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Commentaire de maigre renard

sur Avec Clouscard


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Thucydide maigre renard 13 juillet 2013 22:15

C’est marrant, ce petit cénacle me donne l’impression de disciples évoquant la parole du prophète. Ils utilisent même un discours religieux : parousie etc... Quand on écoute Pagani, il donne parfois l’impression que hors du marxisme, point de salut... Je suis un peu méchant, j’ai quand même apprécié sa série de conférence sur Hegel :

 Hegel plage première partie

J’ai lu le capitalisme de la séduction, c’est un ouvrage un peu lourd à la lecture, pas autant que les bouquin de Žižek (un marxiste lacanien...) mais roboratif sur le fond.

Même si je ne suis pas d’accord sur tout notamment sa dialectique qui oppose le jazz (musique anticapitaliste par le swing) au rock (musique répétitive capitaliste de petits blancs qui copient les noirs), même si son schéma d’analyse n’est pas complètement faux.

 Un jazzman comme Armstrong jouait devant des parterres de blancs de la haute et à la fin de sa vie est devenu finalement un bourgeois franc-mac. Charlie Parker jouait avec des petits blancs Chet Baker, Stan Getz, on peut faire la même remarque pour Miles Davis. George Gershwin a composé certains des plus grands standard de Jazz et il n’était pas vraiment noir... Chez les rockeurs qui faisaient la promotion du capitalisme via leur musique aux rythmes répétitifs on avait des types comme Chuck Berry et Little Richard qui me donnaient pas l’impression de mimer les petits blancs...

 On a quand même des groupes de rock qui pourrait correspondre à sa vision du jazz : les Doors, Jefferson airplane, des petits blancs comme Tim Buckley, Neil Young, on pourrait même citer les petites blancs prolétaires de Joy Division qui grâce à leur rythmique binaire exprime l’aliénation de la société moderne et quelque part arrivent à la subvertir et la dépasser (et dépasser les petites cases de Clouscard)... Je pourrais continuer : un des pères du rock est Muddy Waters (pas très blanc comme rocker...).

 Il met le Reggae dans la même case que le rock, il suffit de de pencher sur la vie de Bob Marley pour voir qu’il était autre chose qu’un Hippie noir fumeur de joint qui faisait de la musique binaire pour petits blancs... Quand on écoute bien Bob Marley son discours a la radicalité d’un Kémi Séba et prônait également un retour en Afrique des descendants d’esclave. Le vrai Reggae est une musique identitaire (je sais ce mot ne plaît pas à tous:p) caribéenne... Bon je sais pas si je suis clair mdr... Sa grille de lecture est parfois trop binaire (comme le rock ;p). C’est peut être un travers du marxisme.

De plus le jazz est surtout écouté en Europe par des petits bourgeois maniérés comme Nabe, les classes laborieuses écoutaient le rock qu’il critique(ou ses erzatzs) et aujourd’hui surtout du rap et de la techno qui sont le summum de l’infâme et de l’escroquerie dans le genre de la musique binaire. On pourrait presque dire que le rock des années 50 est une musique de classe récupérée par le capital ():0)

Je pense plutôt que le capital récupère en premier lieu la musique qui plaît à la jeunesse. Même les jazzmens cherchaient la notoriété et donc à vendre des disques. Aucun d’entre-eux n’avait le désir de finir clodo héroïnomane. C’est d’une banalité affligeante, comparé à la pensée de Couscard, j’espère que les disciples m’excuseront... ():0)


Je pinaille ce passage du « capitalisme de la séduction » est très beau :

Pour swinguer, il faut être Noir, D’accord. Presque d’accord, car pas mal de musiciens Blancs swinguent, aussi. Et ces nombreux cas d’espèce suffisent à infirmer la thèse substantialiste : le swing n’est pas un fait de race. Si des blancs swinguent, c’est qu’ils participent de l’intérieur, à la réalité historique de la culture noire. Et non en usagers.

Il faut avoir été esclave. Mais encore et surtout américain. Il faut les trois qualités, articulées en un ensemble dialectique et historique : être un Noir qui devient un esclave qui devient américain. Le Noir est le support et le véhicule de cette culture. Au résultat, « l’essence » du noir : le swing. Non pas comme permanence et résurgence d’une qualité naturelle, mais comme nature devenue, culturelle. Fait historique. Alors que l’idéologie veut en faire la contre-histoire (l’antéprédicatif).

Cette culture du jazz est d’abord un fait de migration. Et non un lieu fixe et étymologique. Migration qui est le plus monstrueux déplacement de population de l’histoire. Le swing est la microtemporalité qui rend compte de cette macro spatio-temporalité. En une ellipse, toute une histoire. En un raccourci temporel, tout un espace.


Le passage où il explique la récupération de l’écologisme par le capitalisme est intéressant et prophétique. L’écologie est un humanisme qui sert à cacher l’idéologie du capitale. J’ai pas le courage de le copier. Désolé. Lisez-ce livre.



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