Elle a encore la niaque la vieille ! à 94 ans ! Bravo.

Elle dit un truc intéressant : les sondages n’ont aucune valeur. Les 60 ou 80% pro-Poutine, c’est du pipo. Par extension, on pourrait s’interroger sur les 90% pro-Russe en Crimée.

Pour ma part, je n’arrive pas à me faire une idée sur ces proportions. Elle non plus sans doute car elle ne propose aucun chiffre, tout en disant que la colère monte en Russie, ce qui est évident compte tenu des circonstances.

J’ai l’idée qu’il y a un bloc patriotique en Russie, pro-guerre et pro-Poutine à fond quoi qu’il arrive, mais je ne sais pas en mesurer l’ampleur : 30, 50, 70 % ? Celui qui approche la réalité sur ces données peut parler de la suite en Ukraine sinon, c’est du vent.

Elle soutient l’idée d’une révolution de palais au Kremlin, avec prudence sur l’échéance. On verra. Elle ne prend pas trop de risque. Elle connaît l’histoire russe et ce genre de choses est déjà arrivé, elle raisonne par analogie. Qu’est-ce que ça vaut pour le cas présent ? Difficile à dire, on verra.

Elle pense que l’entourage de Poutine, les oligarques, les services de sécurité fonctionnent selon leur intérêt et chasseront Poutine s’ils sentent que la situation les met en danger (sous-entendant : le peuple gronde). Sans dire s’il s’agirait des très durs, prêts à bombarder Kiev, ou des pro-Occidentaux prêts à lâcher le Donbass et même la Crimée. Elle penche sans doute plutôt pour les pro-Occidentaux, c’est sa préférence, ça va de soi.

Elle dit que non seulement l’Occident mais le monde entier déteste Poutine. Je crains qu’elle ne projette ses propres sentiments sur la planète. Elle reconnaît une montée du rejet de l’Occident sur la planète, mais refuse de voir que Poutine (voire Xi) en récolte le bénéfice. Discutable : la nature a horreur du vide, ceux qui s’éloignent de l’Occident se raccrochent ailleurs, cet ailleurs est aujourd’hui représenté par Poutine/Xi.

En résumé, le discours de quelqu’un qui connaît bien l’histoire russe, en particulier l’histoire récente (le stalinisme, avec une certaine révérence pour le grand Joseph : elle est d’origine géorgienne comme lui), qui se pose plein de bonnes questions d’un point de vue occidental à propos de cette guerre d’Ukraine, et dont le pronostic est très sombre pour la Russie, tout en disant que la Chine ne laissera pas la Russie s’effondrer.

Conclusion, tout est possible, on n’en sait rien (sauf la victoire de la Russie, mais cette hypothèse - en effet improbable, surtout si on ne dit pas le contenu - est indicible sur le mainstream). Elle a un bon sens de l’équilibre, ce qui est indispensable pour parler sur le mainstream (et pour survivre à 94 ans).