Sexe : la révolution chinoise

La Chine lance une immense campagne de sensibilisation et d’information sur la sexualité. Au programme : distribution de préservatifs, consultations gratuites et foire internationale de sex toys.

Nom de code : « The Sunshine project to care for Gender Health » ("les problèmes entre les sexes à la lumière du soleil"). Depuis dimanche le gouvernement chinois touche enfin le sexe du doigt, le prend sans tabou à pleines mains.

Il était temps car selon le site aujourdhuilachine.com, dans l’Empire du Milieu, « 7% de femmes et 8% d’hommes seulement cherchent à se faire aider en cas de problème d’ordre sexuel. Cette campagne d’éducation entend donc casser les tabous, forts dans la société chinoise, en matière sexuelle, et vise selon romandie.com « à convaincre les Chinois de ne plus refuser les traitements pour lutter contre les maladies transmissibles et la stérilité » et à lutter contre la marginalisation sexuelle.

Le chef du département d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital universitaire Fuxing Hospital, Mme Xian Enlan estime que ce nombre, choquant, « retarde le traitement de certaines maladies très graves ».

Parmi les chiffres inquiétants on note une recrudescence préoccupante des cas de maladies vénériennes. Il y a aurait ainsi 20% de cas de syphillis en plus (soit 257.000 malades) d’après le ministère chinois de la santé. Quant au virus du Sida, il ne se transmet plus exclusivement par usage de seringues comme naguère, mais « sexuellement dans la plupart des cas » selon le site aujourdhuilachine.com qui précise que « 700 000 personnes ont été infectées par le virus du Sida ». Sans compter des cas non déclarés...

Jusqu’à présent la Chine avait initié de timides campagnes, télévisuelles notamment. Mais avec cette grande campagne nationale d’information et de prévention qui comporte plusieurs volets elle voit grand : calicots dans les villes distribution, dans la rue, de préservatifs, consultations gratuites, foire internationale des sex toys à Pékin en avril, « compétitions, précise l’agence russe rian.ru, à vocation didactique sur le thème des relations hommes-femmes » et concours du plus beau baiser (ou baisé ?).

Il est nécessaire, expliquent les spécialistes, dont Mme Xian Enlan, de pouvoir « parler de ces problèmes sur la place publique ». En Chine, il n’y a pas si longtemps, s’embrasser dans la rue était tabou. Alors parler de sexe... « Voilà pourquoi nous avons besoin de cette campagne » a ajouté la gynécologue.

Plus de 40 ans après la Révolution culturelle, la Chine lance donc sa révolution sexuelle officielle. Une révolution de velours ?