Zemmour : il y va (tribune libre)
Zemmour : il y va
J'avais déjà développé la question (ici : https://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/qui-va-torpiller-la-candidature-88701) en abordant les problèmes mais aussi les arguments plaidant en faveur d'une candidature Zemmour mais il est temps de se positionner et prendre le risque de le dire : Oui, il va y aller. Les signes avant-coureurs se multiplient en ce sens comme je vais tenter de le développer ici. D'abord il y a sa présence depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux (tik tok, twitter...) d'où il a toujours été absent et dont il s'est toujours déclaré indifférent pour ne pas dire hostile. Deuxièmement son nouvel intérêt pour l'économie qui en est un autre tout aussi fort. Mais il y en a d'autres comme nous allons le voir ci-après...
Ceci est donc un article d'anticipation : Zemmour sera candidat en 2022 et nous allons essayer d'examiner ici les conséquences de cela. Mais d'abord faisons un état des lieux de la situation qui se profile. D'abord, voici la liste de ceux qui ont déjà annoncé qu'ils se présenteraient en 2022 ou dont il paraît évident qu'ils se présenteront eu égard à la tradition de leur parti politique. Par exemple Lutte Ouvrière a toujours présenté un candidat, non pas pour l'emporter – c'est un parti qui prône la révolution du prolétariat... autant dire qu'ils ne croient absolument pas dans les processus électoraux et ceux-ci ne leurs servent que comme tremplins de recrutements de nouveaux militants qu'ils forment pendant des années, en attendant des jours meilleurs . Pour d'autres formations, eu égard à leur poids politique, ils mettent un candidat systématiquement car les Présidentielles sont les plus importantes élections pour une formation politique française. Je les ai classé en partant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite.
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Le candidat de Lutte Ouvrière donc, vraissemblablement sa porte-parole Nathalie Artaud mais pour ce parti que le grand public ne connaît quasiment pas, la personne n'a strictement aucune importance en soi. Cela pourrait être aussi bien Jean-Pierre Mercier mais ce ne sera jamais une des têtes pensantes de ce réseau.
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Un candidat NPA.
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Un candidat EELV (que je nomme LS, voir plus loin), Yannick Jadot vraisemblablement...
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Côté LR (que je nomme également LS) : Xavier Bertrand : Le président des Hauts-de-France a annoncé sa volonté de se porter candidat à la présidentielle 2022, sans passer par une primaire de la droite. "Oui je serai candidat", a-t-il annoncé le 24 mars 2021 au journal Le Point s'affirmant "totalement déterminé". Cela vaut ce que cela vaut bien entendu mais que ce soit lui, Valérie Pécresse, François Baroin ou Wauquiez, la droite dite républicaine présentera un candidat
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Macron ou un.e autre (LREM = LS) : le chef de l'Etat n'a jamais indiqué qu'il se contenterait d'un seul mandat et ses proches ont même été sensibilisés à la manière de préparer le terrain pour lancer une nouvelle campagne pour 2022. Il y a de fortes chances qu'il se représente, d'autant que l'oligarchie n'a pas vraiment de nouvelle figure. Ici j'utiliserai l'acronyme LS (Le Système) pour qualifier Macron tant sa personne importe peu au fond. Ce sera lui ou un autre mais cela ne changera rien
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Un candidat LFI, vraisemblablement Jean-Luc Mélenchon
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Marine Le Pen dont Jacques Attali annonce déjà l'élection...
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Nicolas Dupont-Aignan
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Eric Zemmour
Voilà pour les principaux. Nous passons sur tous les autres candidats eu égard à leurs scores et notoriétés confidentiels (les Cheminade, Asselineau et autres), sur celui éventuel du P.S. dont tout le monde se moque et sur les candidats exotiques qui s'invitent traditionnellement à l'élection. J'ai placé NDA plus à droite que MLP (ce qui n'est pas dur vu que MLP est économiquement de gauche et sur la question de l'immigration ou de l'UE clairement bien plus... conciliante) mais avec Zemmour et sur les question régaliennes, ils sont peu ou prou sur la même ligne et nous allons voir que c'est un véritable problème et sans doute même la stratégie de LS.
Maintenant, observons un peu les possibilités et les publics visés. Voici la répartition de la population française :
Groupes d'âges (2020)
64,9 |
51,6 |
Avec environ 800 000 individus nés chaque année, dans 1 an, nous aurons 2,4 millions d'individus de moins de 20 ans en âge de voter et fraîchement sortis du moule à gauche (si vous me permettez ce petit jeu de mot) qu'est l'Education Nationale.
Maintenant la première problématique que la candidature Zemmour pose est que nous allons donc nous retrouver avec 4 candidats à « droite » dont 3 très proches sur un même créneau. Nous allons nous baser sur les données de 2017, car elles sont objectives et permettent de cartographier l'électorat et les tendances assez claire selon cinq grandes dimensions :
1/ D'abord la CSP des votants, un paramètre essentiel. L'électorat varie fortement en fonction des catégories socio-professionnelles. En 2017, le monde ouvrier s'est ainsi largement tourné vers M. Le Pen (MLP), qui a réalisé un score de 37%, loin devant Jean-Luc Mélenchon (JLM) (24%), catégorie dans laquelle Macron (EM) n'a guère séduit (16%). À l'inverse, le leader "En Marche !" a été majoritairement plébiscité chez les professions intermédiaires (26%) et surtout chez les cadres (33%) distançant largement François Fillon (FF) (20%), JLM (19%) et MLP (14%). EM a dominé chez les foyers gagnants entre 2.000 et 3.000 euros (25%) et encore plus chez les foyers gagnant plus de 3.000 euros (32%) alors que JLM et MLP ont été largement en tête chez les foyers gagnant moins de 1.250 euros (respectivement 25% et 32%) et EM troisième à seulement 14%. Si l'on fait un peu de projection, avec l'appauvrissement d'une partie grandissante des Français, cette polarisation par CSP devrait logiquement s'amplifier. C'est, entre autres, elle qui explique que MLP soit à la limite d'être donnée gagnante au second tour pour 2022. Et cela est sans compter la grogne sur les retraites, les GJ, la révolte feutrée des Généraux, le ras-le-bol de plus en plus grand du phénomène 3IT (Immigration-Islam-Insécurité-Terreur) sans même parler de la crise éco consécutive à la sanitaire.
2/ Le deuxième paramètre est l'âge : Ainsi, en 2017, les jeunes de 18-24 ans se sont, en grande majorité, tournés vers JLM (30%). Ce n'est en rien un hasard si l'âge des primo-votants n'a eu de cesse d'être baissé et que certains politiques ont même évoqué l'idée de le fixer à 16 ans. La présidente de ce qu'était alors le Front National, deuxième, n'a obtenu que 21% des voix. Mais avec l'âge, cela change. Selon Opinionway, les 18/34 ans ont été 25,7% à avoir voté pour MLP contre 24,6% pour JLM et 21,6% pour EM. Ipsos a donné des chiffres légèrement différents mais du même ordre (30% JLM chez les 18-24 ans devant MLP 21% et Macron 18%). A noter aussi qu'avec 12%, Benoît Hamon, le pourtant fantomatique candidat du PS avait obtenu son meilleur score chez les 18/24 ans. En clair, les jeunes sont formatés à être de gauche et comme la démographie évolue (cf. 4ième facteur), ceci va probablement s'accentuer. À l'inverse, chez les plus de 60 ans, la population a majoritairement voté en faveur de FF. D'une courte tête chez les 60-69 ans mais très largement chez les 70 ans et plus, 45% des personnes ont choisi l'ancien premier ministre, 27% EM et seulement 10% pour MLP et 9% JLM. 41% des 65 ans et plus ont voté en 2017 pour l'ancien premier ministre selon BVA et OpinionWay, devant EM à 27%. Ipsos a également relevé que les plus de 70 ans sont 45% à avoir glissé un bulletin Fillon.
On le constate : à la première fracture qui est celle du pouvoir d'achat s'en superpose une seconde qui est générationnelle (et il se trouve qu'en général, plus on est jeune et moins on est à l'aise financièrement). Je pense que LS (comprendre LREM-LR-PS-Pastèques) mise clairement sur cet électorat urbanisé, âgé et aisé ou, à tout le moins confortable mais également sur les 2 autres qui suivent
3/ Le troisième paramètre est la taille des villes concernées. Là aussi les résultats diffèrent en fonction des zones d'habitation. Le monde rural a ainsi davantage plébiscité MLP (23%) devant EM (21%), FF (19%) et JLM (18%) et le constat était similaire dans les villes de moins de 20.000 habitants et tout laisse penser que cette tendance sera accentuée en 2022 tant c'est le monde rural qui paye le plus lourd prix de cette gestion de crise calamiteuse. La crise des GJ a du également laisser des traces... En revanche, en 2017, le rapport de force s'inversait dans les communes de plus de 20.000 habitants. EM (26%) y dépassait la fille de Jean-Marie (24%) et ce court écart se creusait encore davantage à mesure que nous allions vers des métropoles. En agglomération parisienne où la présidente du FN a même été relayée en quatrième position, derrière EM (29%), FF (25%) et JLM (19%). A Paris, un cas particulier, certes elle a même fait un score minable (7% de mémoire). Mais l'on constate que les autres métropoles (Grenoble, Nantes, Lyon, Lille, etc) sont elles aussi bien souvent aux mains d'écolos, socialistes ou de droite dite républicaine, bref, des gens qui sont bien ancrés dans le système et que les populations de ces aires urbaines plébiscitent.
4/ Le quatrième paramètre et à mon sens le plus crucial et tabou est... le vote en fonction de la religion :
En 2017, 54,9% des catholiques "réguliers" ont choisi FF selon Opinionway (51% chez Ipsos) mais ce chiffre important (qui ne représente pas la masse des personnes qui se disent catholiques) tombait à 37,8% chez les catholiques moins pratiquants (28% chez Ipsos). Il faut aussi signaler que l'ancien premier ministre était soutenu en 2017 par Sens commun, collectif issu de la Manif pour tous. Or en 2022, le candidat LR n'aura pas ce passif mais, on le voit nettement : les catholiques votent pour des catholiques (ou du moins des gens qui prétendent l'être ou affichent leur attachement à la France catholique et EZ l'a bien compris...). C'est également un vote conservateur sur le plan des valeurs, ce qu'un juif comme EZ incarne tout autant. Je pense qu'EZ va récolter cet électorat en bonne partie. Le vote juif est résiduel mais globalement assez conforme au reste de la population. Je ne le développe pas ici car nous parlons ici de 500 000 individus et de probablement environ 400 000 personnes en âge de voter donc... de pas grand monde.
Plus intéressant encore est le vote musulman. Pour la présidentielle de 2012, selon le site MuslimPostles, les « Franco-musulmans » (on appréciera au passage la mise sur le même plan de la nationalité et de la religion...) réclamaient « la tête de Sarkozy » et... ils l’ont eue. Selon une étude du corps électoral OpinionWay et Fiducial, sur 10 000 votants musulmans, 93 % auraient glissé un bulletin François Hollande dans leur enveloppe afin de « nettoyer au Kärcher » celui qui était jugé hostile aux musulmans. Le PS a pu aussi s’en rendre compte aux municipales à Marseille, comme l’explique Jérôme Fourquet directeur á l’IFOP. Une « évaporation massive » du Parti socialiste qui s’observe principalement là où la population franco-musulmane est nombreuse. Le directeur de l’institut de sondages conclut : « C’est donc bien cette clientèle électorale-là qui a lâché le PS aux municipales à Marseille » faisant ainsi gagner la droite. En 2017, les conseillers du candidat Macron ne s'y sont pas trompés : sa sortie (immonde de traîtrise) à Alger où il a qualifié l’époque coloniale de « crime contre l’humanité » a clairement rallié le soutien du pouvoir algérien et soulevé en France des promesses de votes inespérées : il a ainsi obtenu 92% des suffrages exprimés par les pratiquants musulmans au second tour alors que 67% des suffrages exprimés par les protestants et 62% pour les catholiques l'auraient plébiscité. Nul doute qu'il va multiplier les appels du pied à cette communauté très homogène dans son positionnement politique, à savoir voter pour le plus islamo-compatible.
Alors que tirer de tout cela ?
D'abord, je réaffirme que Zemmour va y aller. Et il le dit quasiment lui-même dans ce débat à la minute 54'30'' : « Ce que JE VEUX, c'est retirer les droits... ». Il le redit vers la 63ième minute avec ce "je souhaite que...", soit un pur discours de candidat. Il affirme aussi un « il y a aussi d'autres thèmes... » et il paraît absolument évident que les quatre mots absents de ce segment de phrase sont « de la campagne présidentielle ». En clair Zemmour est bel et bien en campagne et à mon sens, il ne fait plus aucun doute (ou presque) qu'il va y aller.
Une deuxième remarque : ceux qui estiment que « MLP fait partie du système » se trompent et confondent en réalité la manière dont LS utilise MLP et MLP elle-même. Le fait est que depuis plusieurs décennies, le FN/RN a bien été utilisé par LS pour, à la fois torpiller le camp souverainiste de droite et à la fois pour se maintenir par la suite avec une alternance droite/gauche bidon qui a aboutit sur l'arnaque En Marche. Il (RN), elle (Marine) le seront probablement encore en 2022. Dupont-Morretti a par exemple indiqué récemment qu'il se présentait localement pour « chasser le RN ». C'est un exemple parmi des dizaines d'autres de ce qui est à la fois une obsession (battre le RN, « faire barrage »... parce que certains membres de LS sont convaincus sincèrement que MLP et les idées du RN sont dangereux. Ces gens le pensent vraiment.) et à la fois une stratégie électorale : LS compte bel et bien encore sur la présence d'une candidate MLP, d'autant plus qu'ils savent ce qu'elle vaut, notamment en débat et sont cnscients de l'atout incroyable qu'il y a à se retrouver en face d'elle, même si les choses ont un peu évolué. Et c'est là qu'intervient pour eux la nécessité d'une candidature EZ.
Avec lui, nous allons nous retrouver avec 3 candidats positionnés sur un même créneau. NDA devra donc probablement renoncer ou s'allier avec EZ car face à deux poids lourds, ses 6-7% n'auront plus beaucoup de sens, bien qu'il soit objectivement le candidat le plus calibré pour le poste de par son expérience, ses compétences, ses capacités de rassembler au 2nd tour. Il n'est pas impossible non plus qu'EZ se rapproche de DLF pour disposer d'une structure pour sa campagne même si, cela aussi est un changement qu'à très bien illustré Macron : les partis politiques ne sont plus aussi fondamentaux que par le passé et surtout pour les Présidentielles.
Maintenant, même si EZ et MLP se maintiennent tous les deux, le risque de dispersion demeurera et c'est, à mon sens, ce que veut par-dessus tout LS selon la bonne vieille stratégie mitterandienne des années 80. Une partie de l'électorat qui vote au 1er tour et par défaut pour MLP se reportera sur EZ qui bénéficiera en plus d'un électorat de droite LR (surtout face à des X. Bertrand, Pécresse et autres insignifiants). Il ne prendra probablement pas beaucoup de voix à MLP chez les classes populaires, électeurs traditionnels du RN mais, côté droite conservatrice, il va se régaler.
Maintenant, il y a tout de même quelques problèmes dont LS est parfaitement conscient (raison pour laquelle il est mis en avant). D'abord l'image de EZ (et l'on sait à quel point cela compte). Perçu comme un phallocrate pour ne pas dire misogyne, EZ sera probablement boudé massivement par ces dames. Et c'est la cinquième fracture dont je n'ai pas traité précédemment mais qui est toute aussi évidente : femmes / hommes. Si le paramètre du sexe ne fût pas spécialement déterminant en 2017 même si, sans surprise, Macron a davantage séduit l'électorat féminin (25%) en 2017 que FF (21%) ou MLP (20%), avec tout le contexte des années 2017-2022 (MeToo, Balance Ton Porc, les afro-féministes, les fameux "féminicides", etc) un EZ déjà perçu négativement par le deuxième sexe va probablement contribuer à accentuer cette fracture. En outre, EZ est littéralement détesté par une écrasante majorité des membres de la « minorité » afro-musulmane et immigrée et l'on a vu à quel point cette "communauté" vote de manière quasi homogène. Cela sera d'ailleurs un de ces axes de campagne à travailler (comment gratter un peu de cet électorat si tant est que cela soit possible ?). Enfin, comme on l'a vu, le boomer est un conservateur ultra frilleux : il se fout assez largement que le pays devienne invivable puisque lui y échappe. Tant qu'on ne touche pas à sa retraite, pas trop à son Europe et surtout pas à son porte-feuille, il remet sa pièce pour LS (ce que d'autres appellent aussi « centre-droit » et qui est un mondialisme). Donc ce sera également un électorat à aller chercher, électorat qui est tout de même largement plus à droite qu'à gauche, même si une bonne partie de cette génération semble politiquement perdue pour toujours. Quant aux jeunes, il paraît évident que la démographie aidant (en clair une augmentation de la population d'origine immigrée) et le formatage à gauche des jeunes aidant encore moins, EZ ne récoltera probablement pas grand chose chez les 18-22 ans mais sans doute davantage chez les 22-35 ans. Son arrivée sur les réseaux sociaux n'est en rien un hasard...
Bref, il reste deux possibilité.
La première est un duel LS-MLP, avec cette dernière trop affaiblie (par la candidature EZ) au 1er tour pour l'emporter. Une campagne électorale est également un parcours du combattant et MLP n'a sans doute plus l'entourage qu'il faut pour prendre les bonnes décisions. En outre elle sera défiée sur un terrain qu'elle a en réalité abandonné depuis des années (le terrain initial du FN : l'insécurité, l'immigration, le fiscalisme, etc). Car là pourrait bien se jouer l'élection (comme les précédentes d'ailleurs : Hollande a battu Sarkö ainsi et Macron MLP de même). C'est l'énorme tabou en France mais les chiffres déjà énoncés sont sans appel. MLP semble avoir compris que contrairement aux autres religions, le vote musulman est ultra polarisé en fonction du discours et des avancées pour l'islam que propose le candidat. Voilà sans doute pourquoi elle clame depuis plusieurs mois que l'islam est parfaitement compatible avec « la République ». Il y a néanmoins peu de chances que cela suffise, le nom Le Pen étant dans l'inconscient collectif extra-continental et islamique associé à « hostilité anti-immigrés /islam », « guerre d'Algérie », « torture », « colonisation », etc. Elle pourrait se convertir que cela n'y changerait probablement quasi rien. Et pour EZ, c'est encore pire puisqu'il n'a jamais mâché ses mots sur l'incompatibilité de l'islam avec la France et l'Occident en général et la problématique de l'immigration. Autant dire que LS raflera une fois de plus la mise de cet électorat qui a mécaniquement augmenté entre 2017 et 2022, notamment avec pas mal de jeunes (même si ces derniers votent peu...). Dans l'hypothèse d'un second tour LS-MLP avec un EZ au premier tour, LS a plus de chances de l'emporter (même avec un ralliement d'EZ à MLP entre les deux tours) pour toutes ces raisons : frilosité des boomers, rejet des « minorités », barrage républicain, etc, LS l'emportera et c'est très probablement le pari etleur stratégie. Le roublard Attali le sait très bien...
La seconde est un duel LS-EZ. En effet, et c'est avis personnel, je ne pense pas qu'EZ soit dans LS (ni MLP d'ailleurs, colmme déjà dit) ni que tout cela soit un jeu dans lequel il agirait consciemment pour torpiller l'élection de MLP. EZ connaît parfaitement les rapports de force de ce milieu, les appuis qu'il faut avoir (et il en a un de poids avec Bolloré). Je pense également qu'il existe une véritable opposition entre le souverainiste qu'il est et les globalistes d'en face, même s'ils peuvent parfois sortir de la même crèmerie. Bref, sachant qu'EZ aura 0% ou presque du vote musulman, très peu d'adhésion chez les jeunes, peu chez les femmes et minorités de part son discours (et probablement les affaires d'agressions sexuelles que LS commence à sortir... ça aussi peutêtre interprété comme un signe : LS a besoin de lui mais il a besoin aussi qu'il ne soitpas trop fort) et sachant aussi qu'il pourrait récolter l'intégralité des opposants et cocus de la macronie (moins une partie de la gauche), la victoire d'EZ serait donc possible et même probable. C'est probablement ce que lui ont expliqué ses conseillers et c'est aussi une raison de poids qui explique qu'il va y aller.
Mon hypothèse est donc que LS cherche bien à faire monter EZ selon la même méthode (gagnante) de Mitterrand avec le FN consistant à torpiller la droite en la divisant et en empêchant de s'unir... sauf que là, ce n'est plus la droite qui a déjà ralliée le parti unique en bonne partie mais "l'extrême-droite" qu'il faut tuer. Mais encore une fois, il est une erreur que de croire que ce que désire LS implique que les acteurs de ce théâtre soient nécessairement acquis à ce même système.
Le hic est que les deux candidats ont des faiblesses de taille. EZ n'a aucune expérience politique (pas même un mandat de conseiller municipal). Toute sa vie il n'a été qu'un journaliste, polémiste et essayiste/ Par contre l'on peut clairement observer le virage qu'il tente d'entreprendre : Dans son débat récent avec Attali et de plus en plus, il tente se positionne sur les questions économiques afin de refaire son retard. Il indique aussi clairement que la sortie de l'€/UE serait un « pire désastre » que le maintien pour rassurer tout ce pan de l'électorat très actif que sont les boomers et mondialistes urbains. Cet intérêt nouveau pour l'économie (et un positionnement clairement anti-étatiste au sens bureaucratique, technocratique et favorable à un libéralisme raisonnable) sont également des éléments qui confirment qu'il va se présenter. Il a très bien compris que le sujet €/Europe était clivant et donc l'évacue. Bref, EZ a bien commencé à faire de la politique politicienne. Deuxième gros problème d'EZ : c'est un personnage public ultra clivant avec, d'un côté des gens qui l'apprécient parce que lui peut dire ce qui est interdit à d'autres, et d'autres qui le détestent. Le problème est qu'un Président, en France, pour le Français moyen et même si ce dernier a changé de visage ces dernières décennies, se doit d'être « rassembleur » afin de rassurer à la fois les « marchés » (comprendre ceux qui dirigent vraiment et qui sont tous mondialistes), les normies, boomers, jeunes, femmes et « minorités ». Tel semble être un de ses principaux objectifs depuis « la convention de la droite » : se déradicaliser tout en gardant ses idées et son sens du tragique.
La seconde, MLP, est en situation d'échec en terme de gestion de son propre parti, parti qui s'est vidé de nombreux militants et cadres depuis des années. Elle a même annoncé qu'elle allait prochainement le quitter... Même au sein de la patriotosphère, nombreuses sont les voix qui affirment en avoir soupé avec la famille Le Pen.
Quel est l'intérêt de LS ? Résolument que les deux y aillent. Quel est celui des Français ? Qu'ils s'allient et qu'un seul y aille.
Tags : Elections Eric Zemmour
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