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pierrot19 17 avril 2023 11:17

Je n’ai jamais entendu autant d’ânerie de la part de TV...

Il semble qu’elle vienne (enfin) de découvrir que les indicateurs officiels mentaient, et que le pays était pillé et saccagé depuis plusieurs décennies. Mais pour ce faire, il aura fallu qu’elle s’appuie sur un point de vue très personnel (et erroné) de l’économie, qui l’amène à reléguer le problème du partage des fruits du travail et à rejeter l’idée de rétablir une juste participation de la minorité qui se les accaparent.

 

Déjà, elle confond deux problèmes distincts, qui sont la santé économique du pays (c’est-à-dire la taille du gâteau à partager) et la redistribution des richesses (c’est-à-dire les parts relatives du gâteau attribuées aux convives). La réforme des retraites et la taxation des riches, mais également la part des bénéfices consacrée à l’investissement productif, sont des questions relatives au second problème... qu’elle occulte alors qu’il a des conséquences directes sur le premier (au même titre que la mondialisation, la financiarisation, l’UE, l’euro, etc.).

En effet, l’économie ayant pour finalité de fournir à la population ce dont elle a besoin, son bon fonctionnement suppose surtout que cette population (retraités inclus) dispose d’un pouvoir d’achat et donc de revenus suffisants pour y prendre part, et que l’on ait réalisé à tous les niveaux les investissements nécessaires à la production de richesses utiles (à l’inverse de la tendance actuelle, donc). Ainsi, un juste partage des richesses créées apparaît comme essentiel à l’économie du pays.

 

Ensuite, son point de vue que la production d’objets conditionnerait la survie, au contraire des services qui n’interviendraient que sur les conditions de production de ces objets, n’est pas pertinent.

En effet, un service hospitalier n’a pas pour finalité de favoriser la production d’objets (sauf peut-être dans la tête des capitalistes misanthropes) mais de profiter directement aux populations en sauvant des vies. A contrario, nombre d’objets produits (comme par exemple les gadgets électroniques) ne sont d’aucune réelle utilité pour la survie des populations.

Enfin, son idée d’exclure les services de la définition des richesses produites sous prétexte qu’ils seraient forcément déjà comptés dans la valeur ajoutée d’un bien matériel est tout aussi incongrue.

Par exemple, les populations ont besoin de survivre aux maladies et aux accidents, tout comme elles ont besoin de se nourrir. Le médecin crée donc, à partir de ses connaissances et de ses savoir faire, un bien immatériel essentiel qu’est la préservation de la santé et de la vie. La valeur produite par son travail, qu’on paye au travers d’une partie de ses honoraires, est similaire à la valeur ajoutée créée par le travail de l’agriculteur qui produit la nourriture dont les gens ont besoin pour manger, et on peut l’estimer en utilisant les mêmes méthodes.

Quand on s’intéresse à la valeur ajoutée créée par un ouvrier qui fabrique des objets, ni l’achat de sa nourriture ni le paiement de ses consultations chez le médecin n’entrent en ligne de compte. Ou alors il faudrait considérer qu’ils interviennent tous les deux. De ce point de vue, les services médicaux n’auraient pas plus de raison d’être exclues du bilan économique que l’industrie agro-alimentaire.

Bien évidemment, la valeur créée par un service qui intervient effectivement dans la production d’un objet ne doit pas être comptée une deuxième fois dans la valeur ajoutée de ce dernier. Mais cela est également vrai pour les composants matériels qui interviennent dans la production de cet objet.

La présence dans le bilan économique des richesses immatérielles créées par les services reste pertinente tant qu’on traite celles-ci de la même manière que les richesses matérielles.

 

 

Il ne fait aucun doute que la falsification des indicateurs officiels va bon train, que la définition, l’élaboration et/ou l’utilisation du PIB sont à revoir, et qu’une société qui repose principalement sur une économie de services est en grand danger. Mais ce ne sont pas des raisons pour raconter n’importe quoi.




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