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Commentaire de Erca

sur Seguin : L'Europe se fait sans les peuples et en catimini


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Erca 25 octobre 2011 01:18

Le combat de M. Asselineau est très louable, et ses conférences d’un grand intérêt. Mais il n’a pas compris où se situait le véritable verrou, ce qui me conduit à penser que le programme de l’UPR est malheureusement un leurre énorme en termes de stratégie.


J’ai assisté à l’une de ses dernières conférences, et il a effleuré le problème lui-même, mais sans en tirer les conclusions. Après un superbe exposé sur la politique extérieure de de Gaulle et surtout son émancipation à l’égard du couple germano-américain après que celui-ci avait montré sa complicité dans la construction européenne, M. Asselineau s’est indigné : "Mais que n’avait-il désigné un successeur ? Cela nous aurait évité de nous retrouver avec un traître comme Pompidou !"


Déjà, cette déclaration permet de bien cerner quelle conception restrictive de la démocratie a M. Asselineau, lui qui a pourtant donné comme devise à son parti de la rétablir. Mais surtout, ce qu’il n’a absolument pas compris, c’est que tant que l’on restera dans le cadre du gouvernement représentatif, surtout à un point de dérive comme on le connaît avec la Vème République, le verrou restera et nous demeurerons sous la menace permanente de l’Empire américain. Car un grand homme pourra bien faire tout le bien qu’il voudra : s’il est remplacé par un autre despote qui pourra à loisir détruire tout le bien qu’il aura accompli, ne s’agit-il pas d’un leurre monumental ? La continuité d’action, elle ne peut être que dans le peuple. Rétablir une authentique souveraineté populaire conduira mécaniquement à rétablir la souveraineté nationale (il suffit de regarder quel est le pays le plus démocratique en Europe, à savoir la Suisse, pour s’en convaincre) : en revanche, garantir la souveraineté nationale sans mettre en oeuvre la souveraineté nationale ne nous offrira qu’un répit.


L’intransigeance et le conservatisme absolu que M. Asselineau a montrés lors de son débat avec Etienne Chouard au sujet d’une possible réforme du gouvernement représentatif, montrent bien qu’il est totalement aveugle et qu’il n’a pas vu où se situait le véritable verrou. En vérité, je crois qu’il a passé bien trop de temps dans le système partisan et gouvernemental pour pouvoir opérer un quelconque changement de paradigme. Quand le pouvoir ne corrompt pas, il sclérose complètement la pensée.


D’ailleurs, j’ai cru comprendre que M. Asselineau préférait s’écouter parler plutôt que de communiquer réellement avec les gens qui sont prêts à mener son combat. Après 4h30 de conférence en soirée et en semaine, M. Asselineau a continué à monopoliser la parole au moment de discuter avec l’assistance, obligeant les dernières personnes de bonne volonté à quitter la salle (il était minuit). Il y a des attitudes qui ne trompent pas.


Tout ça pour dire qu’il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre l’UPR n’est pas encore la solution qui permettra à notre pays de se sortir du guêpier : il faudra plutôt la chercher dans une alliance ou une fédération entre partis, mouvements et personnalités promouvant la souveraineté populaire et la démocratie authentique. Une fois que nous aurons fait cela, un cliquet aura été enclenché, d’une part car un peuple aime rarement perdre un pouvoir auquel il a goûté ; d’autre part car ce nouveau cadre permettra de s’émanciper sur le long terme, et non pas simplement le temps du mandat d’un "grand homme", cette chimère mortelle qui endort les peuples. Sans compter qu’un mouvement portant cet idéal aura un potentiel beaucoup plus fort qu’un mouvement se contentant d’appeler à sortir de l’UE, ce dernier programme clivant l’électorat de 2005 dans lequel on compte beaucoup de gens de gauche européistes, estimant que la construction européenne est certes fallacieuse mais doit être retournée vers les peuples, et non détruite (c’est la ligne Mélenchon). Je ne dis pas que c’est mon analyse, mais c’est celle de beaucoup de gens. L’oligarchie a complètement intérêt à ce que cet électorat du "non" reste clivé (cf Jean Peyrelevade qui se réjouissait dernièrement face à Eric Zemmour que les "40 % de populistes" soient divisés entre la droite et la gauche, ce qui les empêche d’être le premier parti de France).


M. Asselineau est donc l’idiot utile de l’oligarchie car il fait son jeu, malgré une lucidité sans égal sur l’état de la puissance française sur le plan international. C’est un constat sévère, mais je crois l’avoir assez bien démontré.


J’aurai l’occasion de développer tout cela dans un prochain papier pour AgoraVox. Il sera question d’un "manifeste pour une déclaration d’indépendance populaire".


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