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Accueil du site > Tribune Libre > Le hors-la-loi d’hier contre le délinquant d’aujourd’hui

Le hors-la-loi d’hier contre le délinquant d’aujourd’hui

Extrait du livre Anarchiste conservateur, d'Anthony Michel (essayiste et auteur de plusieurs ouvrages dont Résigné et révolté et L'Anarque)

 

 

(Entre guillemets, des expressions tirées du livre L’Enseignement de l’ignorance, de Jean-Claude Michéa) En bons anarchistes conservateurs, nous pouvons apprécier la figure du « bandit d’honneur des sociétés traditionnelles » qui « puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s’en prenait d’abord à l’État et aux divers possédants ». Tandis que « le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l’économie pour « dépouiller » et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu ». Autrement dit – comme, par exemple, un certain « prince des voleurs » –, le premier hors-la-loi sait encore d’où il vient et s’oppose plus clairement au symbole politique (Etat) de l’injustice sociale. Quant au deuxième, il respecte de trop les codes culturels de l’économie de marché – à tel point qu’il peut en exalter sa violence – en n’hésitant pas à – syndrome du « Nique ta mère » oblige – maltraiter, oppresser, ceux qui, pour le premier, représentent encore la famille ou les amis donc des êtres et des valeurs à respecter et défendre. En même temps, le premier s’inscrit dans une période où, justement, le pouvoir politique était moins directement soumis à un pouvoir économique. Aussi, la violence du deuxième est inédite mais, pour le peuple, ses représentants sont plus difficilement visibles que ceux du pouvoir politique. Nous pourrions parler de subordination du visible politique à l’invisible économique.

 

Tags : Sécurité Philosophie Culture




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20 réactions à cet article    


  • 2 votes
    Auxi 25 juin 2015 18:42

    Anarchiste conservateur… Bon. Après tout, depuis qu’on m’a fait le coup des anarchistes chrétiens, je suis blindé. On n’en est plus à ça près. Faut-il qu’en dépit du faible nombre des anarchistes, l’Anarchie conserve un prestige conséquent pour qu’un troupeau considérable d’imposteurs tentent d’usurper son nom. Sans, évidemment et comme toujours, maîtriser le sujet dont ils ont la prétention de traiter, ces cuistres.


    • vote
      Anthony Michel Anthony Michel 25 juin 2015 20:13

      @Wyrd

      Pour qu’il n’y ait pas de malentendu, ma réponse à 20.07 était pour Auxi, pas pour vous.


    • 2 votes
      Joe Callagan Joe Callagan 25 juin 2015 20:29

      @Wyrd

      Lettre ouverte du Président d’honneur aux adhérents du Front national.

      Le caractère parricide de l’opération ne fait pas sourciller la femme-d’État-aux portes-du-pouvoir, mais cause un grand trouble dans la conscience et le cœur des militants.

      Ci li siouniss !!!


    • 3 votes
      Joe Callagan Joe Callagan 26 juin 2015 11:58

      @Wyrd

      C’est là qu’on voit bien que tu viens sur Avox pour troller ou "délivrer ton message" car prendre ces clowns de DAESH pour exemple, c’est assez révélateur.

      Je reprécise à nouveau que je ne nie pas la véracité de tes écrits en général.


    • 1 vote
      Anthony Michel Anthony Michel 25 juin 2015 20:07
      Vous avez apparemment bloqué sur l’expression « anarchisme conservateur » qui — comme le fait Jean-Louis Prat, contributeur à la revue du M.A.U.S.S. dans un article intitulé Orwell et Swift à propos des idées politiques du célèbre auteur anglais feu George Orwell — peut être considéré davantage comme un tempérament politique que comme un positionnement politique. En ce qui me concerne néanmoins, mon propos en la matière cherche, il est vrai, à déterminer une éthique plutôt précise de l’anarchisme conservateur, débouchant sur des positionnements politiques tranchés. Mais je ne détaille rien là-dessus pour le moment. Car, à cause de votre propos sans aucun argument — le limitant à de petites piques qui sont alors comparables à des coups d’épée dans l’eau —, vous ne m’avez pas donné l’envie de vous prouver quoi que ce soit. 
      Je vous invite donc — afin d’honorer l’esprit critique conséquent et le vrai débat d’idées — à aiguiser votre critique avec un minimum d’arguments.

      • vote
        Auxi 26 juin 2015 03:01

        @Anthony Michel
        Les anarchistes se sont toujours proclamés révolutionnaires, l’exact contraire des conservateurs qui, par définition, veulent conserver l’ordre établi.

        "Anarchiste conservateur" est totalement contradictoire comme le seraient, par exemple, "pluie sèche", "prêtre athée", "feu froid" ou "obscurité lumineuse". C’est donc une fumisterie.

        Vous vouliez des arguments, vous en avez.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 26 juin 2015 10:30

        @Auxi
         

        Fort bien, mais ce n’est pas à Anthony Michel qu’il faut adresser ce reproche, c’est à George Orwell. L’"anarchist tory" est en effet ce que l’on appelle un oxymore, mais c’est voulu. C’est en quelque sorte pour contrarier l’esprit de chapelle, montrer en quoi il y a du bon à prendre dans ces deux tendances opposées : d’un côté la volonté d’être ou devenir individu émancipé, de l’autre la reconnaissance d’un legs commun à préserver. Aucune "fumisterie" là-dedans, rassurez-vous.

        Cordialement.


      • vote
        Auxi 26 juin 2015 15:43

        @Éric Guéguen
         

        Tout dépend de ce que l’on souhaite conserver. Si je vous dit que je préfère une charmante vieille maison traditionnelle fabriquée dans les règles de l’art par des artisans qualifiés à ces immondes clapiers qui déshonorent et enlaidissent nos villes, on peut me considérer comme "conservateur". 

        Seulement, nous ne parlons pas de vieilles pierres, là, mais de l’ordre établi.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 26 juin 2015 15:50

        @Auxi
         

        Non, pas de l’ordre établi, de la Tradition...


      • vote
        Auxi 26 juin 2015 17:09

        @Éric Guéguen
         

        Et qu’est-ce qu’une tradition, sinon un ordre établi ?


      • vote
        Auxi 26 juin 2015 17:14

        Précision : par "maison traditionnelle", je voulais dire une maison comme on en faisait il y a très longtemps, faites pour durer et qui, en effet, durent. Je me suis donc mal exprimé.


      • vote
        Anthony Michel Anthony Michel 26 juin 2015 18:52

        @Auxi

        Bon rappel d’Eric Guéguen (merci) concernant l’expression oxymorique « anarchisme conservateur » que je reprends à mon compte moins pour créer une nouvelle bannière politique aux prétentions caricaturales — en m’écoutant parler et en me regardant le nombril — que pour faire réfléchir en termes de posture trans-courant compte tenu de l’imposture antidémocratique et bourgeoise du clivage politique gauche-droite. George Orwell nous dit, dans Le Quai de Wigan en 1938 : « En ce moment, la seule attitude possible pour toute personne décente, que son tempérament le porte plutôt vers les conservateurs ou vers les anarchistes, est d’œuvrer pour l’avènement du socialisme. Autrement, rien ne peut nous sauver de la misère actuelle et du cauchemar à venir. » 

        On ne peut pas résumer la tendance conservatrice au sens de « conserver l’ordre établi ». Pourquoi, d’ailleurs, être conservateur serait forcément conserver l’ordre établi  ? Pourquoi ne s’agirait-il pas de conserver autre chose, de moins politique et « officiel », de plus moral et populaire ? L’écologiste radical, par exemple (et j’apprécie la figure de feu Edward Abbey), peut avoir un certain nombre de points communs avec l’anarchiste conservateur.
        Le général De Gaulle avait des aspects conservateurs. Cela a-t-il fait qu’il a reconnu légitime le gouvernement du maréchal Pétain, puisque après tout ce dernier était l’ordre établi ? Si l’on associe généralement, mais non exclusivement, les hommes d’église au conservatisme, cela n’a pourtant pas empêché certains d’entre eux d’être parmi les premiers résistants durant la Seconde guerre mondiale... 

        Alors certes, nous sommes aujourd’hui, à l’heure du novlangue, dans la culture des mots dénaturés, aux sens inversés. « Le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? […] Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. […] Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. » (George Orwell, 1984) Il n’empêche que cela ne regarde que vous, Auxi, de vouloir prendre — par crainte d’être vu comme un réactionnaire par l’intelligentsia orientant le novlangue selon des intérêts bien précis ? — autant de précautions avec le mot « tradition », au sens lui-même détourné... en précisant toutefois que de claires distinctions sont nécessaires entre « réaction » et « conservation » par exemple... 

        Enfin — sans aller jusqu’à dire comme l’anthropologue Marcel Mauss qui jadis affirmait non péjorativement qu’être socialiste « c’est être archaïque » — il s’agit de défendre un socialisme qui retourne à sa moralité originelle (Saint Simon, Fourier puis Proudhon et Bakounine) et prend appui notamment sur les traditions des gens ordinaires qui entretiennent jusqu’ici l’entente et l’entraide quotidiennes, limitant l’envahissante logique du « tout doit se marchander ». Posture peut-être un peu naïve... Mais alors on voit que l’anarchisme conservateur ce n’est même pas le sympathiquement cynique mais trop élitiste et, en vérité, peu politique anarchisme de droite... 


      • 2 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 27 juin 2015 21:04

        @Auxi
         

        De nos jours, l’"ordre établi" est très connoté. Par exemple, Manuel Valls est le chantre d’un "ordre établi". Et en même temps une insulte à la Tradition.


      • 2 votes
        jeanpiètre jeanpiètre 25 juin 2015 20:52

        A part les membres de CA de multinationales, ou les coquins des parlements et commission, on a un peu de mal à se représenter l’anarchiste conservateur


        • vote
          Anthony Michel Anthony Michel 25 juin 2015 22:08
          Si ce n’est pas qu’un tempérament politique, l’anarchisme conservateur c’est — dans la lignée d’un Pierre-Joseph Proudhon mais sinon d’un George Orwell entre autres — une pensée anticapitaliste. Il valide, sur le plan du régime politique, un confédéralisme reposant sur l’autogestion (socialement) et la démocratie directe (politiquement).
          L’adjectif « conservateur » est là pour plusieurs raisons dont celle qui entend distinguer un certain anarchisme authentique — en n’oubliant pas les motivations des tous premiers socialistes (dits utopiques) et même si ensuite, qu’on le veuille ou non, il existe, en vérité, des anarchismes — du libertarisme trop assimilé à la culture progressiste contemporaine qui cherche à justifier l’ensemble des mutations — toujours plus irrespectueuses de la nature et déshumanisantes — du capitalisme.
          Rien à voir, donc, avec une posture pseudo-éthique qui viserait à « ne surtout rien changer » de l’organisation économique et politique mondiale actuelle. 

          • 2 votes
            gerfaut 26 juin 2015 12:21

            N’ importe quoi cet article, ou quand un gauchiste essaie de réfléchir pour recaser ses idées. Le prince des voleurs est une exception rarissime quasiment légendaire, c’ est plutôt une affaire de style, de qualité d’ homme.


            Dans la mafia on ne touchait pas les femmes ni les enfants, et bien tout ça, c’ est fini. Mais le reste du temps, on exploitait les prostituées, on dealait de la came, on rackettait le commercant. Non, c’ étaient des princes on vous dit. Dans le Parrain, il y a une réunion au sommet, même le Parrain se fait tirer dessus parce qu’ il s’ oppose à la drogue qui va tout ravager.

            Que voulez vous quand il y a des milliards à se faire, les hommes sont de tout temps les mêmes...

            • vote
              Anthony Michel Anthony Michel 26 juin 2015 19:38

              @gerfaut

              Vous trouverez logique que, à l’intérieur d’une critique commençant par « n’importe quoi », j’attende particulièrement des arguments derrière... D’autant qu’il faudrait se mettre d’accord avec Auxi... Mon propos serait celui d’un gauchiste qui, en même temps, défendrait « l’ordre établi »... Quoique, selon moi, ce qu’on appelle en général la gauche aujourd’hui défend, en effet, l’ordre établi. Je peux vous assurer alors qu’elle n’est pas mon amie.

              Le Prince des voleurs est, effectivement, une légende. Et alors ? De ce fait, on ne peut l’évoquer ? Les légendes, c’est pour les gogos ? Faut-il être à ce point matérialiste, de nos jours, pour être philosophiquement crédible ?

              Il s’agit d’évoquer brièvement, dans mon article, la hiérarchisation de la délinquance selon sa capacité de nuisance, directe ou indirecte, sur le peuple. Directe ou indirecte selon comme le vit le peuple lui-même. Ainsi, si aujourd’hui on me vole mon porte-monnaie, je suis effectivement moins riche et je perds une petite partie de mon « pouvoir d’achat ». Mais, sur le long terme, à moins que je me trimbale avec des milliers d’euros sur moi, quel est l’effet de cet acte sur mon budget par rapport à une nouvelle loi antisociale validée par l’oligarchie libérale et malmenant mon droit au travail et/ou au chômage ? (En passant, cette loi peut constituer elle-même une forme de vol.)
              Ainsi, s’il est compréhensible qu’un homme ordinaire se mette davantage en colère après qu’on lui ait piqué son porte-monnaie plutôt qu’après avoir lu la dernière nouvelle sur une mesure gouvernementale fort injuste, on peut quand même se dire que, pendant ce temps-là, le pouvoir économique et politique en place a encore de beaux jours devant lui.
              Ainsi, si l’on s’intéresse à ce qu’on appelle en général la « petite délinquance » — toujours extrêmement regrettable car elle segmente la conscience de classe et fragilise donc le combat à mener contre la « grande délinquance » —, on peut se demander ce que signifie, pour l’oligarchie libérale actuelle, un individu qui « se comporte correctement », autrement dit un individu intégré.
              Jean-Claude Michéa — dans L’Enseignement de l’ignorance (et c’est déjà ce livre que je cite dans l’article) — nous donne quelques pistes là-dessus. Il y a :
              « l’intégration à une société » dans son sens profond (société décente), c’est-à-dire « la capacité pour un sujet de s’inscrire aux différentes places que prescrit l’échange symbolique » (ce qui nous ramène à l’esprit du don) ;
              – « l’intégration au système capitaliste » (avec sa motricité libérale) qui n’attend pas particulièrement de ses sujets qu’ils partagent un certain corpus de valeurs reposant sur l’entente (telle la politesse) ou l’entraide. Car la délinquance sous-prolétarienne des banlieues modernes – donc ghettoïsées – « est infiniment mieux intégrée » à ce précédent système « (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l’exploitation à l’intérieur de ces quartiers expérimentaux que l’État lui a laissés en gérance ». Autrement dit, l’ambition de cette délinquance n’est pas « d’être la négation en acte de l’économie régnante ». Au contraire, en faisant notamment l’apologie de l’argent facile mais aussi des filles faciles – toute une culture rap y aidant –, ses membres aspirent à être « les golden boys des bas-fonds ». Donc si cette délinquance « est, visiblement, très peu disposée à s’intégrer à la société, c’est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société »
              D’où alors, sans une once d’ironie, mon article visant à dire qu’il valait mieux ce « hors-la-loi d’autrefois », plus respectueux de certaines coutumes entretenant l’entente et l’entraide dans la vie privée, tout en étant dans un rapport d’opposant plus consistant — et plus « anarchiste » mais là je mets des guillemets — à la coercition étatique.

            • vote
              gerfaut 27 juin 2015 12:37

              @Anthony Michel
              Houlà, le baratin...

              Il n’ y a plus de gentlemen cambrioleur, parce qu’ il n’ y a plus de piano chez les gens. Ca fait trop bourgeois, comme disait Mao qui a dit qu’ il fallait balancer par la fenêtre tous les pianos, les robes de mariées, et les bibliothèques. C’ est ça la révolution des gauchistes, faut assumer.

              Plus de pianos, plus moyen de laisser un mot sur le piano.


            • vote
              Anthony Michel Anthony Michel 27 juin 2015 20:53

              @gerfaut

              Répondre à des commentaires commençant de telle façon relève exclusivement, à un moment donné, de la charité chrétienne... Surtout quand manifestement — vu le hors sujet total — il s’agit d’en être resté à la vidéo... 


            • vote
              gerfaut 27 juin 2015 22:57

              C’ était dit pour rire



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