Je joins ma modeste voix à cet appel...marre de ces contraintes débiles...

Encore hier soir je reçois la visite au motel d’un individu à l’air patibulaire...

— Vous êtes Norman Bates ?

— Lui-même. Qui le demande ?

— Police.

— Ah ! euh...le client du motel qui a disparu en septembre sans laisser de trace après son séjour, je n’y suis pour rien...d’ailleurs il n’a pas réglé sa note...j’en souffre, oh oui je souffre...j’ai porté plainte, je me suis constitué partie civile, je...

— Non non, je ne viens pas pour ça...à vrai dire je ne suis même pas en service, je rentrais chez moi lorsque j’ai été intrigué par votre enseigne...

— Mon enseigne ? elle a un problème ?

— Elle est allumée, votre enseigne.

— Et alors ? c’est un peu la fonction d’une enseigne, non.. ?

— C’est interdit.

— Ah bon ? c’est un motel, ni un bar ni un restaurant...

— Il vous arrive de servir des en-cas. C’est interdit. Votre établissement est visé par l’obligation de rester fermé en raison de la crise sanitaire.

— Mais...je n’ai aucun client !

— Oui, monsieur Bates. Mais alors pourquoi allumer votre enseigne.. ?

— Ben...pour avoir des clients.

— C’est interdit. Vous voyez, c’est imparable...l’allumage de votre enseigne découle d’une manifeste volonté de vous livrer à une activité délictuelle...

— Ah d’accord...et bien allez-y, faites votre travail, grattez votre PV...j’imagine que c’est 135 balles par lettre allumée sur l’enseigne.. ? dites, personne ne sait que vous vous êtes arrêté ici.. ?

— Non, comme dit je...

— Alors ne bougez pas ! euh non, attendez dehors, la moquette vient d’être refaite ici à la réception...je vais appeler ma mère, c’est elle qui tranche les litiges administratifs...patientez deux minutes, je vous prie...

— Ah ben, j’espère qu’elle est moins procédurière que vous...

— Ah ça...vous n’allez pas être déçu, croyez-moi...