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Bisphénol A : une urgence de santé publique

Les effets néfastes des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine semblent de plus en plus avérés. Ainsi, le bisphénol A, très utilisé par l'omniprésente industrie du plastique, fait l'objet de nombreuses études scientifiques qui montrent sa dangerosité (notamment pour les foetus) à faible dose.

André Cicolella, chimiste, toxicologue et porte-parole du Réseau environnement santé (RES), nous fait part de ses connaissances sur le bisphénol A et exprime le souhait que le cas de cette hormone de synthèse soit traité comme une « urgence de santé publique. »

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ayant publié (le 27 septembre 2011) deux rapports alarmistes sur le Bisphénol A (BPA), l’interview (par universcience.fr) de André Cicolella permet de faire le point sur ce perturbateur endocrinien, déjà interdit dans les biberons, en 2010 pour la France et auparavant en 2008 au Canada.

 

D’après André Cicolella un consensus scientifique semble s’établir concernant l’impact sanitaire du bisphénol A après exposition à faible dose pendant la gestation : cancer du sein, cancer de la prostate, diabète, obésité, troubles de la reproduction (baisse de l’âge de la puberté), troubles du comportement (hyperactivité)...

 

Cécile Dumas (Sciences et Avenir.fr) précise que "les deux rapports publiés aujourd’hui, l’un sur les effets sanitaires l’autre sur les usages du BPA, vont plus loin que les précédents. « Ce travail met en évidence des effets sanitaires, avérés chez l’animal et suspectés chez l’homme, même à de faibles niveaux d’exposition », écrit l’Anses dans son communiqué. Elle considère « disposer de suffisamment d’éléments scientifiques pour identifier d’ores et déjà comme prioritaire la prévention des expositions des populations les plus sensibles que sont les nourrissons, les jeunes enfants, ainsi que les femmes enceintes et allaitantes ». (...) Elément important, l’Anses reconnait que les effets du bisphénol A mis en évidence par les études se produisent à « des doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à des fins règlementaires ». En clair, il ne suffit plus de se référer aux doses journalières tolérables (DJT) définies par l’agence sanitaire européenne et contre laquelle se battent nombre de toxicologues".

 

Au premier rang de ces toxicologues très critiques sur les DJT, on retrouve bien sûr André Cicolella, qui s’en explique dans cette interview donnée au NouvelObs, dont voici un extrait : 

 

"L’avis de l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) sur le Bisphenol rendu public ce matin marque-t-il à vos yeux un changement radical ?

- Oui. L’Agence a changé son référentiel. Elle ne s’en tient plus à des analyses prenant en compte les expositions fortes mais reconnaît les effets à faible dose. Du coup, la Dose Journalière Admissible est deux millions de fois plus faible qu’auparavant ! Ce qui revient de facto à reconnaître la toxicité du Bisphenol A dans tous les cas de figure et à conclure à son interdiction.
 
Particulièrement pour quels usages ?


- Il faut citer en tête les boîtes de conserve, le matériel médical et les canettes qui possèdent un revêtement contenant du Bisphenol A. Notez bien que cette substance est la plus emblématique des perturbateurs endocriniens mais il y en a beaucoup d’autres qui tombent sous le coup du même raisonnement."

 

* * *

 

 Il y a en effet beaucoup d’autres perturbateurs endocriniens (Phtalates, Agents ignifuges bromés « PBDE »...) utilisés dans des produits qui nous entourent, mais il faut bien reconnaître que le BPA est partout... La conclusion de l’article de Cécile Dumas est édifiante à ce sujet :

 

"Le BPA est utilisé dans la fabrication de polycarbonate et de résines ; en voici quelques exemples, qui montrent la complexité de la substitution :

Polycarbonate : CD, DVD, lentilles de contact et verres de lunettes, vaisselle en plastique, emballages alimentaires, bouteilles, petits appareils électroménagers, résines médicales, articles pour l’automobile, produits informatiques et électroniques…

Résines époxy, vinylesters, polyester, phénoplastes : linoléum, revêtements de sol en plastique, emballage alimentaire, citernes, tubes, tuyaux, colles, mastic, encres, peinture, vernis, émail, fibre de verre, bateaux, papier thermique (machines à CB)...."
 

* * *

 

 Pauline Fréour du Figaro rappelle que "les députés devraient voter mercredi l’interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires dès 2014". Le vote à l’Assemblée est donc prévu pour ce mercredi 12 octobre. Mais elle poursuit en précisant que pour Patrick Lévy, médecin-conseil auprès de l’Union des industries chimiques (UIC), ce délai est irréaliste :

 

"On ne sait pas, aujourd’hui, fabriquer de résines sans BPA qui satisfassent aux exigences de protection et de conservation des aliments. Les formules avec bisphénol ont l’immense avantage d’être efficaces dans n’importe quelle boîte conserve ou canette. Si on les remplace par des substituts, il faudra probablement mettre au point différentes formules adaptées à chaque aliment, en fonction notamment du pH. Les essais montrent que quand vous avez des produits acides - du coca ou des tomates en conserve par exemple - les résines sans BPA ne sont pas aussi résistantes à la corrosion que celles qui en contiennent. Il s’ensuit des risques de dégradation des aliments, de perte des qualités gustatives, voire de prolifération microbienne.

L’échéance fixée par le projet de loi vous semble-t-elle réaliste ?

Pour certains polycarbonates et pour les résines, cela nous paraît impraticable. Sur le plan technique, il va falloir adapter les formules et revoir l’outil industriel. Certains industriels ont déjà lancé leurs départements de recherche et développement sur ce projet, mais cela prend du temps. Sur le plan de la sécurité sanitaire, il faudra vérifier que les nouveaux matériaux ne posent pas de problème de corrosion ou de migration de particules chimiques dans les aliments."

 

* * *

 

 A noter que le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-René Buisson, déclare sans ambages « qu’il n’y a pas de problème sur le bisphénol aux doses où il est utilisé. » Sans commentaire. Les industriels de l’amiante ont certainement tenu ce genre de discours contre vents et marées...

 

Marie-Monique Robin avait enquêté sur le Bisphénol A dans le cadre de son livre et documentaire Notre poison quotidien. Deux chercheurs, Ana Soto et Carlos Sonnenschein expliquent leur découverte dans cet extrait vidéo :

 

Sources :

 

Bisphénol A : les effets à faibles doses officiellement reconnus (Sciences et Avenir.fr)

 

"L’interdiction du Bisphenol A est maintenant inéluctable" (Nouvelobs.com)

 

« Le remplacement du bisphénol A prendra 5 ans » (Le Figaro)

 

Le doublement de la « taxe soda » exaspère l’industrie alimentaire (Libération)

 

Bisphénol A (Wikipédia) - extrait : Comme le nonylphénol, le bisphénol A est un perturbateur endocrinien œstrogéno-mimétique capable de se lier au récepteur ? des œstrogènes. Son action serait environ 1 000 fois inférieure à celle de l’œstradiol, mais il est très présent dans notre environnement (environ trois millions de tonnes de BPA sont produites chaque année dans le monde) et dans le corps humain...

 

Perturbateur endocrinien (Wikipédia) - extrait : La notion de perturbateur endocrinien (PE, aussi leurre hormonal, xéno-œstrogène, disrupteur endocrinien, etc.) est une notion apparue à la fin du XXe siècle pour désigner toute molécule ou agent chimique composé, xénobiotique ayant des propriétés hormono-mimétiques.

Ces molécules agissent sur l’équilibre hormonal d’espèces vivantes (animales ou végétales dans le cas des phytohormones).
Elles sont souvent susceptibles d’avoir des effets indésirables sur la santé en altérant des fonctions telles que la croissance, le développement, le comportement, la production, l’utilisation et le stockage de l’énergie, l’hémodynamique et la circulation sanguine, la fonction sexuelle et reproductrice.

Ces molécules agissent à très faibles doses (du même ordre de grandeur que les concentrations physiologiques des hormones) ; elles ne sont pas toxiques au sens habituel du terme (empoisonnement) mais peuvent perturber l’organisme de façon discrète, parfois difficile à reconnaître.
Elles peuvent avoir un impact la descendance (par exemple, le Distilbène affecte la mère et ses descendantes)...

 

André Cicolella (Wikipédia) - extrait : André Cicolella est un chercheur français en santé environnementale, spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires.


Engagé en 1971 par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il y travailla notamment sur les effets des éthers de glycol sur la santé. Au début des années 1990, il met ainsi au point un programme de recherche sur huit ans et organise, pour le 16 avril 1994, un symposium international. Mais une semaine avant la tenue de ce symposium, son contrat de travail est rompu pour "faute grave" ( arrêt de la Cour de cassation du 11 octobre 2000 ).


En octobre 2000, après six années de procédure, la Cour de cassation le rétablit dans ses droits en reconnaissant le caractère abusif de son licenciement et reconnaît pour la première fois dans son arrêt la nécessité de "l’indépendance due aux chercheurs", l’employeur devant "exercer son pouvoir hiérarchique dans le respect des responsabilités" qui leur sont confiées. André Cicolella entreprend alors de faire connaître la situation du lanceur d’alerte en proposant de lui accorder une protection juridique.


Il est aujourd’hui chercheur en évaluation des risques sanitaires à l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques), a présidé la Fondation Sciences citoyennes de sa création en 2002 à 2007 et responsable de la Commission santé des Verts.


André Cicollela est aussi à l’origine de la création de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (AFSSE) avec le député vert André Aschieri...

Tags : Environnement Politique Société Santé Recherche Scandale Santé menacée Agro-alimentaire International Science et techno Témoignage Femmes Génétique Lobby




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1 réactions à cet article    


  • vote
    arpontar 14 octobre 2011 10:07



    mais QUE FONT LES DASS...AVEC DES RENFORTS DE 4 OU 5 MEDECINS DE SANTE PUBLIQUE....QUE FAIT L ARS.....RIEN A PART DE TRAVAILLER OU DE JOUER SUR INTERNET...



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