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Commentaire de Erca

sur Bilan des "années Mitterrand" : conférence de Jean-Luc Mélenchon


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Erca 12 mai 2011 15:46

Mélenchon m’a fait plaisir en reconnaissant son erreur sur l’Acte Unique et Maastricht et en n’oubliant pas de reconnaître à Chevènement sa clairvoyance sur la question à l’époque. Le problème est que dans les dernières minutes de cette (excellente) conférence, Mélenchon évoque ces traités comme s’ils avaient atterri ex nihilo sur la France, sans jamais les relier à la volonté farouche de François Mitterrand sur le terrain, gagné par les idées de Jacques Delors.


Il est certes très intéressant de souligner les mesures de 1981 et surtout de remettre Mitterrand dans son contexte (situation économique hautement complexe de 1983, cohabitation en 1986 et opposition aux privatisations, volonté de réforme constitutionnelle en 1991 que pour ma part j’ignorais), mais il y a une certaine ambiguïté (pour ne pas dire autre chose) dans le fait de relier Mitterrand à 1981, et d’oublier de le faire pour ce qui est de la fuite en avant européenne, qui a mis en place tous les outils pour démanteler 1981. Ce n’est pas avoir une vision policière que de ramener Mitterrand à 1983 et sa suite, c’est simplement être lucide, malgré toutes les nuances qu’on peut apporter à ce constat (et que Mélenchon fait bien d’apporter).

Et si on ajoute à cela les affaires, que Mélenchon refuse d’aborder pour des raisons que je comprends bien, mais qu’on ne peut raisonnablement pas repousser d’un revers de main s’il s’agit de faire un bilan honnête... C’est d’ailleurs un des gros problèmes que j’ai avec Mélenchon : sa volonté extrêmement louable de lutter contre la doxa en lui apportant de fortes nuances le conduit très souvent à ne plus se concentrer que sur les nuances, en perdant de vue un constat global et honnête. Car tout n’est pas nécessairement faux dans ce que véhicule la doxa, il faut faire le tri. Son refus absolu de la récupération, sa volonté constante de créer le clivage l’éloigne de la lucidité, du moins dans son discours. Cela me gêne de plus en plus quand j’essaie d’imaginer ce que ça donnerait au pouvoir.

Au sujet de l’Acte Unique, je conseille la conférence qu’a donnée dernièrement Jean-Pierre Chevènement à Sciences Pô Lyon, au cours de laquelle il révèle notamment le contexte ubuesque de la signature française : à part Mitterrand, son conseiller spécial et les 2 ministres concernés, personne n’était au courant de son contenu et de ses terribles implications ! Aberrant mais véridique.


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