Bonjour à tous les amoureux de nos p’tites amies qui nous sont si précieuses !
Lorsque le monde marche sur la tête, il faut toute la divine imagination de ceux qui aiment vraiment les abeilles, non seulement pour leur miel mais aussi en tant que coproductrices de fruits et de légumes, pour prendre des initiatives on ne peut plus heureuses ! Sait-on que le miel peut se conserver pour une durée allant jusqu’à... cinq cents ans ! Ces insectes au corps minuscule, dont la durée de vie n’excède pas 45 jours, ont donc la capacité de fabriquer un produit plus stable et moins périssable que tout ce que l’industrie agro-alimentaire humaine a pu inventer jusqu’à ce jour. Qui peut voir en elles, le résultat d’une combinaison hasardeuse d’atomes à un moment quelconque de l’histoire de notre planète ? Lorsque je songe aux pauvres maires qui interdisent les ruches dans leurs communes, je me dis que si nul n’a idée de ce que seront les conséquences de cette tragique décision, et surtout de la vision à court terme qu’elle révèle, les générations futures, si elles trouvent encore de quoi se nourrir, apprécieront... Pour ma part, je me souviens combien nous étions fascinés, enfants, lorsque l’institutrice nous racontait l’histoire des abeilles... Du miel, je n’avais pourtant connu, jusqu’à l’âge de sept ans, que le goût des bonbons qui m’étaient donnés, tantôt pour le plaisir, tantôt pour apaiser une irritation de la gorge. Mon premier contact avec la saveur naturelle du miel avait eu pour cadre une tartine dont ma petite tête enfantine avait décrété que je ne l’apprécierais pas, associant le miel à des souvenirs auxquels il n’était strictement pour rien. Aujourd’hui, c’est bien volontiers que je me régale d’une petite cuillerée de miel, ayant entendu dire de surcroît, que fondu dans une infusion chaude, il perdrait ses vertus, affirmation dont il ne m’a jamais été possible de vérifier l’exactitude. Mais, ces digressions mises à part, permettez-moi de vous poser maintenant une question tout à fait sérieuse : avez-vous remarqué que les dictionnaires ne répertorient aucun mot pour définir les gens qui,comme nous, aiment passionnément les abeilles ? L’éducation au respect des richesses de la nature passe aussi par les mots, qui sont énergie, et en trouver un digne de porter le drapeau de la passion pour la sauvegarde de nos petites amies si précieuses, n’est pas chose facile. Avec une amie, Isabelle (dont leprénom a pour anagramme "abeilles", ça ne s’invente pas !), nous avons eu beau chercher partout, nous n’avons rien trouvé debeau : "abeillophile", déniché au hasard du Web, c’est facile, pas cher,et ça ne rapporte rien ni à la langue française, ni à la poésie qu’il y a dans le fait d’être amoureux de ces petits êtres si ardents au travail pour le bien d’une humanité ingrate, qui non seulement ne rend pas aux abeilles une parcelle du bienfait qu’elles lui donne, mais encore a fini par réussir à se faire croire que les abeilles avaient besoin d’elle pour ne pas disparaître ! Bienvenue au royaume des pompiers pyromanes, ce monde à l’envers où Homo Sapiens Sapiens, loin de mériter le nom ronflant qu’il s’est attribué par usurpation d’identité, est devenu fou au point de scier en toute quiétude la frêle branche sur laquelle il est assis ? Ce monde qui ne sait même pas comment appeler ceux qui aiment les abeilles pour de vrai ! Donc, on la dit, "abeillophile", ce n’est pas beau et ça ne marchera pas. "Apicophile", pourquoi pas, mais mon amie et moi-même avons l’intuition que ce n’est pas encore la bonne formule. Alors, la nature ayant horreur du vide, il m’est apparu que le mot magique, il fallait l’inventer. Et comme ma grande fille se prénomme Melissa, et que le substantif latin Melis signifie "petite abeille" (désignant donc l’abeille ouvrière, voilà qui ne s’invente décidément pas non plus !), eh bien, bonnes gens, désormais, un amoureux des abeilles, qu’il soit apiculteur ou seulement défenseur de leur cause, sera appelé "méliophile". Nous avons d’ailleurs décidé (et telle est aussi la raison pour laquelle je publie ici ce message), de parrainer une ruche via le site "un toit pour les abeilles", afin entre autres, de donner une réalité concrète à notre passion pour ces chères petites travailleuses de l’ombre. Méliophiles nous sommes, méliophiles nous resteront, et chiches qu’afin de faire accepter ce mot des lexicographes et même des académiciens, partout où on aime les abeilles, on le fera entrer dans l’usage en le propageant comme la meilleure et la plus douce des épidémies. Vive les abeilles, et vive les... méliophiles !