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iakin 30 octobre 2011 17:50

Salut Walid, et les autres aussi !
 
Je suis d’accord sur l’histoire de la poule et de l’œuf, entre démocratie et répartition des richesses. Il me semble aussi que les deux ne peuvent se construire que conjointement.
 
Ce que je dénonce justement, quand on me lit entre les lignes, c’est la tendance qui consiste à croire que la démocratie seule suffira à faire naître une société plus juste, et donc le refus de corréler directement la promotion de la démocratie institutionnelle à un projet économique et social, en pensant que la seconde viendra spontanément avec la première, ou bien, pire encore, prétendre qu’il y a du stalinisme ou du fascisme à proposer un projet de société avant qu’une vraie démocratie ait été instaurée.
C’est à mon avis la pente qu’est en train de prendre une partie de la droite qui, à mon avis, constate l’échec pâtant du libéralisme et met désormais en tête de gondole des propositions sur des réformes démocratiques pour cacher, parfois sans se l’avouer, une absence de véritable réflexion sur l’économie.
 
Car il ne faut pas se tromper sur l’intérêt de la démocratie, ce n’est pas une chose bonne "en soi", la souveraineté populaire par le vote majoritaire est juste un moyen, le meilleur à priori, que nous ayons trouvé pour trancher l’intérêt général, et une manière d’émanciper les peuples.
Mais cela ne veut pas dire que la démocratie a toujours raison. Dans une société, complètement hiérarchisée, où la majorité des gens sont dominés, les ressources concentrés dans les mains d’une minorité, et le tout en crise, comme c’est le cas actuellement, il n’y aurait rien de surprenant je pense à ce qu’une démocratie directe donne naissance à des lois rétrogrades et fabrique une ambiance totalement réactionnaire qui s’auto-alimenterait parce qu’il deviendrait soudainement impossible de la dénoncer sans être traité de fasciste qui s’oppose à son propre peuple.
Dans les situations catastrophiques c’est là où les effets de groupe et le suivisme sont les plus forts, et la majorité sauterait certainement sur la première solution qui lui semblerait régler ses problèmes, même si cela se fait au sévère détriment d’une minorité ou des peuples voisins.
Je pense qu’il faut cesser avec cette naïveté qui consiste à croire que la crise est le meilleur moyen d’inciter les gens à repenser entièrement le système.
 
Bon, j’espère ne pas passer pour un salaud avec tout ça, mais voilà à mon avis le risque qu’il y aurait à ce qu’un compromis soit passé entre différents courants politiques qui aboutirait à réformer en profondeur uniquement les institutions politiques, sous peine de ne pas avoir réussi à se mettre d’accord sur un projet social et des principes fondateurs.
 
D’où mon désaccord avec toi, si j’ai bien compris ce que tu dis (ce dont je ne suis pas sûr) sur la poule et l’œuf à propos des idéologies politiques.
 
Je suis non seulement extrêmement sceptique vis-à-vis d’une alliance ou d’un dépassement du clivage gauche-droite (que beaucoup souhaitent de leurs vœux, avec beaucoup de bonnes intentions d’ailleurs, ce qui les amènent à prendre pour des ennemis ceux qui n’en veulent pas) et encore plus à tous ces mots d’ordre extrêmement à la mode en ce moment selon lesquels il faudrait abolir les partis, dénoncer les logiques partisanes, comme si cela était l’origine des problèmes. Il n’y aurait rien de pire, à mon avis, que de faire du peuple un grand tout, une grande masse indéfinie, sans groupe, sans association, sans parti, sans syndicat, et dont le seul intérêt serait de défendre sa souveraineté.
Les primaires socialistes que beaucoup de monde, mine de rien, ont perçu comme une preuve de courage et comme un acte démocratique... moi personnellement me glace le sang. Peu se sont aperçu que cela ne fait qu’aggraver ce que l’on reproche déjà à la politique, car si le système des primaires prend de l’ampleur et se répand dans tous les courants politiques, sous prétexte de ne pas passer pour des staliniens, qu’elle serait alors l’intérêt de militer en politique, puisque les militants seraient de toute manière représentés aux élections par des gens élus par les non-militants ? Et sans militants, qui travailleraient à construire une analyse politique et des propositions non-conformistes ?
Les élections ne consisteraient plus, définitivement, qu’à départager des gens qui portent le même projet, puisqu’ils auront tous été sélectionné par la même population.
 
En ce qui me concerne, je trouve le raisonnement socialiste limpide :
 
Les intérêts particuliers de chacun d’entre nous se superposent, et il ne peut donc pas y avoir d’épanouissement en société sans une prise en compte de l’intérêt général
-> comme tout le monde est juge et parti, le meilleur moyen de trancher les questions d’intérêt général est la souveraineté populaire
-> il faut donc que la population puisse décider librement, c’est à dire que chacun soit constamment, et autant que possible, émancipé des relations de subordinations
 
->D’où :
 - La laïcité : les vérités révélées ne peuvent faire office de lois.
 - La socialisation des moyens de productions de première et seconde nécessité : un citoyen libre ne peut être lié à un autre pour ce qui concerne sa survie, et l’exercice de sa citoyenneté
 - La démocratie : c’est à dire les procédés par lesquels s’exercent la souveraineté populaire
Et toutes les choses qui en découlent.
 
Tout cela ne peut aller qu’ensemble, ce qui veut dire que pour un socialiste, la démocratie n’est qu’un élément de l’émancipation, et si je suis prêt à discuter de cela et à questionner ce raisonnement, je ne suis pas prêt à le troquer contre une réforme uniquement démocratique et institutionnelle (aussi légitime et intéressante soit-elle) sous prétexte que le reste ne serait qu’une logique partisane et archaïque qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui, où que ce raisonnement clive la population et qu’il faut l’abandonner si on veut mettre tout le monde d’accord.




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