Voter, naguère encore, était un acte grave, longtemps réservé à une élite richissime, qui en achetait le droit : élite exclusivement masculine, bien entendu. Rappelons aux plus jeunes que :
- la France, très tôt grand pays démocratique reconnu mondialement, n’accorda le droit de vote aux femmes que le 21 avril 1944 du fait du Comité français de la libération nationale, et non par l’État français en tant que tel.
- Valéry Giscard d’Estaing fit le 5 juillet 1974 abaisser de 21 à 18 ans l’âge de la majorité légale.
Du coup, le droit de vote (dans nombre de pays, inconnu et espéré ; dans d’autres, devoir civique obligatoire) fut ouvert pour consulter les citoyens, leur demander leur avis ou élire leurs représentants locaux, ceux qui votent les lois de la République, leur Président : cela n’était pas rien et méritait éducation et réflexion.
Las, notre société a bien changé, rendant cette démarche sans intérêt pour beaucoup, qui préfère voter sans cesse en s’y ruinant pour un chanteur, pour un candidat de jeu, pour un danseur, pour un plat, en attendant les pubs ou un divertissement bien gras.
Dans la rue, on les interroge sur la sexualité au Boukhistan, sur la disparition annoncée des groves ou le décès récent de Paul Valéry : et ils ont un avis... et les mêmes s’esbaudissent en regardant le Maillon faible, se moquant des réponses surréalistes de certains... et ils sont successivement docteurs en médecine, sélectionneurs de l’équipe de France de foot, spécialistes en économie ou en géopolitique, convaincus de savoir tout sans avoir jamais rien appris, de penser juste sans utiliser leur cerveau.