Il est vrai que cette religieuse présente un attrait exceptionnel par l’esprit de rébellion qu’elle exhibe à propos des problèmes qui agitent notre monde contemporain. Elle n’a pas peur de révéler son aspect humain, celui du désir d’une femme qui a eu le courage de renoncer à sa sexualité, aux attraits de la vie profane pour s’approcher de Dieu, ou de Jésus ou des autres personnages qui ont gravité autour du christianisme et surtout du catholicisme. Le but de cette manoeuvre semble avoir été en priorité celui de pouvoir se consacrer aux autres, car, pouvait-elle penser, ce serait pour elle la seule façon d’accéder à l’amour des tous plutôt qu’à celui d’un ou d’une seule. Cette hypothèse mérite assurément confirmation même si de grands penseurs comme St Augustin avaient déjà tracé la voie dans cette perspective. Le problème demeure de déterminer si pour aimer le monde il faut renoncer à l’amour d’un seul ? C’est en tout cas ce que semblait avoir compris soeur Emanuelle au printemps de sa vie, interprétation et serment qu’elle n’a jamais abandonné jusqu’à la fin de ses jours. On ne saurait que la féliciter pour cette prise de position et l’envier pour la chance qu’elle s’est donné de prendre cette position.