L’organisation secrète des fourmis
Une découverte de l'univers des fourmis à travers des images tournées aux quatre coins du monde, avec la participation de l'entomologiste Bert Hölldobler.
Les fourmis disposent de capacités physiques impressionantes : elles peuvent supporter cent fois leur poids, se déplacer à l’envers sur une surface de verre lisse, transporter des objets extrêmement lourds à grande vitesse et sur des distances importantes en modifiant constamment l’équilibre de leur corps et de l’objet transporté, ce sans jamais s’arrêter.
Outre ces performances individuelles extraordinaires, l’organisation de leur société est très élaborée ; en son sein, l’individu n’est rien, la colonie est tout, et chacune possède un rôle bien défini (découpeuse, élagueuse, transporteuse, chasseuse, maraîchère, pasteur, etc.) Pour défendre la colonie et sa progéniture, nombreuses sont celles à se sacrifier. Elles réussissent ainsi à repousser, par exemple, l’assaut d’ours et de guêpes.
C’est également l’unique espèce connue avec l’homme à avoir adopté une autre espèce, les pucerons, qui leur fournissent le miellat, substance riche en glucose et nécessaire au travail des ouvrières, en l’échange d’une aide au transport et de l’assurance d’une protection.
Elles disposent en outre de capacités de communication impressionantes : outre les phéromones, ces fameux messages chimiques qu’elles dispersent pour indiquer, par exemple, qu’une route est fréquentée par nombre d’entre elles et requière de la main d’oeuvre supplémentaire, les coupeuses sont capables de faire vibrer leur abdomen, transmettant l’onde ainsi générée à la feuille par l’entremise de leur tête, et indiquant aux autres ouvrières qu’une nourriture de qualité les attend.
L’information chimique joue un rôle si fondamental dans l’organisation de la colonie que lorsqu’un feu se déclare à proximité de la fourmilière et efface les odeurs laissées sur le sol, s’ensuit le chaos le plus complet. Ce qui n’empêche pas les fourmis de ... tout recommencer.
Elles s’approprient également leur environnement dans un but médicinal. La résine sèche des arbres, par exemple, est un trésor de guerre pour les fourmis rousses, qui s’en servent pour soigner leurs blessures et désinfecter leurs pattes (la résine tuant bactéries et champignons). Elles sont également capables de générer des antibiotiques au sein de leurs corps afin de traiter chaque morceau de végétation arrivant dans la colonie et conserver ainsi un environnement "aseptisé".
Pour les besoins de leur fourmilière, elles cultivent également des champignons, notamment en construisant un réseau complexe de conduits d’aération, qui aspirent l’air frais extérieur et rejette le dioxyde de carbone indésirable. Pour comprendre l’architecture exacte de ces gigantesques constructions, une équipe de scientifiques a coulé la fourmilière avec du ciment. Si cette expérience a requis le sacrifice d’une colonie, elle a permis de mettre au jour une véritable ville souterraine d’une incroyable complexité (à partir de 43:30), bâtie non pas par une architecte ou un groupe d’architectes, mais par l’ensemble de la colonie, une sorte de cerveau collectif.
La taille impressionante de l’édifice, s’étendant sur 50 mètres carrés et 8 mètres de profondeur, ne doit toutefois pas faire oublier que certains colonies de fourmis sont capables de tenir dans rien moins qu’un gland.
Tags : Animaux
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