Bonjour Sylvain.
Athéna m’envoie vous répondre. J’ai longuement hésité, puis je me suis plié aux ordres de notre déesse commune.
Vous m’avez interpelé dans votre allocution par la quête de sens que vous semblez mener, et invitez par là même chacun à mener. C’est une louable entreprise, qui achoppe néanmoins à une réalité que vous semblez négliger : le fait que les gens, massivement, ne soient pas spontanément réceptifs et enclins à l’effort intellectuel que demande l’étymologie et tout ce qui s’ensuit. Platon escomptait permettre à ses élèves de sortir de la caverne, c’est un fait, mais il savait pertinemment qu’ils seraient bien peu nombreux à tenter l’escalade, et bien moins nombreux encore à parvenir au sommet. En fait, chez Platon, la caverne, c’est la cité elle-même, soit le "vivier" des opinions inconséquentes, étrangères au vrai savoir établi...
Concentrons-nous une minute sur l’étymologie du mot "citoyen". Si citoyen relève de "cité", vous n’êtes pas sans savoir que le citoyen romain ou athénien se voyait avant tout comme l’élément d’un tout englobant, et c’est précisément, il me semble, ce qu’il faut comprendre dans l’acception première du mot. Le citoyen, c’est une petite partie de la cité, cet ensemble communautaire qui l’a précédé et lui survivra. Que faut-il en inférer ? Que le citoyen, c’est celui qui se montre fier d’honorer ses devoirs (cf. Thucydide, comme vous le dites vous-même). Voyez donc comme on est loin de la veulerie actuelle : aujourd’hui se prétendent citoyens des gens soucieux avant tout de leurs droits privés, et l’étymologie, ils s’en contrefoutent !!
Ceci m’amène à ma dernière remarque : le fait que vous vous débattiez pour faire croire à un complot des oligarques dans l’abêtissement général. Croyez-vous sincèrement que ceux-ci (dont je ne nie absolument pas l’existence actuelle) aient eu à fournir beaucoup d’effort pour éloigner les foules de la quête de sens que représente le scrupule étymologique ? Je crois plutôt que les oligarques végètent sur l’assurance que pour la majorité des gens, faire de l’étymologie, c’est prendre plaisir à couper les cheveux en quatre. Une fois que l’on a compris ça, on relativise les élans révolutionnaires que l’on espère insuffler au sein de masses qui font, au quotidien, le jeu de nos vertueux hypocrites tenant lieu d’édiles.
Ceci dit, merci pour l’énergie que vous déployez dans vos tentatives d’éveil populaire. Sur ce, je retourne à mes casseroles.
Bien cordialement,
EG