Arrêté par Interpol pour blasphème, il est renvoyé en Arabie Saoudite et risque la peine de mort
Hamza Kashgari, un journaliste saoudien de 23 ans, vient d'être renvoyé chez lui où il risque la peine de mort.
Il avait fui son pays à la suite de messages jugés blasphématoires sur son compte Twitter. Arrivé à Kuala Lumpur en Malaisie le 7 février et a été arrêté deux jours plus tard alors qu’il tentait de se rendre en Nouvelle-Zélande.
D'après la police de Kuala Lumpur, il a été arrêté à l’aéroport “suite à un mandat d’arrêt d’Interpol”, le service de coopération international des polices, au nom des autorités saoudiennes.
Il vient d'être extradé vers son pays d'origine, où il risque la peine de mort (sources : 1, 2, 3, 4, 5, 6)). Amnesty International le considère comme un prisonnier d'opinion, souligne les risques effectifs d'application de la peine de mort en cas de remise à l'Arabie Saoudite, et demande la libération immédiate du jeune homme.
En tous cas, vous pouvez regarder vous-même cette vidéo incroyable, qui nous offre l'occasion d'un sourire grinçant dans cette affaire qui pourtant n'est pas drôle : nous voyons le scheikh saoudien Al Qarni, la voix brisée, qui pleure de vraies larmes tant il se dit blessé, mais n'oublie pas d'assimiler les propos de Kashgari à ceux d'un apostat, ce qui implique la peine de mort.
Tartuffe est surpassé ! Lui au moins ne demandait pas la mort les larmes aux yeux
Pour signer la pétition en faveur de Kashgari, c'est ici.
Hamza Kashgari, né en 1989, a quitté l’Arabie saoudite le 6 février à cause des menaces de mort reçues après avoir été accusé d’apostasie par des dignitaires religieux pour des messages postés sur Twitter jugés insultants envers le prophète musulman Mahomet.
Renvoyé vers l’Arabie Saoudite
« Amnesty International considère Hamza Kashgari comme un prisonnier d’opinion car il est détenu en Malaisie pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, et appelle à sa libération immédiate et inconditionnelle. »
La Malaisie a renvoyé chez lui dimanche un jeune journaliste saoudien, qui avait fui son pays après avoir reçu des menaces de mort pour des propos jugés blasphématoires sur Twitter, a indiqué un responsable du gouvernement malaisien.
Hamza Kashgari a quitté le pays sous la garde de responsables saoudiens, a précisé à l’AFP ce responsable malaisien, qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat.
Le gouvernement de Malaisie n’avait toujours pas confirmé ce rapatriement dimanche en début d’après-midi mais un communiqué du ministère de l’Intérieur indiquait que Kashgari serait de toute façon renvoyé chez lui.
Les tweets "blasphématoires"
Le saoudien Hamza Kashgari, un musulman bien entendu, ne voulait pas blasphémer, mais seulement, le jour de l’anniversaire du prophète Mahomet, s’adresser à ce dernier sur Twitter, en une série de conversations fictives, avec ses mots à lui, son émotion, son désir de mieux comprendre Dieu et son prophète, d’en être plus proche ; ses doutes aussi.
Voici une vidéo en arabe avec des extraits du compte Twitter de Kashgari :
Une amie Facebook m’en a traduit des passages ; en voici quelques-uns :
" Chacun a une réaction ! mais comment s’appelle celui qui observe ces désastres, ces catastrophes, ces ruines et qui ne réagit pas ! comment devrions nous le nommer ?"
" Mon copain me crie : où est Allah devant ces oppressions ? je lui réponds : je n’en sais rien ! mais ce que je sais : l’être humain, lui, il existe et il n’a pas fait le nécessaire pour arrêter les oppressions."
"Soyez bon ! ne faites de mal à personne ! vous récolterez la bonté elle-même ! et admettons qu’Allah existe : il veillera sur vous tant que vous resterez bon."
" Celui qui peut affirmer qu’Allah existe, c’est celui qui l’a vu l’a touché ! cette grandeur d’Allah ! cette peur enseignée ! ce paradis miroité ne sont que le fait de nos imaginations."
" Une société qui croit aux djinns, au mauvais oeil, à la sorcellerie, sans remettre en question son héritage n’a pas à donner des leçons aux autres civilisations." (en réponse, dans le cours d’une discussion)
" Si, avant d’écrire, tu avais peur d’un politicien, c’est que tu es un lâche. Sii tu avais peur du peuple, c’est que tu es un hypocrite. Et si tu avais peur d’Allah, c’est que tu ne le connais pas comme tu devrais."
« Aucune Saoudienne n’ira en enfer, parce qu’il est impossible de s’y rendre deux fois »
" Allah est une musique qui élève, qui te rend ton âme ; Allah est une musique paradisiaque, qui descend des paradis ou bien monte partant des coeurs."
"La prière n’est pas un acte raisonnable."
" Mohammed, je te dis le jour de ton anniversaire : j’ai aimé ta révolte mais je n’aime pas que tu sois sacralisé ; alors je ne te salue pas je ne prie pas pour toi." (Mohammed = Mahomet)
" En ce jour où tu es partout, il faut que je te dise : il y a en toi des choses que j’ai aimées, des choses que j’ai détestées et des choses que je n’ai pas comprises."
"En ce jour de ton anniversaire, je ne me courberai pas ! je n’embrasserai pas tes mains ! je te parlerai d’égal à égal ! je te sourirai comme tu le ferais pour moi ! je te serrerai la main et je te parlerai comme un ami ! rien de plus."
Ma copine Facebook ajoute, à propos de cette vidéo en arabe :
"Voila ce qu’il a dit ! texto. Les autres écrans intermédiaires (fond noir), c’est l’interprétation fallacieuse ! ils disent qu’il a insulté ! ils considèrent que c’est une insulte ! à la fin on voit les pages twiter qui le soutiennent et d’autres qui appellent à la vengeance ! et enfin le disque sort : il est sioniste, il est chiite....on connaît leur disque."
Voilà donc ce que l’on appelle un blasphème en Arabie saoudite. Bien que le jeune homme s’excuse sans tarder, la machine s’emballe.
C’est toujours sur Twitter que Kashgari s’en aperçoit :
« Soudainement, il y a eu des milliers de tweets disant que je suis contre la religion et demandant que je sois exécuté ».
Il poste alors un tweet d’excuses : « J’ai effacé mes anciens tweets parce que je me suis rendu compte qu’ils pouvaient être pris pour une insulte au Prophète. Je ne veux pas être mal compris »
Mais le mal était fait. Une foule électronique en colère se déchaîne. Un " hashtag" (regroupement de tweets sur le même sujet) se forme, intitulé : « Hamza Kashgari le chien ».
Les propos du jeune homme soulèvent une levée de boucliers sans précédent sur la Toile et attirent plus de 30.000 réponses. Une page Facebook baptisée "Le peuple saoudien réclame l’éxecution d’Hamza Kashgari" est ouverte, et compte près de 10.000 membres.
Des amis lui conseillent de quitter l’Arabie saoudite immédiatement :
« Je ne n’attendais pas du tout à cela. C’était une énorme surprise. Mes amis sont des auteurs et des blogueurs, et maintenant leurs vies sont aussi en danger.Ils ont peur de ce qui va leur arriver. Le gouvernement tente de leur faire peur et de leur montrer que tôt ou tard, il connaîtront le même sort que moi »
Kashgari réussit à gagner la Malaisie, comme on l’a vu.
Le ministre saoudien de l’Information, Abdel Aziz Khoja, a immédiatement réagi en annonçant sur Twitter la décision d’interdire au jeune homme de travailler pour tout média dans le royaume.
Ce Khoja est lui aussi un gros sensible, et il y va aussi de sa larme :
"Quand j’ai lu ses écrits, j’ai pleuré et j’ai été furieux de savoir qu’il y a quelqu’un dans le royaume, gardien des lieux saints, qui puisse s’adresser au Prophète de cette manière offensive", affirme Khoja, avant d’ajouter : "Nous allons prendre les mesures nécessaires contre lui".
L’Arabie saoudite applique la peine de mort pour un large éventail de délits, dont l’ apostasie. Le 7 février, le roi de l’Arabie saoudite aurait demandé au ministère saoudien de l’Intérieur d’arrêter Hamza Kashgari pour qu’il réponde de ses déclarations.
Des médias ont rapporté que le ministre de l’Intérieur de la Malaisie avait confirmé l’arrestation de Kashgari et qu’il était en contact avec les autorités saoudiennes au sujet des prochaines étapes.
Tags : Islam Liberté d’expression
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