En général, nous avons peur de mourir
parce que nous ne savons pas ce que veut dire vivre. Nous ne savons
pas vivre, et, par conséquent, nous ne savons pas mourir. Tant que
nous aurons peur de la vie, nous aurons peur de la mort. L’homme que
la vie n’effraie pas ne craint pas de se trouver dans une insécurité
totale, car il sait qu’intérieurement, psychologiquement, il n’y a
pas de sécurité.
Ne pas rechercher une sécurité, c’est
participer à un incessant mouvement où la vie et la mort sont une
seule et même chose. L’homme qui vit sans conflits, qui vit en
présence de la beauté et de l’amour, ne craint pas la mort, car
aimer c’est mourir.
Si vous mourez à tout ce que vous
connaissez, y compris votre famille, votre mémoire, et à tout ce
que vous avez vécu, la mort devient une purification, un processus
de rajeunissement ; elle confère une innocence et seuls les
innocents sont passionnés, non les croyants, ni ceux qui cherchent à
savoir ce qu’il advient après la mort.
Pour savoir réellement ce qui se
produit lorsqu’on meurt, on doit mourir... cela n’est pas une
plaisanterie : on doit mourir, non pas physiquement, mais
intérieurement, mourir à ce que l’on a chéri et à ce qui a
provoqué de l’amertume. Si l’on a su mourir à l’un des plaisirs que
l’on a eus, le plus insignifiant ou le plus intense, peu importe,
mais d’une façon naturelle, sans contrainte ni argumentation, on
sait ce que veut dire mourir.
Mourir c’est se vider totalement
l’esprit de ce que l’on est, c’est se vider de ses aspirations, des
chagrins et des plaisirs quotidiens. La mort est un renouvellement,
une mutation, où n’intervient pas la pensée qui est toujours
vieille. Lorsque se présente la mort, elle apporte toujours du
nouveau. Se libérer du connu c’est mourir, et alors on vit.
Krishnamurti - Se libérer du connu