La santé mentale dans un système qui maltraite l’individu
Dans « Un homme comme vous, Essai sur l'humanité de la folie », le journaliste Patrick Coupechoux démontre comment le concept de “santé mentale” exclut les grands malades psychiatriques.
Patrick Coupechoux poursuit là le travail entrepris lors de son premier ouvrage consacré à la psychiatre « Un monde de fou » (ed. Seuil). S'il s'était, en 2006, attaché à dresser un état des lieux et des impasses de la psychiatrie contemporaine, il explore, dans son dernier ouvrage les sources théoriques et cliniques, politiques et poétiques de cette psychiatrie du sujet qui visait à faire sortir les déments des vieux asiles.
Mediapart (Sophie Dufau) : La psychose est-elle l’angle mort de la santé mentale ?
Le soin c’est la relation (...) y compris quand on utilise des médicaments. S’il n’y a pas de relation, il n’y a pas de soin.
( Gaetano Benedetti : L’expérience de la psychose )
Mediapart : Les surréalistes ont modifié le regard posé sur les déments, ont milité pour les libérer de l’asile...
La folie, il faut la sortir d’une vision scientiste.
Il y a un langage de la folie, qu’il faut respecter.
Les surréalistes ont réhabilité la folie.
Mediapart : Après les surréalistes, comment intervient le mouvement désaliéniste ?
Ils ont voulu faire en sorte que le fou puisse vivre parmi les hommes tel qu’il est, avec l’aide qu’on lui apporte.
La question de fond c’est : est-ce que le fou est un humain ?
Mediapart : Vous opposez la santé mentale à la psychiatrie, allant jusqu’à dire que c’est l’effacement de la psychiatrie. Pourquoi ?
L’asile c’était une façon de gérer une population marginale et déviante...
( Robert Castel :
Des marges de la psychiatrie aux marges du « social » – Entretien avec Robert Castel )
On a mis des décennies à en finir avec l’asile...
La psychiatrie s’occupe des fous ; la santé mentale s’occupe de tout le monde.
Nous sommes dans un système qui maltraite l’individu.
On arrive à une situation où l’objectif est de mettre le plus possible de gens dans la ville, dans la rue, en déléguant au monde associatif, qui est épuisé, la mission de s’occuper de ces gens-là quand ils ne sont pas en crise, et où le soin disparaît complètement.
On a totalement séparé, d’un côté une médecine high-tech très performante, enfin qui se veut très performante, et d’un autre côté une gestion de la chronicité qui est une gestion sociale, qui est une gestion misérable, et surtout, qui écarte le soin...
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- Présentation du plan santé mentale 2011-2015
- Vidéo de la Commission des affaires sociales : Santé mentale (rapport d’étape du 29 mai 2013)
- Au Québec, environ une disparition sur 4 serait reliée à un problème de santé mentale
Isabelle Bourgeot manque à l’appel depuis 1985. James Khan a disparu en juillet 2010. Leurs familles appellent à l’aide. Réalisé par Monic Néron et Chritian Pichette.
- Les soins de l’âme : des infirmiers en santé mentale racontent
Les soins de l’âme : les infirmières et infirmiers de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal se confient. Documentaire en développement écrit par Annie Deniel et Martine Breuillaud. Production Carmen Garcia. Argus films. Tous droits réservés. octobre 2012
Tags : Santé
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