Les Martiens existent
Bon, d’accord le titre est un peu racoleur. N’empêche, on pourrait finir par se dire que Mars est effectivement peuplée. Par des sondes. Américaines.
Phoenix, pourtant, n’est pas une mission comme les autres. À la différence de Spirit ou Opportunity, le temps lui est compté, et chichement encore. Cela n’est pas dû à la conception de la sonde, mais plutôt à l’endroit où elle s’est posée : dans les vastes étendues congelées de Vastitas Borealis, loin au nord des volcans boucliers que sont Pavonis et Olympus Mons, loin de Valles Marineris, près du pôle Nord de Mars.
Dans quelques semaines ou mois, il n’y aura plus assez d’énergie, plus assez de lumière, il fera trop froid pour que la sonde puisse continuer à mener sa petite vie électronique. Alors elle va se dépêcher de creuser pour nous dire rapidement s’il y a de l’eau là-haut, si, dans un passé lointain, Mars a été accueillante pour la vie.
Cela dit, pourquoi donc fais-je un papier sur ce sujet qui a été déjà longuement relaté dans les médias ? Parce que la vidéo que je vous présente n’émane pas de la Nasa, mais du CNES.
Et une fois de plus, je m’étonne. L’Europe n’est-elle pas une puissance spatiale ? La société leader mondial des lancements commerciaux de fusées est-elle américaine ou européenne ? N’avons-nous aucune capacité à envoyer une sonde sur Mars ? Après tout, nous avons une sonde en orbite, Mars Express, qui fait un travail fantastique, et sa sœur se balade autour de Vénus pour glaner des informations précieuses.
Alors, pourquoi n’avons-nous pas un programme spatial plus ambitieux ? Une question de moyens ? L’Europe est la zone la plus riche au monde, sa puissance économique dépasse même celle des États-Unis. Par souci de ne pas gaspiller les deniers publics ? Outre le fait que les politiques européens ne sont pas familiers de ce genre de considérations, je dois vous dire que le programme spatial américain, loin d’être un gouffre financier, a surtout été un formidable investissement pour l’économie américaine qui a trouvé là les financements pour ses industries informatiques, de télécommunications, de matériaux industriels innovants, pour ne citer que les retombées civiles.
Combien de temps resterons-nous aveugles ? Combien de temps encore allons-nous jouer les timorés ? Nous avons les capacités. Nous avons le savoir-faire. Nous avons les ressources financières. Investissons dans les programmes qui feront naître les industries de demain. À moins bien sûr que nous ne souhaitions laisser ce monopole aux Américains. Ou laisser les Chinois, les Indiens, les Brésiliens jouer aux grands garçons. Pendant que nous dormons, le futur passe devant nos fenêtres. Sans s’arrêter.
Manuel Atréide
Tags : Europe Etats-Unis Astronomie Robotique
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