Effectivement vous n’êtes pas un fanatique de l’Europe à tout prix,
mais il y a selon moi, encore une fois, un problème de timing dans votre approche de la question que je trouve en principe contre-productif,
et dommageable puisque vous avez un lectorat.
"Une fois que ceci sera fait (ndr : les réformes), il sera temps de se préoccuper de cette Europe" (En
savoir plus sur
http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-90616-leurope-leurope-leurope-1003540.php?Lx1JdFL5yGbJSD6H.99)
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Il nous faudrait peut-être avant tout nous préoccuper de nous rendre les moyens de nos politiques en faisant l’inverse, non ?
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Je ne vois pas comment une réforme des dépenses publiques
peut se faire intelligemment et sur un terme suffisant sans reprendre un réel
contrôle sur le budget, par exemple.
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"L’avenir de la France passe par sa connexion au monde, et celle-ci ne peut s’imaginer que via l’Europe qui est notre espace de proximité, et notre appartenance culturelle historique."
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Comment ne pas être d’accord avec ça ?
Mais nous sommes en Europe, nous l’avons toujours été et nous le serions toujours quand bien même nous quitterions l’Europe institutionnelle.
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L’Europe n’a pas attendu l’Europe de Bruxelles pour se faire. Cette dernière - et il faut maintenant s’acharner à souligner ce paradoxe - s’avère être un appareil redoutablement efficace pour justement détruire les valeurs et les cohésions produitent jusqu’alors par le simple modèle d’une Europe des nations en relations internationales depuis la sortie de la guerre, une Europe alors imparfaite mais viable.
L’Europe des traités est non-seulement imparfaite mais elle est en train de braquer les nations les unes contre les autres en faisant le plus valoir ses faiblesses structurelles, celles qui lui donnent les attributs d’un carcan rigide et inadaptable aux particuliers, confrontant négativement les différences là où elle devait les faire positivement se rencontrer, là où elle devait être canevas d’un tissu international souple favorisant les solidarités et les synergies.
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Et puique tout a été prévu pour que rien ne puisse être significativement modifié au niveau des fondations - d’après les concepteurs des traités eux-mêmes - sans que cela ne remette en question tout l’édifice, pourquoi perdre son temps à attendre ce qui ne peut arriver, c’est à dire une nouvelle Europe émergeant de l’actuelle mal faite ?
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Il me semble que vous seriez plus cohérent dans votre projet de réforme d’en appeler à une transition temporaire vers un modèle initial (l’Europe des nations) pour repartir vers une reconstruction intégralement repensée à partir des objectifs de cohésion et de développement de valeur culturelles et sociales, plutôt que d’espérer l’illusoire refonte à partir du socle actuel.
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En somme, un "Lâcher prise" de cette Europe mal faite pour "reprendre le contrôle", refaire une France à la hauteur de ses prétentions, une France alors d’autant mieux capable de contribuer avec ses partenaires à refaire une Europe véritablement solidaire et enrichissante pour tous.
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Réformer sans cela risquerait bien de produire des résultats qui ne feraient que donner à la privatisation de tout l’apparence de "seule alternative possible".
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Bonne continuation.
(j’apprécie tout particulièrement le point de vue anthropologique que vous prenez souvent pour traiter des sujets habituellement abordés avec une pseudo rationalité stérile.)
A ton aise, maQiavel,
on n’est pas aux pièces quand on aborde des questions aussi complexe et aussi peu opératoires.
...
je me dis que c’est dommage, vu que je partage beaucoup
d’autres de vos analyses sur la croissance, les timing, la
stabilité,etc.
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Non Robert Branche, nous ne somme pas dans une
culture de l’Europe bashing, tout du contraire. Si elle a pu aller aussi
loin dans sa construction abbérante d’un point de vue démocratique,
c’est que justement l’Europe actuelle est un phantasme plus ou moins
généralisé par des décénies de propagande devenue dogmatique. 2005 aura
été un soubresaut trop tardif.
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Avez-vous vu qu’elle a été tellement attaquée pendant sa construction que celle-ci en fut entravée ?
Lui voyez-vous de sérieux ennemis aujourd’hui, en coalition majoritaire, au niveau des dirigeants de premier ordre ??
Bien
sûr que non. Personne aujourd’hui n’est en position de sérieusement
menacer l’Europe, aucune "Cassandre" qui ne soit relayée autant et aussi
bien que les fanatiques béats (faites le compte ! : à la télé, combien
d’Attali(s) pour un Lordon ?).
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La souffrance que vous lui
diagnostiquez - parce qu’effectivement, si personne n’attaque l’Europe,
celle-ci est pourtant bien en souffrance - c’est celle due à l’attaque
autophage qu’elle se fait subir. L’Europe, monstre chimérique bicéphale,
se dévore elle-même, faute d’environnement viable.
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Etait-il
obligatoire que l’Europe devienne le seul territoire économique au monde
à être aussi perméable à tous les assauts de l’extérieur ??
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Pouvez-vous
seulement me citer une seule chose à laquelle l’Europe contribue, dans
le sens d’une amélioration de nos conditions économiques et sociales ?
Voila, quand je lis ça :
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"D’un côté, je vois des Cassandre qui ont
trouvé leur tête de Turc (ce qui est paradoxal pour une Europe qui n’a
pas franchi les Bosphores !) : ils tombent à bras raccourcis sur cette
pauvre Europe. Elle serait à l’origine de tous nos maux. Tout y passe :
agriculture, industrie, monnaie, chômage, bientôt culture, langue… Afin
de stimuler leur imagination, puis-je compléter leur liste en leur
faisant quelques suggestions : le dérèglement climatique, l’enfoncement
du Mont-Saint-Michel, les avalanches et les inondations quand il y en a,
l’incapacité à gagner l’Eurovision, l’élimination en coupe de monde du
football.
Oui, BHL. L’IEL c’est les nazis.
Et ceux qui se disent nazi, comme les membres de Svoboda, que vous avez contribué à installé au sommet de l’état ukrainien, en vrai c’est un club de naturopathes qui pratiquent l’eugénisme doux.
Robert,
Ce n’est pas ce que vous dites, non.
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Mais c’est ce qu’un discours critique de la gestion publique conduit comme raisonnement quand, d’une part, il omet de mettre les défauts de gestion en rapport avec la dépossession des leviers politiques dont devraient disposer toute collectivité justement souveraine de sa gestion publique, et quand d’autre part une autre partie de discours soutien (par ailleurs) la construction européenne telle qu’elle est, c’est-à-dire une aberration dévoyant une bonne idée pour en faire un rêve financier et un cauchemar social.
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Vous ne le soutenez pas de coeur, ce principe de privatisation, mais que vous le vouliez ou non, le raisonnement tronqué fonctionne pourtant dans ce sens-là. Car en soutenant par défaut les dépossessions et les dérégulations systématiques qu’organisent les traités européens, vous pointez le problème de la gestion publique tout en excluant contradictoirement toutes possibilités de solution.
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Il y a des défaut de gestion imputable aux incompétences d’acteurs. Mais ne vous êtes vous jamais dit que les problèmes de gestion publique s’originaient avant tout dans l’impuissance politique qu’organise l’intégration européenne ?
Cette incompétence de gestion que l’on veur essentiellement imputable aux acteurs est à observer urgemment comme un effet de structure, sans quoi les effets de toutes réformes à venir risque de ne faire que de douloureusement s’ajouter à la liste des mesures d’austérité stériles accumulées jusqu’ici.
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Robert Branche, votre combat semble louables, mais quelle marge de manoeuvre lui reste-t-il lorsque la politique monétaire ne fonctionne que contre l’inflation et contre l’emploi, que le service de la dette n’autorise que des horizons financiers à 5 ans et engouffre l’essentiel des revenus de la fiscalité destinés aux dépenses publiques, que les politiques nationaux n’ont aucun moyen de compenser les déséquilibres structuraux que produisent fatalement les réformes fondamentales avant que leurs effets positifs n’aient eu le temps de se produire... ?
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Les réformes se passeraient-elles d’une remise en question du cadre législatif Européen ? En principe, oui, elles le peuvent. Mais c’est oublier que les défauts de gestion publiques n’étaient considérés que comme des épiphénomènes avant la crise de 2008.
Ce qui a rendu censément plus crucial tout d’un coup de régler ces défauts est la crise financière et la crise économique qui a suivi - et dont l’origine est à retrouver dans les grandes déragulations qui ont éliminées les gardes-fous qui jusqu’alors limitaient la propagation des mauvaises gestion du secteur financier au secteur économique "réel".
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Les grandes dérégulations qui ont rendu tellement perméables les économies nationales ce n’est rien d’autre que les fondamentaux européens de fonctionnement. Ce n’est rien d’autre que la libre-circulation intra et extra-européenne des capitaux, cette exclusivité que ne nous envie pas les pays hors-Europe-actuelle (en dehors, donc, et pas isolés pour autant). C’est ce qui a gonflé les marchés secondaires et a éloigné toujours plus les acteurs financiers de leur rôle de financiers de l’économie dite réelle.
La fonction publique dépense mal, c’est sûr, mais au moins elle dépense et rien qu’en cela contribue à l’économie, au contraire de la finance qui ne roule plus que pour elle, en roue libre, de façon totalement irresponsable.
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"si on ne remédie pas à ces handicaps, qu’alors, on risque d’aller vers
une privatisation systématique, ce que je ne pense pas être la bonne
solution".
Vous ne pensez pas que c’est la bonne solution, et personne de censé ne le pense.
Mais en pointant les problèmes de gestion et en excluant par ailleurs le cadre de possibilité de solutionnement, vous orientez fatalement vers ce que vous affirmez vouloir éviter.
Car l’on n’avance jamais très loin sous une double-contrainte.
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J’aurais aimé continuer à vouloir espérer l’Europe intégrée, mais quand je m’aperçois du dogmatisme dans lequel cela place certains acteurs pourtant potentiellement aussi utile que vous, par exemple, le désespoir me gagne.
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J’aurais aimé aussi simplement vous remercier pour le travail que vous accomplissez malgré tout, mais vous savez ce que l’on dit des demi-vérités...
Merci gregoslurbain,
"Orwellien" est la meilleure synthèse de l’enchainement des événements.
Alors,
La réponse à Robert est : oui
La réponse à Jeanpiètre est : les entrepreneurs en réseau et les politiques en rétro.
La réponse à la question implicite est : Mais ouiiiii !! le privé gère tout mieux que le public, fonçons la tête la première dans le monde joyeux et intégral du profit et de la bonne gestion responsable en bon père de famille plein de bon sens !
En allant vérifier "hétéronomie", je suis tombé sur ça dans l’article de Wikipédia :
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"Pour Kant1, l’hétéronomie est la dépendance à l’égard de mobiles pathologiques sensibles ou d’une loi extérieure.
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Il distingue le domaine de l’hétéronomie, soumission inévitable au socius politique, de l’autonomie, capacité de se donner à soi-même ses propres lois, qui ne se conçoit valablement que dans le domaine de la liberté morale.
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Il évite d’envisager la morale comme domaine de la soumission aux normes, dans le respect des pouvoirs établis et la conformité aux exigences de la raison. Kant soutient que la Raison morale (pratique comme il dit) ne se définit pas par rapport au politique, domaine par excellence de l’hétéronomie, mais par la liberté."
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C’est intéressant car je pense comprendre à partir de ça que, dans l’extrait que j’ai cité, tu ne parles que de la liberté morale (dis-moi si je me trompe).
Or, même dans celle-ci je n’envisage pas l’humain comme autonome. L’éthique est du domaine de l’intimité, préservée de l’extérieur, mais elle ne se construirait que dans l’expérience du rapport de l’individu à son extérieur et ne peut donc se passer des autres, ne serait-ce que dans l’épreuve du bien fondé du principe éthique dont il sera pour lui question dans sa démarche de vérification.
"Si le prisme de ce paradigme
est individualiste, quel autre prisme existe il ?"
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Aucun, car la conception d’un phénomène d’engendrement réciproque n’est justement pas une lecture individualiste.
J’écrivais que par moment ta lecture était individualiste.
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"Celui qui n’attend pas la liberté comme un présent des Hommes mais
qui sait qu’elle est en lui"
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C’est par exemple dans ce passage qu’est, pour moi, nié la dynamique d’engendrement réciproque, par une négation implicite de l’"insuffisance ontogénétique" caractéristique des êtres vivants, celle qui les vouent à devoir composer avec les autres et leur environnement, même à distance.
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Cette hétéronomie qui condamne d’ailleurs les humains à devoir s’entendre un minimum avec les autres et qui inscrit les sociétés dans une logique naturelle primitive de recherche des conditions de réponse aux besoins individuels.
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Autant de réponses qui constituent des libérations de besoins de bases, puis secondaires, et dont les non-réponse sont vécues individuellement comme autant d’entrave à des libertés (la reconnaissance par les pairs, les repères pour l’auto-identification, etc. faisant partie des besoins individuels).
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Les libertés sont ressenties individuellement mais un humain a nécessairement besoin des autres pour les vivres. L’hermite qui idéalise sont état individuel semble ignorer qu’il serait devenu neurasthénique sans ses pairs qu’il feint alors de rejeter.
(je sais que tu es d’accord avec ça mais j’essaye d’expliciter)
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(et je d’ailleurs suis désolé si je ne suis pas très clair, mais je n’ai pas la même aisance que toi à mettre en mots les idées qui me traversent l’esprit - idées que je travaille à partir, notamment, de celles de Spinoza via Lordon, Spinoza qui doit être le philosophe le plus respecté par Nietzsche, justement :)
"3 721 messages d’apologie du terrorisme recensés sur les réseaux sociaux depuis l’attaque"
Bonjour maQiavel,
merci pour cette analyse fort intéressante.
"Celui qui compte pour peu de chose l’opinion du monde sur sa personne,
et qui exige des puissants qu’ils ne leur fassent pas de l’ombre.
(...)
Celui qui n’attend pas la liberté comme un présent des Hommes mais
qui sait qu’elle est en lui, que la liberté, c’est lui et qui veut
devenir le glorieux conquérant de lui-même. Celui qui se brise lui-même
pour se reconstruire, qui parcours la route vers lui-même et se perd
pour mieux se retrouver."
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Diogène avait besoin de la cité, à côté de laquelle il habitait, pour constater sa dissidence.
Il avait besoin du regard lointain des autres constatant son écart pour s’assurer de son éloignement.
Il avait besoin d’Alexandre pour se faire le plus irrévérencieux.
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Sa place dans la société c’était d’en être physiquement à l’écart.
Les lois dont il pensait se libérer fondaient, par contraste, son identité et sa cybernétique.
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L’hermite a ses raisons, et grand bien lui fasse qu’il explore ce qu’il pense être sa voie personnelle. Mais ce serait probablement bien plus sûrement quand il se persuade d’être hors-société, de s’en être libéré, qu’il se perd le plus dans les illusions de l’ego.
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Y a t-il plus mégalo qu’un hermite qui ne soit pas reconnaissant d’être né dans la société qui lui a donné toutes les raisons de la fuir ? L’hermite sain d’esprit devrait plutôt la chérir et y reconnaître son berceau.
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Ces passages et quelques autres me laisse penser que tu explores par moment le concept d’"individualisme" à travers, justement, un prisme "individualiste".
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Ceci dit, je me retrouve dans ce que tu as écrit, je voulais juste relever ce paradoxe aussi intéressant que ton article dans son ensemble. Merci pour cet énorme boulot.
Quand un parti a comme président le "seul visionnaire à dire la vérité", que devient le parti une fois le visionnaire mort ou parti ?
Vous prétez le flanc aux critiques qui vous taxent de sectarisme avec des considérations pareilles, non ?
"Révolution marxiste"
Je ne peux que vous conseiller à tous de vous équiper des lunettes appropriées à verres polarisés qui vous permettent de faire la part des choses.
http://www.dvdbeaver.com/film4/blu-ray_reviews_58/they_live_blu-ray_/800__they_live_blu-ray_09_.jpg
(dans l’exemple imagé : un marxiste en train de lire l’info marxiste)
Qu’essayez-vous de faire en courant ainsi après Eric Guéguen pour systématiquement tenter de le descendre, chère Conchita ?
Ces méthodes de drague sont puériles. Préférez la déclaration directe, au moins vous serez fixée une fois pour toute. Bonne chance.
Tout était arrêté. Du coup, impossible de se mobiliser. Ce n’était pas une manif.
Du coup je constate que les fascistes se sont beaucoup inspiré de l’organisation Spartiate.
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