"Mais alors... qui passera la serpillière derrière lui ?"
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Oh pour ça, ce ne sont pas les prétendants attirés comme des papillons par la lumière qui manquent, ça se bouscule au portillon. Il est à parier que rien que ceux et celles qui se risquent dans "On ne demande qu’à en rire", rivalisant de médiocrité, caressent le rêve d’atteindre ne serait ce que le cinquième de notoriété d’un Semoun, s’humilier à notre époque où les putes sont reines, est une attitude jugée plus que normale grâce au monde merveilleux de la télévision qui braque ses caméras sur le moindre seins ou le bout de fesse qui dépasse, c’est toujours plus glamour que les bulbes rachidiens en pleine action d’humains d’exception. Que peut un génie contre les obus de Nabilla au beau milieu de la guerre de 78 ?
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Elie Semoun est fini, grillé, cassé, ses personnages maintes fois utilisés et torchés jusqu’à l’os sans jamais se renouveler finissent par lasser même la ménagère de plus de 50 ans ou les obligés des comités d’entreprise dans les rituelles manifestations de fin d’année. Depuis que celui qui écrivait son humour partagé s’est éloigné, quand Elie rêvait de cinéma et s’envolait pour Jew York dans l’espoir d’internationaliser son art, il a bien du se rendre à l’évidence que sans sa noire moitié, il n’était qu’une ombre pâle et maigrichonne dans un costume trop grand pour lui. Il n’a donc plus fait illusion lorsque son âme damnée, forte de son talent propre, s’émancipa de cette famille qui lui était tout sauf fraternelle. Tout le monde n’est pas cousin germain avec Patrick Bruel, et l’amitié d’Arthur se fuit sans doute plus qu’elle se cherche. La réalité du showbusiness et son cortège carnavalesque de pacotilles hypocrites faux derchienne ou tout le monde veut croquer l’autre tout en le jalousant pour lui grappiller quelques secondes d’audimat lumineux, ces instants si précieux que l’on ne se contente plus d’un quart d’heure, car une fois que l’on y a goûté on ne peut plus s’en passer de la drogue de célébrité.
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Dieudonné en avait soupé de cette ambiance communautaire aux us et coutumes qui n’étaient plus les siennes. Elie s’y sentait presque chez lui, se sentait si bien qu’il y resta. Obligé maintenant pour continuer à festoyer à la table des vedettes, il dû en gage cracher, peut être à contre coeur, ses amours déçues sur son ex meilleur ami d’enfance et d’autrefois, afin qu’on lui laisse quelques miettes de spotlight à boulotter entre deux spectacles aux salles vides, aux places qui s’égrainent comme le sable dans un sablier, et comme le temps passe vite Elie se voit contraint d’annuler ses shows faute d’intéressés, miroir impitoyable de son véritable talent.
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Alors il se lance dans l’écriture, couchant sa vie meurtrie sur du papier avec des mots cherchant à apitoyer, à tirer les larmes de son public pour lui faire les poches, on ne lutte pas contre sa vraie nature. Elle revient tôt ou tard au galop. Pour assurer sa promotion il est forcé de se mettre en scène dans un faux clash sur le plateau d’un autre has been, Antoine deux cônes, être et avoir été semble impossible même pour les indécrottables enfants de la télé nourris à l’esprit canal de l’époque des nuls et de Gildas. José Garcia doit verser une larme de compassion, mais qu’est devenu Didier l’Embrouille, une tapette comme les autres ? Un ersatz de Gildas, il est certains vins qui se bonifient avec l’âge, d’autres tournent au vinaigre, qu’importe, tous ces recyclés sur le retour boiront leur calice jusqu’au bout, avec les lies et la semoule.