@Kemilien, comment concevez-vous la démocratie pour dire que celle-ci est incompatible avec le capitalisme ?
Au contraite ces deux notions sont parfaitement liées, tout du moins pour les démocraties modernes apparues à partir du XVIIème siècle.
Si vous la concevez comme un régime politique où chacun a la liberté de pouvoir s’exprimer, de voter, de s’associer, c’est que vous assimilez (peut-être sans le savoir) la démocratie à un régime politique libérale
La démocratie moderne conçoit l’individu comme une "fin en soi", comme un être "particulier", c’est pourquoi le plus grand problème de la démocratie est celui de la désunion des individus : comment bâtir une société, une structure collective alors que les individus sont conçus des êtres premiers ?
Or l’individu moderne est celui des besoins matériels, tout homme cherche la "sécurité dans les jouissances privés" comme le disait Benjamin Constant. C’est pourquoi la démocratie et le capitalisme ne font qu’un : l’un lui donne un statut (il est considéré comme une fin en soi, un être premier), l’autre lui permet d’assurer ses besoins matériels.
Je vous renvoie à la critique de Marx sur la Déclaration des Droits de l’Homme où il conçoit les démocraties modernes, et donc individualistes et capitalistes, comme des régimes biaisés.
Si vous souhaitez une démocratie moderne (au sens intellectuel du mot), débarassée du capitalisme, c’es tout simplement impossible, ou alors c’est vouloir changer la nature de l’homme, son essence, ce qui est un idéal...
Enfin ce n’est pas le capitalisme qui nuit à la démocratie, c’est la démocratie elle-même, qui court à son autodestruction. La démocratie a pour objectif l’égalitarisme social, c’est-à-dire l’égalisation des conditions, mais de ce fait l’homme est enclin à se replier sur lui-même, sur sa sphère privé, sur ses besoins matériels car c’est un être égoïste de par nature.
Dans les démocraties modernes, il y a un désintérêt croissant pour la Politique car il y a un intérêt croissant pour satisfaire ses besoins matériels. Et c’est ce pourquoi les sociétés démocratiques sont des sociétés désunies : elles sont atomisées en un archipel de microsociétés aux intérêts divergents.

"Les hommes qui habitent les pays démocratiques se replient volontiers sur eux-mêmes et se considèrent isolément. J’ai eu l’occasion de le montrer fort au long quand il s’est agi de l’individualisme.
Ce n’est donc jamais qu’avec effort que ces hommes s’arrachent à leurs affaires particulières pour s’occuper des affaires communes ; leur pente naturelle est d’en abandonner le soin au seul représentant visible et permanent des intérêts collectifs, qui est l’Etat.
Non seulement ils n’ont pas naturellement le goût de s’occuper du public, mais souvent le temps leur manque pour le faire. La vie privée est si active dans les temps démocratiques, si agitée, si remplie de désirs, de travaux, qu’il ne reste presque plus d’énergie ni de loisir à chaque homme pour la vie politique"

Tocqueville, De la démocratie en Amérique

La démocratie moderne est quoi qu’on en dise : individualiste, égoïste et nécessairement capitaliste. Reste à savoir votre définition de la démocratie.