C’est marrant, ce petit cénacle me donne l’impression
de disciples évoquant la parole du prophète. Ils utilisent même un
discours religieux : parousie etc... Quand on écoute Pagani, il
donne parfois l’impression que hors du marxisme, point de salut... Je
suis un peu méchant, j’ai quand même apprécié sa série de
conférence sur Hegel :
Hegel plage première partie
J’ai lu le capitalisme de la séduction,
c’est un ouvrage un peu lourd à la lecture, pas autant que les
bouquin de Žižek (un marxiste lacanien...) mais roboratif sur le
fond.
Même si je ne suis pas d’accord sur tout notamment sa
dialectique qui oppose le jazz (musique anticapitaliste par le swing) au
rock (musique répétitive capitaliste de petits blancs qui copient
les noirs), même si son schéma d’analyse n’est pas complètement
faux.
Un jazzman comme Armstrong jouait devant des parterres de
blancs de la haute et à la fin de sa vie est devenu finalement un
bourgeois franc-mac. Charlie Parker jouait avec des petits blancs
Chet Baker, Stan Getz, on peut faire la même remarque pour Miles
Davis. George Gershwin a composé certains des plus grands standard
de Jazz et il n’était pas vraiment noir... Chez les rockeurs qui
faisaient la promotion du capitalisme via leur musique aux rythmes
répétitifs on avait des types comme Chuck Berry et Little Richard
qui me donnaient pas l’impression de mimer les petits blancs...
On a
quand même des groupes de rock qui pourrait correspondre à sa
vision du jazz : les Doors, Jefferson airplane, des petits
blancs comme Tim Buckley, Neil Young, on pourrait même citer les
petites blancs prolétaires de Joy Division qui grâce à leur
rythmique binaire exprime l’aliénation de la société moderne et
quelque part arrivent à la subvertir et la dépasser (et dépasser
les petites cases de Clouscard)... Je pourrais continuer : un
des pères du rock est Muddy Waters (pas très blanc comme
rocker...).
Il met le Reggae dans la même case que le rock, il
suffit de de pencher sur la vie de Bob Marley pour voir qu’il était
autre chose qu’un Hippie noir fumeur de joint qui faisait de la
musique binaire pour petits blancs... Quand on écoute bien Bob
Marley son discours a la radicalité d’un Kémi Séba et prônait
également un retour en Afrique des descendants d’esclave. Le vrai
Reggae est une musique identitaire (je sais ce mot ne plaît pas à
tous:p) caribéenne... Bon je sais pas si je suis clair mdr... Sa
grille de lecture est parfois trop binaire (comme le rock ;p). C’est peut
être un travers du marxisme.
De plus le jazz est surtout écouté
en Europe par des petits bourgeois maniérés comme Nabe, les
classes laborieuses écoutaient le rock qu’il critique(ou ses
erzatzs) et aujourd’hui surtout du rap et de la techno qui sont le
summum de l’infâme et de l’escroquerie dans le genre de la musique binaire. On
pourrait presque dire que le rock des années 50 est une musique de
classe récupérée par le capital ():0)
Je pense plutôt que le capital
récupère en premier lieu la musique qui plaît à la jeunesse. Même
les jazzmens cherchaient la notoriété et donc à vendre des
disques. Aucun d’entre-eux n’avait le désir de finir clodo héroïnomane. C’est d’une banalité affligeante, comparé à la pensée de
Couscard, j’espère que les disciples m’excuseront... ():0)
Je pinaille ce passage du « capitalisme
de la séduction » est très beau :
Pour swinguer, il faut être Noir,
D’accord. Presque d’accord, car pas mal de musiciens Blancs
swinguent, aussi. Et ces nombreux cas d’espèce suffisent à infirmer
la thèse substantialiste : le swing n’est pas un fait de race.
Si des blancs swinguent, c’est qu’ils participent de l’intérieur,
à la réalité historique de la culture noire. Et non en usagers.
Il faut avoir été esclave. Mais
encore et surtout américain. Il faut les trois qualités, articulées
en un ensemble dialectique et historique : être un Noir qui
devient un esclave qui devient américain. Le Noir est le support et
le véhicule de cette culture. Au résultat, « l’essence »
du noir : le swing. Non pas comme permanence et résurgence
d’une qualité naturelle, mais comme nature devenue, culturelle. Fait
historique. Alors que l’idéologie veut en faire la contre-histoire
(l’antéprédicatif).
Cette culture du jazz est d’abord un
fait de migration. Et non un lieu fixe et étymologique. Migration
qui est le plus monstrueux déplacement de population de l’histoire.
Le swing est la microtemporalité qui rend compte de cette macro
spatio-temporalité. En une ellipse, toute une histoire. En un
raccourci temporel, tout un espace.
Le passage où il explique la récupération de l’écologisme par le capitalisme est intéressant et prophétique. L’écologie est un humanisme qui sert à cacher l’idéologie du capitale. J’ai pas le courage de le copier. Désolé. Lisez-ce livre.