Scandale : l’impunité du nouveau capitalisme criminel
"Ce nouveau capitalisme financiarisé est criminogène". Jean-François Gayraud, auteur du livre " Le nouveau Capitalisme criminel" (préface de Paul Jorion).
Jean-François Gayraud constate la très grande transformation du capitalisme contemporain, depuis les années 80. Ce nouveau capitalisme financiarisé est criminogène. "Autrement dit il ouvre des possibilités, des incitations, des opportunités à la fraude tout à fait inédites dans l'histoire. et en particulier, ces fraudes ont une capacité à générer des crises financières".
"Voir comment les bulles immobilières, les bulles boursières, ont une dimension frauduleuse assez forte". Que ces fraudes viennent du crime organisé, ou de la criminalité en col blanc (banquiers, financiers).
"Il est important d'identifier ce qu'il y a d'inédit dans ces crises financières, c'est-à-dire qu'elles ont une dynamiqe criminogène forte, qu'en général les économistes ne veulent pas voir".
"Les économistes n'aiment pas parler du crime...
Ce que ne veulent pas voir les économistes, c'est que le crime n'est pas un phénomène neutre ; il peut évidemment détruire de la richesse, mais il peut surtout profondément modifier le fonctionnement des marchés économiques et financiers".
"Le nouveau visage du capitalisme est né de politiques publiques".
La crise des sub-primes : "des mauvais acteurs qui fraudaient de manière systématique, voire systémique ont pris le pas sur des acteurs sains et honnêtes".
- Scandale du Bitcoin
- Le trading haute fréquence (grosse masse d'échanges, à très haute vitesse)
- La récession yakuza au Japon (crise financière dans les années 80 -> des prêts sans intérêts, obtenus par les mafias japonaises)
...
Entretien avec Jean-François Gayraud, auteur du livre " Le nouveau Capitalisme criminel".
Jean-François GAYRAUD n’en démord pas : les économistes se trompent, la crise économique n’est pas systémique mais criminelle. Ce commissaire divisionnaire de la Police nationale, ancien membre de la DST, criminologue, proche du chercheur belge Paul JORION, a un point de vue unique sur la crise financière. L’actualité lui donne raison. Au Japon, le bitcoin est en chute libre : et s’il s’agissait d’une vaste escroquerie ? L’Escroquerie et le crime n’ont-ils pas, de tout temps, accompagné la vie économique ?
Jean-François Gayraud dénonce cette criminalité dans un rapport...
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Impunité des institutions financières
- La banque Wachovia (Une des plus grandes banques des USA. Liée au narcotrafic. Elle a "oublié" de filtrer environ 380 milliards de dollars, de l’argent venant des cartels de la drogue mexicains : amende insignifiante)
- HSBC (blanchiment d’argent issu des cartels de la drogue mexicains : pas de poursuites pénales ; amende insignifiante vis-à-vis des profits réalisés)
- Trading haute fréquence : on a légalisé le délit d’initié à très haute vitesse ? On a légalisé l’hyperspéculation sur le marché des matières premières ?
- Une souveraineté des peuples laminée... par une symbiose des politiques avec le monde de la finance...
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Le nouveau capitalisme criminel
Citations en exergue :
Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé (F. Roosevelt)
Il n’y a pas d’alternative au capitalisme (Klaus Schwab)
Le capitalisme est le racket légitime, organisé par la classe dominante (Al Capone, apocryphe)
- Le capitaisme ne cesse de changer de visage. Depuis les années 80 : financiarisé, dérégulé et mondialisé à l’excès. Et ces excès de dérégulation, de mondialisation et de financiarisation, ont des potentialités, des dynamiques et des vulnérabilités criminelles très fortes (la dimension criminelle qu’ont prise certaines crises financières, au Japon, en Albanie, en Espagne ou encore au Mexique et en Colombie...)
- Aveuglement des économistes : cloisonnement des activités, positivisme, excès de mathématiques, la vision ultra-libéraliste (le crime est "blanchi" par le "marché omniscient et parfait")
- Crise espagnole
- Institutions financières complices (narcobanques)
- Le trading haute fréquence (des milliers d’ordres de Bourse à la nanoseconde)
- Puissances financières "Too big to jail" (elles sont au-delà de la responsabilité pénale, un vrai problème démocratique...)
Financiarisé, mondialisé et dérégulé à l’excès, le capitalisme n’est-il pas devenu criminogène, tant il offre désormais d’opportunités et d’incitations aux déviances frauduleuses ?
Pour en parler, Xerfi Canal a reçu Jean-François Gayraud, essayiste et commissaire divisionnaire.
Une interview menée par Laurent Faibis.
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Cette impunité de la finance est également dénoncée par Myret Zaki et Antoine Peillon, à propos de l’évasion fiscale : Voir l’article Myret Zaki épingle les rois de l’évasion fiscale (UBS, Trusts anglosaxons, paradis fiscaux...)
Extraits :
...on estime à 400 milliards d’euros les avoirs offshore des banques françaises. Mais pas un mot de la part des autorités françaises à ce sujet...
(...)
Le Lichtenstein, la Suisse et le Luxembourg seraient "un petit peu sortis du marché de l’évasion fiscale suite à ces scandales et ces attaques qu’ils ont subis". Mais pour faire de l’évasion fiscale, "eh bien il reste les Etats-Unis, les Caraïbes, Londres et ces dépendances de la couronne qui capturent aujourd’hui tout le marché de l’évasion fiscale, quasiment, grâce à ces structures, que seuls les richissimes peuvent s’offrir, puisqu’un trust vraiment opaque et hermétique au fisc des Etats, ça coûte très cher..."
(...)
A noter que si des banques se retrouvent devant la justice, "le montant des amendes est insignifiant" si on le compare avec les bénéfices d’une banque comme UBS, qui peuvent avoisiner les 20 milliards de dollars par an...
Paris, 18 janvier 2014. — L’évasion fiscale n’est plus à la marge mais au cœur de l’économie et affaiblit nos États. Les actifs français placés à l’étranger représenteraient ainsi 600 milliards d’euros. L’évasion fiscale représenterait en France entre 40 et 80 milliards d’euros par an. Plusieurs affaires et scandales ont mis sur la place publique ce phénomène : affaire Cahuzac, affaire de la banque UBS, etc.
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Voir également l’article de Eric de Ruest : Les banques et la nouvelle doctrine « Too Big to Jail »
Extrait :
« Too Big to Jail » [2] qui rime avec « Too Big to Fail ». En effet, alors que le gouvernement des États-Unis a laissé Lehman Brothers faire faillite en septembre 2008, aucune banque n’a été fermée [3] ou démantelée par décision de justice, aucun dirigeant de banque n’a été condamné à une peine de prison. L’unique exception dans le monde occidental concerne l’Islande où la justice a condamné à des peines de prison ferme trois dirigeants de banque.
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Goldman Sachs a "la puissance nécessaire" pour tout se permettre... Tout ! (vidéo de 2011)
" Toutes les banques d’affaires sont immorales ! " (Marc Roche)
Tags : Banques Finance
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