Il y a un angle aveugle et une malfaçon chez les
zététiciens, en tout cas ceux de youtube.
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Si on prend le sujet des études cliniques sur les
traitements précoces, ils indiquent tout autant que c’est efficace, comme
inefficace. A sujet sensible et polémique, les études cliniques donc sont
insuffisantes pour trancher sur la question et dire la vérité. Or les zézétocs
ne retiennent que celles qui montrent que c’est inefficace. Ils pourraient
contribuer à apaiser les débats publics en partageant les raisons des contradictions et les
incertitudes, expliquer la complexité, que toute solution a ses limites,
quelles sont les manipulations possibles, volontaires ou non. Ils cèdent
là-dessus à leur prétention à énoncer la vérité et contribuent à l’hystérie des
débats publics. C’est la même chose avec
divers sujets et les zézétocs finissent pas suivre la raison du pouvoir, au lieu
de celle de la vérité (comme le "complotisme"). Ils sont devenus,
malgré eux ou pas, les gardes-chiourme des autorités établies, les gardiens du
temple de la doxa. Ils n’abordent jamais la manipulation des opinions par les
médias, le TINA économique, le marketing qui modifie les comportements sociaux.
Un youtubeur comme TroubleFait est aussi un zététicien, à ce compte là, pourquoi
ne fait-il pas partie de la "famille" ? S’en prendre aux
croyances populaires c’est de la zététique, mais pas s’en prendre aux
malfaisances qui existent des pouvoirs économiques et politiques, dont la science peut en être victime ?
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Méfiez-vous de vos croyances, seuls les faits disent la
vérité.
La vérité est extrêmement rare : la seule certaine qu’on peut
avoir est celle de la vérification par soi-même. Et ce sont nos sens qui permettent
de percevoir et vérifier ce qui est vrai ou faux. Avant d’enseigner la caverne
platonicienne vos sens vous
trompent, c’est-à-dire d’en savoir les limites, il faut apprendre Saint
Thomas : croire en ce qu’on voit, c’est-à-dire développer sa
sagacité, sinon c’est la perte de sa souveraineté personnelle. Je n’ai jamais
pu vérifier si des astronautes ont été sur la Lune, ni si les tours de Manhattan
sont tombées, même si elles ont existé, puisque je ne les ai jamais vues, ni si
Macron existe (mais c’est de ma faute, je n’ai pas envie de vérifier de visu,
mon hygiène mentale a ses besoins...). C’est le "scepticisme hardcore" de ceux qui en restent à leur perception que la Terre est plate, par méfiance
contre la société dans laquelle ils vivent. Des trois exemples que je viens de
prendre, je doute sur le premier, pas sur les deux autres (ni sur la rotondité
de la Terre). C’est-à-dire que je fais ma tambouille, comme tout le monde, avec
ce qu’on me raconte. Et nos connaissances et infos sont faites bien plus de ce
qu’on nous raconte, que de ce qu’on vérifie par soi-même : les parents,
les profs, les blouses blanches, les guides spirituels, les bouquins, les médias & internet, le
blabla avec les autres. Ce qui veut dire qu’on vit de croyance, ou de
confiance : c’est inévitable, comme on vit de l’air qu’on respire, parfois
pollué. Il est absurde de demander de rejeter ses croyances, qui sont nos
moyens de pensées, il faut au contraire apprendre à les utiliser comme outils
au lieu de buts en soi. Les croyances, comme la vie, sont évolutives, de naïves
à solides, éprouvées. La croyance est consubstantielle à la pensée, la confiance
est nécessaire à la vie en société. C’est le piège, la malfaisance de la
zététique : en rejetant la croyance, ils rejettent la capacité à penser en
la remplaçant par la confiance et croyance absolue à ce que d’autres nous
racontent avec des faits que eux présentent.
La zététique est un faux semblant, dont certain en font une
rente, qui cache la bonne vieille raison toute simple : c’est vrai, c’est
faux, je ne sais pas, je pense que parce que.
Mais le plus simple est souvent aussi le plus exigent : ça s’apprend,
ça s’exerce. Et comme il est rare qu’on puisse vérifier la vérité par soi-même,
il faut vivre au mieux avec des je pense que parce que.