Nicolas Sarkozy : 98,1%
Mémoire Vive (blog accrédité) a assisté au congrès de l’UMP et de Nicolas Sarkozy à la Porte de Versailles (14 janvier 2007).
À cette échelle, c’est notre premier grand meeting politique. On doit faire la part des choses entre les impressions de débutants que nous sommes et les remarques plus de fond. La salle est immense et le public est une foule compacte, peu de personnes peuvent voir la scène, elles voient le spectacle sur des écrans disposés un peu partout. Le show est absolument pharaonique. Le candidat de l’UMP a voulu faire une démonstration de force, montrer qu’il a des moyens, le résultat est réussi, c’est impressionnant, voire écrasant.
Pour faire quelques images, Sacha et moi nous sommes installés non loin de la scène dans un espace réservé aux caméras et aux photographes. Les orateurs sont relativement proches de nous.
Le compte à rebours commence, la musique donne le rythme. Le nombre
de votes est affiché avec un déroulement de chiffres très rapide et le
taux de participation : 69 %. Curieusement, le résultat : 98,1 % n’est
pas présenté. C’est comme si les communicants avaient compris que montrer un
chiffre si proche de 100 % retirait tout caractère démocratique à
l’événement. On fête donc un résultat qu’on n’affiche pas.
Il n’y a pas de suspens, pas d’enjeu, sauf celui d’un homme parvenu
contre vents et marées à devenir le seul candidat de l’UMP, ce qui est
une réussite personnelle. L’événement semble si important à ses yeux
qu’il lui fallait une fête centrée sur lui-même. On se demande si on ne
confond pas le calendrier, le 14 janvier n’est pas encore le 5 mai.
Tout est très bien orchestré, calculé, programmé à la seconde près. Sur l’affiche de campagne, le portrait de Sarkozy est très retouché, paraît irréel (un peu comme un avatar) et la représentation de la campagne française, qui se trouve derrière lui, paraît être une image de synthèse.
Dans le premier passage de son discours, Nicolas Sarkozy est plus personnel et ému, il n’a d’ailleurs pas l’air très joyeux. Il y a sans doute une part de sincérité (il était ému de se retrouver enfin à cette place si convoitée), mais le Sarkozy plus humain et sensible joue mal. Le texte de son discours est bien écrit, sa lecture est inégale sur le registre de l’émotionnel, comme s’il avait un peu trop répété.
Du point de vue de la mise en scène et du discours (déjà analysé par tous les spécialistes), on célèbre une France mythique, une France glorieuse, fière, avec des références aux siècles passés qui doivent évoquer peu de choses aux moins de trente-cinq ans. Sarkozy veut se placer dans l’histoire, peut-être un peu trop vite. Par moments, les effets visuels donnent une impression de propagande plutôt inquiétante. Le ton et le rythme rappellent parfois un prêche, impression amplifiée par la résonance de la salle. L’orateur semble minuscule face à cette scène et cette salle énormes. Il dit quelques mots bien courts sur l’écologie et n’évoque pas une seconde l’Internet. Enfin, le décor tricolore donne des couleurs assez nationalistes à la cérémonie, sans compter le final avec le chorale chantant La Marseillaise et les élus qui le rejoignent comme pour le générique d’une émission télé de grand spectacle. Le show se termine. Sarkozy ne paraît pas proche des gens, ni ne semble chercher le contact physique avec eux.
Du côté de la salle de presse, on se rend compte à quel point aujourd’hui la multiplication des médias est incroyable (700 journalistes présents). Une quantité impressionnante de caméras, d’appareils photo. Il faut ajouter tous les militants qui sortent aussi leur équipement et les téléphones portables qui dépassent ci et là pour prendre des souvenirs, les producteurs vidéo indépendants, les blogueurs. Bref, il y a une myriade d’objectifs qui produisent quantité d’images. Le show aussi est formaté pour la télévision, en étant sur place, on peut comparer le rendu entre ce que l’on voit in real life et l’image diffusée sur les écrans et les chaînes. Voilà ce qui me paraît un peu ancien, les présidentiables de 2007 sont issus de la première génération de candidats nés avec la télé, tout est centré sur elle. Or, nous sommes déjà à l’étape suivante : le Net, les nouveaux médias. Nous sommes en pleine transition.
Les journalistes politiques semblent blasés, revenus d’un peu de tout. Les blogueurs sont les amateurs plus frais qui n’ont pas encore perdu leurs illusions, qui ne connaissent pas les codes, ni les secrets, nous sommes des VIP un peu naïfs (on a croisé Carlo Revelli (AgoraVox), Koz, Vinvin, Mry, Versac, Stanislas de Net Politique, Claude Askolovitch pour ne parler que d’eux et recroisé des connaissances de l’UMP - quand il s’appelait encore RPR). Enfin, on a retrouvé Loïc, blogueur en chef, avec toute sa candeur qui va affronter la dureté d’une élection difficile.
Cette foule de militants et tout le parti sont lancés pour faire campagne, il faut y croire absolument, y être à fond pour être convaincu soi-même et convaincre les autres. On ne doit pas avoir de recul. Or, celui qui gagnera sera probablement celui qui aura le mieux perçu la France du présent, et nous savons qu’une grande partie est aujourd’hui silencieuse et invisible, ce qui rend le résultat peut-être plus incertain qu’on ne le croit.
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Des photos dans Flickr ici et ici.
Tags : Présidence Sarkozy
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