Un jeune enfant palestinien, Mohamed Al-Dura, est mort le 30 septembre 2000 sous les balles israéliennes à Gaza. Une réalité contestée par des "anti-théoriciens du complot" traditionnels, accusés à présent de pratiquer à leur tour la théorie du complot... Tel est pris qui croyait prendre...
Philippe Karsenty, ancien financier, maire-adjoint de Neuilly-sur-Seine depuis 2008, demande à France 2 de reconnaître que son reportage sur la mort du petit
Mohamed Al-Dura est
une mise en scène. Vidéo et témoignages d’experts à l’appui, il parcourt le monde pour le démontrer et n’hésite pas à poursuivre en justice ceux qui l’attaquent et le traînent dans la boue. Il est interviewé ici par Jean Robin pour le site
Enquête & débat.
Le 12 juillet 2010, Karsenty déclarait dans
Riposte Laïque : "
la vérité de l’Affaire al Doura ne sert aucun intérêt particulier, seulement l’intérêt général, en Israël, en France et je crois même dans le monde entier, y compris le monde musulman. En revanche, les seuls qui aient à gagner à la promotion de l’image de Mohamed al Doura sont les extrémistes islamistes qui en ont besoin pour diaboliser Israël, les juifs et l’Occident. En cela, les pathétiques journalistes qui leurs accordent un soutien, actif ou passif, sont vraiment les idiots utiles du fascisme islamique. De plus, cette Affaire gêne de nombreuses personnalités politiques et médiatiques du Proche-Orient et de France qui ont prospéré sur le terreau d’un processus de paix très rémunérateur pour eux. Enfin, cela fait tant d’années que les médias français mentent sur la réalité du Proche-Orient, au point de s’éloigner si loin des faits, que la révélation de leur imposture majeure les rendra ridicules pour longtemps". On croirait entendre, dans cette dernière phrase, Thierry Meyssan dénoncer "l’effroyable imposture" du 11-Septembre...
Le correspondant de France 2 à Jérusalem Charles Enderlin fait actuellement la promotion de son livre
Un enfant est mort, qui revient sur cette affaire. Il accuse ses détracteurs - comme Philippe Karsenty - d’utiliser
la "théorie du complot".
Il est amusant de noter que Philippe Karsenty tient à se démarquer des "théoriciens du complot" du 11-Septembre, qu’il exècre, alors qu’il utilise, au moins en apparence, le même genre d’argument... Karsenty dit : "on prétend qu’un enfant a été tué, criblé de balles ; or on ne voit pas de sang sur les images, et en plus l’enfant lève le bras, donc c’est une mise en scène palestinienne". De son côté, Meyssan dit : "on prétend qu’un Boeing est tombé sur le Pentagone ; or on ne voit aucune pièce de l’avion, et le trou est trop petit, donc c’est un missile américain qui a frappé". Le parallélisme dans la méthode est troublant, mais Karsenty ne semble pas le voir.
Amusant également de
lire Pierre-André Taguieff, grand contempteur des théories du complot en général, et sur le 11-Septembre en particulier, se transformer lui-même en "théoricien du complot" dans l’affaire Al-Dura... "
En déclarant que l’agonie de l’enfant avait été filmée, Charles Enderlin a menti. Rien de tel n’avait été filmé. La « mort en direct » de l’enfant n’a pas eu lieu. Si ces rushes n’ont pas été présentés lors de l’audience du 14 novembre 2007, c’est tout simplement parce qu’ils n’existent pas. Il s’ensuit qu’il n’y a aucune preuve que l’enfant a été tué. Ce qui n’exclut pas, bien sûr, que l’enfant, au cas où il aurait été touché, soit décédé à la suite de ses éventuelles blessures. Mais nous ne disposons d’aucune preuve de ce décès", écrit Taguieff. On croirait lire
l’argumentation de ReOpen911 sur l’absence de preuve de l’implication de Ben Laden dans le 11-Septembre...
Il faut noter que les "complotistes" du 11-Septembre jugent également ce documentaire diffamatoire à leur endroit, et qu’ils lui ont répondu en vidéo, dans un
contre-argumentaire très bien fait...
Alors, conspirationnistes de tous les pays, et de toutes les causes, unissez-vous ! Ou plus sérieusement, cessez de vous traiter mutuellement de "théoriciens du complot", et reconnaissez l’ambiguïté des situations qui vous amènent, les uns et les autres, à douter légitimement. Essayez de vous comprendre ! de discuter avec honnêteté sans vous insulter ! Mais ça, c’est vraiment un voeu pieux...
Voici comment Taguieff termine
son papier sur l’affaire Al-Dura. En en changeant quelques mots seulement, pour l’appliquer à leur affaire, les "truthers" du 11-Septembre pourraient, à coup sûr, le signer des deux mains :
On ne saurait sous-estimer ni l’importance, ni la gravité des conséquences de cette opération de propagande, qui a touché le public planétaire. Elles ne pourront jamais être totalement effacées, quels que soient les résultats de la contre-offensive intellectuelle récemment lancée par des universitaires et des journalistes soucieux de rétablir la vérité. Le pseudo-reportage de France 2, qui a puissamment servi à diaboliser et à criminaliser Israël, tout en alimentant le discours des partisans du « djihad défensif » mondial, aura produit une « affaire al-Dura » qui ne fait vraisemblablement que commencer. On attend, avec autant d’impatience que de scepticisme, l’intervention, sur cette abominable affaire, des professionnels de « l’éthique des médias », trop souvent abonnés aux colloques ronronnants, dont l’une des fonctions est précisément d’écarter toutes les « questions qui fâchent ».
L’affaire Dreyfus pourrait être, à cet égard, exemplaire. Lorsque Lucien Herr et Bernard Lazare se lancèrent dans le combat, ils paraissaient isolés autant que vulnérables dans leur quête de justice et de vérité. Et pourtant, le courage et la lucidité militante d’un petit groupe de citoyens déterminés ont fini par vaincre toutes les puissances sociales coalisées : l’état-major, l’armée et l’Église. Un contre-pouvoir animé par des idéaux a détruit le système bâti par les faussaires et leurs complices, les fanatiques et les conformistes. La démocratie véritable n’est pas faite pour les endormis ni pour les pusillanimes.