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Accueil du site > Actualités > Société > "J’ai très mal au travail"

"J’ai très mal au travail"

"Objectivement mais non sans ironie, Carré dresse tout au long du film le tableau d'une déshumanisation presque totale du monde du travail : peur du chômage, isolement dans l'entreprise, compétition avec les collègues… tout ce qui, en fait, réduit doucement mais sûrement l'individu à « sa seule dimension économique ».
Par un montage habile de témoignages alarmants (travailleurs, sociologues, thérapeutes), de pubs édifiantes et d'extraits de films cocasses, « J'ai (très) mal au travail » fait l'effet implacable d'un film d'horreur. On sort de là affolés, bousculés dans notre torpeur ambiante et désireux de réagir, même à petite échelle."

Source :

https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-ella-vu-ella-aime/20071031.RUE5000/j-ai-tres-mal-au-travail-des-mots-sur-les-maux-du-boulot.html

 

Pour info, le documentaire commence à partir de 5'20, mais j'ai trouvé le préambule intéressant, à prendre comme un "amuse bouche".

Tags : Travail




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12 réactions à cet article    


  • 4 votes
    DJL 93VIDEO DJL 93VIDEO 5 mai 2018 22:36
    Sur la « Glorification du travail » René Guénon :
     
    Il est de mode, à notre époque, d’exalter le travail, quel qu’il soit et de quelque façon qu’il soit accompli, comme s’il avait une valeur éminente par lui-même et indépendamment de toute considération d’un autre ordre ; c’est là le sujet d’innombrables déclamations aussi vides que pompeuses, et cela non seulement dans le monde profane, mais même, ce qui est plus grave, dans les organisations initiatiques qui subsistent en Occident (1).

    Il est facile de comprendre que cette façon d’envisager les choses se rattache directement au besoin exagéré d’action qui est caractéristique des Occidentaux modernes ; en effet, le travail, du moins quand il est considéré ainsi, n’est évidemment pas autre chose qu’une forme de l’action, et une forme à laquelle, d’autre part, le préjugé « moraliste » engage a attribuer encore plus d’importance qu’à toute autre, parce que c’est celle qui se prête le mieux à être présentée comme constituant un « devoir » pour l’homme et comme à assurer sa « dignité » (2). Il s’y ajoute même le plus souvent une intention nettement antitraditionnelle, celle de déprécier la contemplation, qu’on affecte d’assimiler à l’ »oisiveté », alors que, tout au contraire, elle est en réalité la plus haute activité concevable, et que d’ailleurs l’action séparée de la contemplation ne peut être qu’aveugle et désordonnée (3). Tout cela ne s’explique que trop facilement de la part d’hommes qui déclarent, et sans doute sincèrement, que » leur bonheur consiste dans l’action même » (4), nous dirions volontiers dans l’agitation, car, lorsque l’action est prise ainsi pour une fin en elle-même, et quels que soient les prétextes « moralistes » qu’on invoquera pour la justifier, elle n’est véritablement rien de plus que cela.

    Contrairement à ce que pensent les modernes,n’importe quel travail, accompli indistinctement par n’importe qui, et uniquement pour le plaisir d’agir ou par nécessité de « gagner sa vie », ne mérite aucunement d’être exalté, et il ne peut même être regardé que comme une chose anormale, opposée à l’ordre qui devrait régir les institutions humaines, à tel point que, dans les conditions de notre époque, il en arrive trop souvent à prendre un caractère qu’on pourrait, sans nulle exagération, qualifier d’ »infra-humain ». Ce que nos contemporains paraissent ignorer complètement, c’est qu’un travail n’est réellement valable que s’il est conforme à la nature même de l’être qui l’accomplit, s’il en résulte d’une façon en quelque sorte spontanée et nécessaire, si bien qu’il n’est pour cette nature que le moyen de se réaliser aussi parfaitement qu’il est possible. C’est là, en somme, la notion même du swadharma, qui est le véritable fondement de l’institution des castes, et sur laquelle nous avons suffisamment insisté en bien d’autres occasions pour pouvoir nous contenter de le rappeler ici sans nous y étendre davantage. On peut penser ainsi, à ce propos, à ce que dit Aristote de l’accomplissement par chaque être de son « acte propre », par quoi il faut entendre à la fois l’exercice d’une activité conforme à sa nature et, comme conséquence immédiate de cette activité, le passage de la « puissance » à l’ »acte » des possibilités qui sont comprises dans cette nature. En d’autres termes, pour qu’un travail, de quelque qu’il puisse être d’ailleurs, soit ce qu’il doit être, il faut avant tout qu’il corresponde chez l’homme à une « vocation », au sens le plus propre de ce mot (5) ; et, quand il est ainsi, le profil matériel qui peut légitimement en être retiré n’apparaît que comme une fin tout à fait secondaire et contingente, pour ne pas dire même négligeable vis-à-vis d’une autre fin supérieure, qui est le développement et comme l’achèvement « en acte » de la nature même de l’être humain.

    Il va de soi que ce que nous venons de dire constitue une des bases essentielles de toute initiation de métier, la « vocation » correspondante étant une des qualifications requises pour une telle initiation, et même, pourrait-on dire, la première et la plus indispensable de toutes (6). Cependant, il y’ a encore autre chose sur quoi il convient d’insister, surtout au point de vue initiatique, car c’est là ce qui donne au travail, envisagé suivant sa notion traditionnelle, sa signification la plus profonde et sa portée la plus haute, dépassant la considération de la seule nature humaine pour le rattacher à l’ordre cosmique lui-même, et par là, de la façon la plus directe, aux principes universels. Pour le comprendre, on peut partir de la définition de l’art comme « l’imitation de la nature dans son mode d’opération » (7), c’est à dire de la nature comme cause (Natura naturans), et non pas comme effet (Natura natuarata) ; au point de vue traditionnel, en effet, il n’ y a aucune distinction à faire entre art et métier, non plus qu’entre artiste et artisan, et c’est là encore un point sur lequel nous avons déjà eu souvent l’occasion de nous expliquer ; tout ce qui est produit « conformément à l’ordre » mérite par là également, et au même titre, d’être regardé comme une œuvre d’art (8). Toutes les traditions insistent sur l’analogie qui existe entre les artisans humains et l’Artisan Divin, les uns comme l’autre opérant « par un verbe conçu dans l’intellect », ce qui, notons-le en passant, marque aussi nettement que possible le rôle de la contemplation comme condition préalable et nécessaire de la production de toute œuvre d’art ; et c’est là encore une différence essentielle avec la conception profane du travail, qui le réduit à n’être qu’action pure et simple, comme nous le disions plus haut, et qui prétend même l’opposer à la contemplation. Suivant l’expression des livres hindous, « nous devons construire comme les Dêvas le firent au commencement » ; ceci, qui s’étend naturellement à l’exercice de tous les métiers dignes de ce nom, implique que le travail a un caractère proprement rituel, comme toutes choses doivent d’ailleurs l’avoir dans une civilisation intégralement traditionnelle ; et non seulement c’est ce caractère rituel qui assure cette « conformité à l’ordre » dont nous parlions tout à l’heure, mais on peut même dire qu’il ne fait véritablement qu’un avec cette conformité même (9).

    Dès lors que l’artisan humain imite ainsi dans son domaine particulier l’opération de l’Artisan Divin, il participe à l’œuvre même de celui-ci dans une mesure correspondante, et d’une façon d’autant plus effective qu’il est plus conscient de cette opération ; et plus il réalise par son travail les virtualités de sa propre nature, plus il accroît en même temps sa ressemblance avec l’Artisan Divin, et plus ses œuvres s’intègrent parfaitement dans l’harmonie du Cosmos. On voit comment cela est loin des banalités que nos contemporains ont l’habitude d’énoncer en croyant par là faire l’éloge du travail ; celui-ci, quand il est ce qu’il doit être traditionnellement, mais seulement dans ce cas, est en réalité bien au-dessus de tout ce qu’ils sont capables de concevoir. Aussi pouvons-nous conclure ces quelques indications, qu’il serait facile de développer presque indéfiniment, en disant ceci : la « glorification du travail » répond bien à une vérité, et même à une vérité d’ordre profond ; mais la façon dont les modernes l’entendent d’ordinaire n’est qu’une déformation caricaturale de la notion traditionnelle, allant jusqu’à l’invertir en quelque sorte. En effet, on ne « glorifie » pas le travail par de vains discours, ce qui n’a même aucun sens plausible ; mais le travail lui-même est « glorifié », c’est à dire « transformé », quand, au lieu de n’être qu’une simple activité profane, il constitue une collaboration consciente et effective à la réalisation du plan du « Grand Architecte de l’Univers ».


    • 1 vote
      le celte 6 mai 2018 06:12

      @DJL 93VIDEO
      Ça c’est dit ! smiley

      Un peu pompeux dans le style exercice d’atelier d’obédience, Guénon fait une constatation somme toute assez superficielle et ne prend pas beaucoup de risques en ne situant le "travail" que dans sa forme active. Je suis néanmoins d’accord avec lui en ce qui concerne le contemplatif....


    • 2 votes
      DJL 93VIDEO DJL 93VIDEO 6 mai 2018 16:31

      @le celte
      C’est vrai que le style de Guénon est assez dense à lire.
      Il situe le travail sur le plan de l’agitation sauf quand il entre dans le cadre d’une vocation, c’est à dire d’un vrai métier qui est une voie vers l’excellence ...


    • 1 vote
      Heimskringla Heimskringla 7 mai 2018 09:23

      Une grande partie des hommes ont besoin d’être tenus en laisse. Deux solutions : le travail ou une femme et souvent, les deux. 


      • vote
        le celte 7 mai 2018 11:03

        @Heimskringla
        Et qu’elle en serait l’origine selon vous ?...Je parle de cette laisse dont vous faites si justement allusion...


      • 1 vote
        Heimskringla Heimskringla 7 mai 2018 11:27

        @le celte


        Bonne question. Je dirais en autre que l’homme a conscience et ce, de façon parfois consciente et souvent inconsciente des dichotomies de l’existence humaine, des conditions de l’existence. Il a un besoin de transcender ses besoins "barbares" ou bien d’être "tenu" voir enraciné dans quelque chose sinon, il devient fou et donc, dangereux. 

        Sujet passionnant. 

        L’avis de Medialter et Gollum serait intéressant. 

      • 3 votes
        Heimskringla Heimskringla 7 mai 2018 11:41

        @Heimskringla

        Le travail peut donner un sens à sa vie quand il ne le trouve pas ailleurs. Le travail est une forme d’échappatoire. 

        J’ai beaucoup d’amis qui en ont besoin sinon ils partent en vrille. Je trouve ça un peu pathétique. 

        Je préfère la philosophie de l’oisiveté, mère de tous les vices couronnement de toutes les vertus. Après de quel forme de travail parle-t-on ? Un ébéniste amoureux du bois qui aime ce qu’il fait ce n’est pas vraiment la même chose qu’une personne qui boss à la chaîne. Ce n’est pas le travail en soi qui me dérange, c’est sa nature et surtout la dictature du : "Tu dois bosser pour être accepté par le plus grand nombre." On est pas vraiment sortie de l’Allemagne nazie en fait 

        "Croire que le TRAVAIL est une vertu est la cause de grands maux dans le monde moderne [...] la voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail"

        "La morale du travail est une morale d’esclave, et le monde moderne n’a nul besoin de l’esclavage."

        "Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie."

        Bertrand Russel. 


      • 1 vote
        le celte 7 mai 2018 14:12

        @Heimskringla

        Je vous rejoins et me demande si la définition du mot travail, tel que nous l’envisageons dans le contexte, ne se conjugue pas systématiquement avec le terme emploi. L’emploi de l’Homme marchandise servant à accomplir des tâches fastidieuses, éreintantes et/ou dangereuses pour les intérêts d’un seul individu. Dans ce cas, il s’agit d’un esclavagisme volontaire qui s’étend à une majorité d’irresponsables et fonde malheureusement les bases de l’esprit commun. Heureusement que des mots tels que passion, occupation ou enrichissement personnel son encore dans le dico !


      • 1 vote
        Michael Gulaputih 7 mai 2018 20:05

        @Le celte

        Aaargh !
        Vous m’enlevez ce sujet lequel me tenait particulièrement à coeur. Mais je compte cependant le traiter quand même mais uniquement du point de vue de Christophe Dejours.
        Ce monsieur m’a vraiment impressionné par certaines de ses thèses et en particulier celles sur les jeunes de banlieue (c’est ce qu’on disait à l’époque).

        • 1 vote
          le celte 8 mai 2018 06:41

          @Michael Gulaputih

          Zut ! Si vous m’aviez prévenu à temps, je ne l’aurai pas publié ! smiley

          Blague à part, c’est un sujet si ambigu qu’il mérite bien son lot d’articles, pour ma part j’ai publié ce sujet pour jeter un pavé dans la mare et poser la question de l’état du travail dans notre société moderne, en me plaçant humblement à la place d’un docteur en diagnostiques. Grossièrement, les maladies liées au travail moderne sont les symptômes probants d’une société composée de "malades" n’ayant plus aucune objectivité sur leur état de santé et sur les effets négatifs qu’ils font subir à leur environnement, c’est un syndrome contaminant de masse.


        • 1 vote
          Scalpa Scalpa 8 mai 2018 00:35

          Et au repos ca va mieux !



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