La conclusion des réflexions de Chouard semble adaptée aux problématiques que vous évoquez : en effet, à chaque fois qu’un système social humain crée de l’inégalité ou des injustices, cela semble toujours provenir d’un ou plusieurs acteurs (n’importe lesquels) qui commencent à faire quelque chose qu’ils ne devraient pas avoir le droit de faire, et qu’ils ne feraient plus si une instance de contrôle supérieure les en empêchait.
Les banques qui privatisent la monnaie, les traders qui manipulent la finance pour générer du profit, les politiciens qui favorisent ceux qui financent leur campagne, les dictateurs qui manipulent l’opinion, les médias qui déforment l’info pour vendre plus ou favoriser tel ou tel acteur... Tous font des choses qu’ils ne devraient pas avoir le droit de faire, tous abusent de leur pouvoir car rien n’est là pour l’endiguer.
La proposition de Chouard, c’est que la digue contre les abus de pouvoir soit le peuple réuni en assemblées et/ou en commissions tirées au sort, chargées de surveiller tous les acteurs politiques, économiques et sociaux et d’empêcher leurs éventuels abus de pouvoir qui nuiraient à l’intérêt général. En définitive, la Démocratie authentique, consacrée dans un texte constituant écrit par et pour le peuple.
Donc vous pensez que "ils" et la population ne peuvent pas envisager de légiférer pour empêcher les abus, mais vont accepter que nous supprimions purement et simplement la monnaie d’échange ?
"Comment peut-on distinguer les cas où ce sont les minorités puissantes qui propagent les idéologies parmi la majorité et les cas où c’est la majorité elle-même qui établit un raisonnement sur le plan intellectuel ?"
Ça me semble pourtant évident : fondamentalement, la pensée n’est pas un processus collectif. Chaque individu se nourrit d’un contexte, d’une histoire, des autres. Mais un peuple n’est pas capable de théoriser quoi que ce soit.
Un courant de pensée a donc toujours des origines individuelles, qu’il soit religieux, politique ou philosophique. Il peut se propager rapidement, être partagé par des millions de gens en quelques années et se scinder en une multitude d’autres courants, ce qui peut faire penser à un mouvement collectif, mais toute théorie, ou agrégation de théories, a forcément une origine individuelle. Elle est d’abord pensée par un homme ou une femme. Un groupe ne pense pas, il partage des informations.
Quand un groupe prends une décision collective, il ne pense pas. Il n’invente pas une nouvelle théorie à adopter à partir d’un consensus entre ses membres. Il choisit une des voies proposées par différents individus. D’ou le rôle centrale de l’information et de la liberté d’expression en démocratie, vous avez absolument raison de le souligner.
L’information juste et impartiale du peuple n’est pas une limite de la démocratie, c’est une nécessité pour son fonctionnement. Si une assemblée constituait une démocratie en France, elle penserait forcément à cet aspect et prendrait toutes les dispositions légales et institutionnelles pour protéger les journalistes et enseignants de toute influence ou corruption.
J’ai l’intuition qu’un peuple bien informé fait de meilleurs choix que des représentants élus. Mais ce n’est que mon avis, il y a pas encore d’exemple historique à ma connaissance pour en attester de manière irréfutable.
@Morpheus : Je ne doutais pas que sur le fond nous étions d’accord, c’est juste que je pense que le travail de gens comme ceux appartenant au mouvement "Après la monnaie" est inutile, voir contre-productif dans certains cas (ici, quelqu’un qui fait l’apologie de l’abolition de la monnaie mais qui a aussi posté des vidéos sur les ovnis). On peut difficilement trouver un meilleur moyen de décrédibiliser l’idée.