-Concernant
la tradition
En réalité, libéralisme et tradition sont antinomiques. Un libéral ne peut pas être traditionaliste
(c’ est pourquoi je dis que certains
libéraux classiques ont pu avoir des opinions conservatrices mais cela n’en
fait pas des traditionalistes, ce sont des progressistes).
Le
droit moderne théorisé par les libéraux repose sur la notion de droits
inhérents à la nature de tout individu considéré isolément, soustrait à l’autorité de la tradition.
Les sociétés traditionnelles regardaient l’homme
comme un être social, l’individu était perçu comme membre d’un ensemble
organique. La communauté à laquelle il appartenait était indissociable de lui,
et il était inséparable d’elle, et elle déterminait ses normes de comportement.
Il n’était pas question de libre arbitre mais de destin à accomplir !
En
mettant la liberté individuelle comme valeur fondamentale et inaliénable, les
libéraux ont détruit cet ordre. Un traditionalisme qui a pour
fondement la liberté individuelle n’est qu’un traditionalisme frelaté, surtout
si chacun fait ce qu’il veut en matière économique parce que l’échange
marchand ne crée pas d’obligations. Dans l’acte d’achat, la parité entre ce que
l’on reçoit et ce que l’on offre s’établit immédiatement, alors que dans une
logique de don, la dette n’est jamais soldée et l’échange jamais achevé.
C’est ça la tradition alors que le rapport d’argent instaure entre les
hommes une indifférence réciproque.
L’État-Providence que les libéraux modernes condamnent n’est pas
une émanation du socialisme mais de la dynamique libérale elle-même, il est la traduction de la nécessité pour les
pouvoirs de réparer les dégâts provoqués dans le tissu social par la montée de
l’individualisme libéral : il s’agit de substituer les liens qui reliaient
les individus les uns aux autres dans les sociétés traditionnelles par le lien
qui unit l’individu à l’Etat. L’individualisme ne peut que dégénérer en une
somme d’indépendances inconciliables, et l’émergence d’un Etat totalisant est
dès lors incontournable pour faire fonctionner une société privée du lien social.
La négation de l’individu par cet Etat
omnipotent est donc une conséquence paradoxale de l’individualisme lui-même.
P.S : je n’ ai pas encore écouté Vanneste.