Jacques Ellul, l’antitechnicien "bluffant" !
Jacques Ellul (1912-1994) ! Un nom qui, aujourd'hui, parle à peu de monde, même aux plus de 20 ans. C'est pourtant l' un des plus formidables penseurs de la deuxième moitié du XXè siècle, l'un des critiques les plus avisés de cette société moderne et son nouveau dieu : la technique !
Biberonné à la pensée de Marx et au protestantisme de tendance calviniste, Ellul, cet "anarchiste chrétien" simple et reservé, s'est pourtant fait un malin plaisir, toute sa vie durant, à se trouver là où on ne l'attendait pas. Ou comment il fut, lui, le penseur marxien', en définitive, l'un des plus virulents critiques de la pensée 'totalitaire' de Marx. Tout comme il fut l'un des plus virulents critiques de la religion en général et du christianisme en particulier, lui, le protestant et véritable homme de foi, qui dénonçait la pensée 'profonde mais totalitaire' de Calvin. Tant il détestait les vérités toutes faites et simplificatrices des pensée binaires, considérant que la Vérité n'apparaît qu'à la lumière des paradoxes.
'Libertarien' pour les uns, car détestant toute forme de pouvoir, 'conservateur' pour les autres car profondément attaché aux valeurs traditionnelles et à la Nature avec un grand 'N', ce véritable résistant, tant physique durant la 2è guerre mondiale qu'intellectuel au travers de son anticonformisme, demeure, encore aujourd'hui, un inclassable. Un solitaire, peu sensible aux honneurs mais beaucoup plus sensible à ce qu'il considérait comme la plus haute quête de l'être humain en ce bas monde : la recherche de la vraie liberté ! Liberté qui ne peut passer que par la responsabilité, ce que la sacralisation de la technique, précisément, détruit en l'homme.
Voici quelques vidéos sur ses réflexions quant à l'aliénation de l'homme moderne par la technique.
Le système technicien : première partie
Le système technicien : Deuxième partie
Le système technicien : Troisième partie
Le système technicien : Quatrième partie
Le système technicien : Cinquième partie
Le système technicien : Sixième partie
Tags : Société Culture
17 réactions à cet article
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J’ajouterais qu’il suffit d’observer le JT pour s’éclairer de pas mal de choses.
Au début, on démarre sur une musique angoissante qui prépare le cerveau. On monte en épingle, on amplifie toutes sortes d’événements et d’informations perturbatrices, terrifiantes, scandaleuses etc, et au final, à bout de souffle le cerveau se voit sortir de son marasme par une information divertissante, du foot, du sport, un truc marrant. Ainsi, le cerveau se conditionne et en vient à se dire que la sortie, la solution à tout « problème », c’est le divertissement. L’angoisse et le divertissement sont tous deux les deux piliers principaux du système marchand. Le principe, c’est de persuader chaque individu qu’il est impuissant et que la seule chose à faire, c’est de se divertir avant toutes ces fins du monde imminentes dont on nous parle chaque jour.
C’est la fin du monde, l’apocalypse, le crash financier, fukushima, le réchauffement climatique…C’est foutu de toute façon, alors divertissez-vous ! Surtout ne faites rien, veut dire : soumettez-vous.
L’image la plus significative à cela, c’est qu’en chaque individu. Il y a celui qui se bourre la gueule ou baise dans une funeste pluie de météorite qui éradique l’humanité.
Ben oui, regardez, là, juste devant nous dans cet écran, ce destin funeste auquel on ne peut échapper ! Que voulez vous faire d’autre ?
Tel le lapin pétrifié dans une lumière, il ignore ce qui lui arrive dessus et ne bouge pas.
Ainsi, sa chair restera ferme et juteuse quand on viendra l’occire.
Si vous l’attachiez, il se blesserait, il ne se reproduirait même plus et puis quelles infrastructures immenses pour attacher chaque lapin, quand il suffit juste de braquer une lumière sur eux.
« Je ne peux rien changer », « c’est foutu » est un puissant sort de magie noir sur le cœur des hommes.l suffit juste de lui faire croire, que la fin est proche et que c’est perdu d’avance.
Magie noir ou Psy op, c’est comme vous voulez, mais la magie ne fonctionne que si on y croit…
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J’insiste aussi à nouveau.
Pour ajoute quelque chose qui n’a pas été mentionné dans ces vidéos. C’est qu’effectivement il n’y a aucun responsable. Mais il y a une énergie utilisée fondatrice de l’ensemble de toute cette structure du monde intérieur et extérieur qui est : La peur.Tout cela à pu se mettre en place grâce à la peur et ce, depuis l’aube de l’humanité...
Ainsi, plus ce système grandit, plus on s’aperçoit que la peur grandit, normal, il lui faut de plus en plus d’énergie pour fonctionner.Que se passerait t’il si on décidait fermement de ne plus vivre dans la peur, de se changer ?
Est ce possible ?
Je ne veux convaincre personne de rien, mais, pourquoi ne pas juste y réfléchir un instant ?
Sur quoi se fonde ma vie et son meneur, l’égo ?
Sont t’ils le résultat de l’amour ou de la peur ?Quel est l’énergie qui sous tend toutes mes actions ? L’amour ou la peur ?
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Merci micnet ,
je ne connaissais pas Jacques Ellul .
Pensées intéressantes , à réécouter au calme ( je n’étais pas assez attentif ce soir ) .
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Merci Nora !
Si vous voulez réécouter tout cela au calme, je vous conseille de revisionner en priorité la vidéo n°3 qui, à elle seule, me semble bien synthétiser l’ensemble. -
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@Philippe Batise
Oui absolument ! Ellul était à la fois théologien et marxien (et pas marxiste) dans ses analyses, si bien qu’il ne souhaitait pas décorréler l’une de l’autre. Il adoptait une approche dialectique"Découvrant Marx et son explication du monde, j’ai préféré (le) suivre plutôt que le christianisme. En fait, le christianisme ne m’apparaissait pas une explication du monde. (…) C’était une affaire purement personnelle. Mais c’est au niveau de cette affaire personnelle que Marx m’apparaissait défaillant. Il pouvait m’expliquer ma situation mais pas ma condition humaine, ma condition d’homme mortel (…). Et puis, vers 22 ans, (j’ai découvert le) chapitre 8 de l’Épître aux Romains. (…) C’est le chapitre où la nature souffre et soupire dans les douleurs de l’enfantement. Il m’a donné une réponse au plan individuel et une réponse collective. J’ai vu une autre perspective que celle de Marx, perspective au-delà de l’histoire, définitive. Ce sont bien là mes deux sources. (…) Dans la mesure où je prenais très au sérieux la pensée de Marx, où Marx insistait sur l’inutilité de poser la question de Dieu et où il récusait toute autre dimension que la dimension économique et politique, je ne voyais pas de conciliation possible. (…) Je suis donc resté incapable d’éliminer Marx, incapable d’éliminer la révélation biblique, incapable de fusionner les deux. (…) J’ai donc commencé à être écartelé entre les deux et je le suis resté toute ma vie. Le développement de ma pensée s’explique à partir de cette contradiction » -
Salut micnet, et merci pour le partage de ce document fort intéressant.
Hélas, il y aurait tellement à dire là-dessus que cet espace de discussion n’y suffirait pas !!!
Vous vous doutez bien que je suis, pour ma part, tout à fait en accord avec ce que dit ici Ellul, et il a le grand mérite de le dire très simplement, à tel point que tout le monde serait capable de comprendre ce qu’il raconte.
Bref, j’ajouterais à tout ceci que le triomphe de la technique ne repose pas seulement sur la fausse promesse de liberté, elle repose également et surtout sur la fausse promesse de bonheur, un bonheur qui aurait chassé de son horizon le moindre effort, physique ou intellectuel. Ainsi une poignée de savants scientifiques seront appelés, de plus en plus à créer des gadgets pour que l’immense majorité de leurs semblables n’aient plus à se servir de leur cerveau, perdant de vue que l’effort nous est consubstantiel et que le seul "progrès" qui vaille est celui de l’individu, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, et non celui qu’enfantent matériellement les siècles successifs.
Petite critique que j’adresserais à Ellul cependant - et c’est une critique que je m’adresse à moi-même par la même occasion : je dois lutter contre ma tendance à hypostasier la nature, et il me semble qu’Ellul est parfois en proie au même travers vis-à-vis de la "technique".
La technique n’est en soi ni bonne ni mauvaise, elle n’est que ce qu’on décide d’en faire.
Bien à vous,
EG-
@Eric GueguenBonjour et merci pour votre commentaire, c’est vrai qu’ Ellul sait expliquer assez simplement des concepts complexes.Je reviens sur votre dernière remarque :"Petite critique que j’adresserais à Ellul cependant - et c’est une critique que je m’adresse à moi-même par la même occasion : je dois lutter contre ma tendance à hypostasier la nature, et il me semble qu’Ellul est parfois en proie au même travers vis-à-vis de la "technique".La technique n’est en soi ni bonne ni mauvaise, elle n’est que ce qu’on décide d’en faire."---> Tout à fait ! La technique n’est ni bonne ni mauvaise en elle-même, elle n’est qu’un moyen et je crois qu’ Ellul est en phase avec cela. Pour ma part, je crois qu’il dénonce avant tout le fait de "sacraliser" la technique. Il dit d’ailleurs quelque chose qui me semble fondamental en citant Bergson : ’les progrès techniques doivent nécessairement s’accompagner des progrès humains, d’un supplément d’âme nécessaire à l’homme pour qu’il ne se fasse pas dominer par la technique’.Bien à vous -
J’avais en effet relevé la même phrase de Bergson, que je ne connaissais pas.
On oublie trop souvent de dire qu’autant un être bénéficie dès sa naissance des progrès techniques des générations qui l’ont précédé, autant au niveau éthique il a tout à refaire.
C’est la raison pour laquelle les penseurs grecs, notamment, ne seront jamais démodés ; le progrès civilisationnel (à de rares exceptions près comme leur avis sur l’esclavage en particulier) n’existe ni dans le temps ni dans l’espace, il est fonction de ce que chaque être humain décide, individuellement, de faire de sa vie (ici aujourd’hui comme ailleurs autrefois).
Quant à notre regard sur la technique, Ellul a, je pense, tout à fait raison de dire que pour nous déprendre du caractère sacré qu’on lui confère, il faudra compter sur les jugements de valeur d’une poignée d’individus seulement, ceux qui n’auront pas délaissé le recours à la raison pratique pour le confort de la technique. -
Tenez, regarder ce que je viens de lire sur Le Figaro :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/10/08/20002-20131008ARTFIG00380-maths-lecture-bonnet-d-ane-pour-les-francais-adultes.php
Affligeant ! Comment parler de progrès !!! Et gageons que toutes ces personnes ont, chacune, un téléphone portable dernier cri ! Les plus béats nous répondrons : "Pourquoi savoir écrire, lire et compter, nos tablettes le feront pour nous dans quelque temps !?"... -
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Ceci : "répondronT, et non répondronS".
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Jacques Ellul est mort en 1994 mais, par la voix d’anciens élèves il continue d’écrire aujourd’hui.
Et il écrit SUR aujourd’hui.
C’est particulièrement le cas dans ce livre de 2013 édité aux éditions de La Table Ronde :
POUR QUI, POUR QUOI TRAVAILLONS-NOUS ?
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un petit bijou de force simple
franchement , merci !-
Ellul doit être lu. Je conseil son livre le bluff technologique.
Par ailleurs pouvez vous donner les références de ce film (qui l’a réalisé ?)MerciBruno
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