Michel Collon interdit de conférence à Paris par la CGT
Le Collectif de syndicalistes antifascistes Missak et Mélinéea a réussi à faire interdire une conférence du journaliste indépendant Michel Collon à la Bourse du Travail à Paris le 9 novembre 2011. Voici le communiqué de ce collectif :
Le Collectif de syndicalistes antifascistes Missak et Mélinée se félicite de la décision des syndicats gérant la Bourse du Travail de Paris et de la CGT d’avoir annulé la conférence prévue avec l’intellectuel confusionniste Michel Collon. La venue d’un tel personnage aurait en effet donné un très mauvais signe aux militants – souvent sincères, hélas ! – qui se laissent abuser par les thèses confusionnistes, à l’heure où l’extrême droite cherche à séduire tout un pan du mouvement ouvrier par l’adoption de discours à caractère social.
Or, l’extrême droite sous toutes ses formes et ses amis – même lorsqu’ils se revendiquent de ce même mouvement ouvrier – ont toujours été les ennemis de la classe ouvrière. Les oripaux sociaux qu’ils aiment adopter ne doivent pas cacher leur seule ambition : se mettre au service des dominants afin de sauver la domination, en particulier lorsque cette dernière entre en crise. Cela s’est déjà vu par exemple dans les années 1930, et c’est à ce phénomène que nous sommes de nouveau confrontés aujourd’hui.
Il s’agit pour le mouvement ouvrier d’en prendre la mesure, et l’annulation de la conférence du faux ami Michel Collon nous semble envoyer un signe fort en ce sens et constituer le premier pas vers une prise de conscience que nous espérons générale, dans la mesure où Collon, loin d’être aussi insignifiant qu’on peut à première vue le penser, est un symbole de ce confusionnisme malsain qui profite à l’extrême droite et un intellectuel encore malheureusement très écouté dans certains milieux militants.
Michel Collon, grand défenseur de la liberté d’expression, entend porter plainte à notre encontre : tant mieux, cela permet de mettre à jour toute la duplicité du personnage et de faire tomber le reste de masque qu’il lui restait à tomber depuis son soutien à des régimes autoritaires et son ralliement à l’initiative de négationnistes reconnues. Nous nous réjouissons de l’excuse avancée pour cette plainte qui montre bien la sincérité militante du personnage : nous aurions fait perdre des sous à ce vil marchand de tapis, qui a dû vendre les quelques bouquins qu’il avait emportés avec lui sur le trottoir devant une Bourse du Travail fermée. Le fait n’a en tout cas pas manqué de nous amuser !
Merci à la CGT et à tou-te-s les militant-e-s syndicaux-ales qui ont contribué à cette victoire, qui en amènera d’autres !
Collectif Missak et Mélinée
Cette action contre Michel Collon s’inscrit dans un mouvement plus large, lancé depuis quelque temps par une myriade d’antifascistes autoproclamés, qui ont pourtant des méthodes éminemment fascistes. Leur objectif affiché : priver de liberté d’expression leurs adversaires politiques. En rupture totale avec la démocratie et son débat contradictoire, ils se vivent comme des guerriers, qui doivent écraser leurs ennemis, dans une véritable lutte à mort. Extraits de leur prose :
La question qui se pose aujourd’hui à tout prolétaire en lutte menacé par la montée du fascisme est donc simple : comment faire taire les bourgeois et les fascistes, comment détruire ou neutraliser les moyens de propagande de l’ennemi ?
La « liberté d’expression » doit être détruite, au même titre que toutes les libertés bourgeoises, il ne s’agit pas de les reprendre pour nous, c’est impossible.
Le monde que nous voulons sera celui de la liberté d’apprendre, de la liberté d’accès à la vérité scientifique, celui de la liberté de réflexion, qu’entrave nécessairement la liberté d’exprimer des mensonges, de manipuler le prolétariat en laissant libre cours aux manipulations des charlatans de l’irrationnel.
Reconnaître à nos ennemis le droit de s’exprimer, c’est leur reconnaitre le droit de gagner la bataille : car les mots sont des armes mortelles. (...)
La révolution, c’est nécessairement bâillonner la bourgeoisie et ses alliés fascistes. (...)
Les soldats perdus de l’extrême gauche qui défendent la liberté d’expression des fascistes sont des soldats quand même, au service des généraux de l’extrême droite.
Etre liberticide c’est une nécessité, faire fermer leur gueule aux fascistes une priorité vitale.
Dans le collimateur de ces antifas aux méthodes fascistes : ReOpen911, Alain Soral, Dieudonné, Michel Collon, Jean Bricmont, Etienne Chouard, Thierry Meyssan, Jean Robin, Pierre Jovanovic, Michel Drac, Olivier Mukuna, Independenza WebTV, Pierre Hillard, Noam Chomsky, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Pierre Chevènement... entre autres (la liste est très longue). Tous seraient des fachos, des suppôts de l’extrême droite, ou alors des traîtres à la cause prolétarienne, car trop ouverts vis-à-vis des ennemis, trop démocrates en somme.
Cette lutte a aussi pour terrain de jeu Internet, où deux conceptions s’opposent : d’un côté, les "naïfs" démocrates (dont je me revendique), qui aspirent au débat entre tous les citoyens, quels que soient leurs défauts (de notre point de vue) ; de l’autre, les "antifas" authentiquement fascistes, qui veulent ouvertement en finir avec la liberté d’expression, et imposer leur dogme à tous - avec la force si nécessaire.
"La liberté d’expression ne vaut que si elle est partagée par tous", dit souvent Jean Robin... Nos antifas révolutionnaires veulent la liberté d’expression pour eux seuls. Le comble de leur délire : s’être acharné sur Etienne Chouard, qualifié de facho conspirationniste : un comble, pour le promoteur le plus zélé de la démocratie et du débat apaisé.
Tags : Démocratie Liberté d’expression
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