproques à gagner, grâce à
des règles convenues et partagées, à la place des rivalités destructrices. De
même, c’est le droit convenue et commun qui garantit le monde multipolaire.
Ce droit commun
est dit "international", car il a émergé avec les nations qui ont remplacé durant
l’histoire les empires et les royaumes de droit divin. C’est ce droit qui
reconnait et garantit l’existence des nations. La question, maintenant, est l’effectivité
de ce droit devant l’hégémonie des Etats-Unis, avec peut-être une recomposition
en cours du fait de la guerre de Poutine.