Origine des Croisades
Sous la domination des khalifes arabes, une foule de
pèlerins Francs, restés fidèles à la doctrine johannite, venaient visiter les
lieux où le premier Christianisme s’était élevé.
Mais, lorsque les Turcs eurent asservi leurs anciens
maîtres, les pèlerins d’Europe qui s’aventuraient en Syrie pour visiter
Jérusalem et Nazareth essuyèrent des traitements barbares dont le récit
enflamma de courroux l’Occident.
Un de ces hommes, maltraité par les Turcs, Pierre
l’Ermite, revint en Europe raconter ces vexations et exciter toute la
Chrétienté à la vengeance.
Le Concile de Plaisance, auquel assistèrent 30.000
personnes, décida la guerre contre les infidèles.
L’an 1095, sous le pape Urbain II, il fut tenu un
Concile à Clermont en Auvergne où on proclama la Croisade dont Godefroy de
Bouillon fut le chef.
Les falsificateurs de l’Histoire diront que le premier
prétexte de ce mouvement extraordinaire fut le bruit qui s’était répandu dans
toute l’Europe que la fin du monde allait arriver.
Les prêtres, exploitant cet idéal, firent croire aux
populations crédules que Jésus allait revenir pour juger les hommes, et que
c’est pour cela qu’il fallait aller délivrer la Palestine, tombée entre les
mains des Turcs.
Quand on annonça une expédition en Palestine, un
immense tourbillon se produisit en Occident dans la masse masculine, avide de
mouvement, de luttes, de déplacement, c’est pour cela qu’elle suit les
conquérants. Elle ne leur demande pas pourquoi on la fait marcher ; elle
marche, cela lui suffit, puisque c’est la vie libre entre hommes, l’action
violente, brutale, développant les instincts profonds de la nature masculine,
cela les grise, c’est pour cela qu’ils aiment la guerre, et nous n’ajoutons pas
le plaisir de tuer, quoiqu’il s’en trouve dans la masse que ce motif séduit.
Pierre l’Ermite organisa la première Croisade, à
laquelle prit part Godefroy de Bouillon. Il conduisit 80.000 hommes ignorants
et fanatiques qui, pour gagner des partisans, ensanglantèrent leur route, la
couvrirent de cadavres, au nom de Jésus.
Les vrais fauteurs de l’engouement des masses pour les
Croisades furent l’entraînement : faire ce que font les autres ; le mouvement :
s’il y a un déplacement, en être ; puis l’orgueil : porter des insignes qui
représentaient une croyance pour avoir l’air de croire quelque-chose, alors
même qu’on ignore sur quoi la doctrine que le symbole représente est basée ;
ensuite, se créer entre hommes une solidarité, dont les femmes ne seront pas,
se donner à ce sujet un air de supériorité sur elles.
Le vrai motif ?
Qu’importe, pourvu qu’on se remue, qu’on parcoure du
chemin, qu’on voie un pays nouveau, qu’on s’amuse, pourvu surtout qu’on se
batte ? La Croisade fit une diversion à la vie monotone des châteaux.
Les auteurs contemporains disent que six millions
d’hommes prirent la croix. Il s’agissait de défendre une chimère ; des flots de
sang coulèrent.
Toute l’Europe se jeta sur l’Asie. Des femmes même y
allèrent. La veuve d’un roi de Hongrie avait pris la croix et s’était mise à la
tête d’une partie des femmes croisées.
Des pédagogues emmenèrent en Palestine plusieurs
milliers d’enfants. Le fanatisme faisait son œuvre.
Cependant, Pierre l’Ermite ne parvint pas en
Palestine. Il mourut avant d’y arriver, le 17 juillet 1095.
Pierre l’Ermite était né dans le diocèse d’Amiens ; il
avait guerroyé en Flandre.
Godefroy de Bouillon fut plus heureux, il arriva jusqu’à
Jérusalem et s’en empara le 15 juillet 1099, et y fonda un royaume passager.
Pourquoi ne déclara-t-il pas Jérusalem la capitale du
monde chrétien, la ville sainte, la ville sacrée ?
Réponse...