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Fantômette contre Jean Robin Fantômette contre Jean Robin 7 mars 2023 18:06

@AmonBra

L’idéologie coloniale n’existe pas en tant que telle sauf pour les gauchistes, communistes et autres anti-colonialistes du XXe siècle. C’est une conception synthétique tardive.

Les Romains n’avaient aucun scrupule à coloniser et pourtant l’idée ne leur est pas venue comme ça. Ils ont dû se battre pour se faire une place au Soleil en Italie, et pour commencer chasser les Etrusques. Il subirent les assauts des Gaulois puis des Carthaginois. C’est peu à peu, de façon empirique, qu’ils établirent un empire, d’abord aux dépens de Carthage (qui, elle aussi, avait colonisé les côtes espagnoles, étant elle-même une colonie punique, du reste). Il n’y a aucune doctrine, le sens de la colonisation changeant suivant les époques : après la défaite de Carthage (202 av.), les Romains avancèrent vers la Grèce et l’Orient, attirés par les richesses et un mode de vie luxueux aux patriciens sénateurs ; au 1er siècle av. JC, les colonies sont le prétexte aux affrontements des généraux, aux guerres civiles (Sylla contre Marius puis Pompée contre César). Auguste partage les provinces entre l’empereur et le Sénat (27 av. JC) qui n’a alors plus de commandement militaire ni même la maîtrise de la questure (finances) ; elles échappent ainsi à l’appétit des patriciens gouverneurs comme autrefois Verrès en Sicile ; Claude le premier fit admettre des sénateurs gaulois... tout change ; c’est ça l’histoire !

De même, B. Lugan n’en parle pas mais il y a trois phases dans la colonisation ou l’impérialisme français : une phase monarchique, des années 1530 au traité de Paris de 1763 ; une phase révolutionnaire-napoléonienne, de 1792 à 1815 et une nouvelle phase monarchique-impériale (Algérie 1830, Mayotte 1841, Polynésie 1847, Nouvelle-Calédonie 1853) dont le fruit est récupéré par les républicains, qui décident d’une nouvelle expansion (1879-82 au Congo et en Egypte, 1881 en Tunisie etc). Chaque époque correspond à des mentalités différentes. Les Antilles servaient à la production de sucre, café ou coton ; on ne peut nier que les tentatives coloniales depuis les découvertes hardies du XVe s. reposaient sur des raisons diverses, aggravées, compliquées par la compétition entre nations naissantes d’Europe : raisons commerciales et territoriales, soif des épices indiennes, diffusion de mythes et d’illusions mêlées à la curiosité scientifique, utilisation de nouvelles techniques, expansionnisme chrétien. De même, l’usage, la nature de ces terres change avec le temps : la Guadeloupe ou la Réunion durent recourir à une immigration indienne par exemple à partir de l’abolition de l’esclavage de 1848 ; la Guyane servit de lieu de déportation politique puis de bagne, avant de se tourner vers l’espace (1968) puis l’écologie. La France n’a jamais vraiment réussi à coloniser que des îles ; il fallait racoler les "engagés" en métropole au XVIIe s. par exemple. Les Anglais sont des colonisateurs beaucoup plus volontaires. La troisième colonisation française, la républicaine, est la plus idéologue et la moins rentable probablement.

Je ne peux pas m’engager dans tous ces sujets, ce serait trop long. Bien sûr, la colonisation s’inscrit dans la grande compétition internationale, elle-même relancée sans cesse par les nouvelles techniques, les succès ou échecs de la politique intérieure, le problème des débouchés agricoles et industriels, le chômage etc mais aussi les mentalités, les superstitions et connaissances scientifiques. Tout ceci forme un maelström d’où il est bien difficile de tirer des doctrines nettes et préconçues.




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